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Billet de blog 21 avr. 2022

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Le néant, c'est la prétention d'une politique nationale

Le néant du débat présidentiel ne tient pas tant à sa forme, qu'au fait qu'il s'inscrive dans le décor fantomatique d'une politique nationale qui n'existe plus.

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Le gouvernement Macron vient de se faire signifier que son application de la PAC ne satisfait pas aux exigences écologiques européennes (ce pour quoi il a beau jeu de déclarer vouloir subitement verdir sa politique, contraint qu'il y est)... Cela pourrait paraître anecdotique, mais cela dit bien que plus un domaine n'échappe à l'application d'une politique globale européenne. Et, précisément, à quoi s'attache donc Mme Le Pen avec ses mesures phares en matière d'immigration ? A l'un des rares domaines où la souveraineté nationale serait préservée. Pour le reste, il lui a été maintes fois opposé que, si ce n'est nos institutions, ce sont celles de l'Europe qui contrecarreraient ses visées.
Par le biais de l'euro communautaire, sorti renforcé de l'épreuve COVID et des initiatives de la banque centrale, tout ce qui pourrait sembler du domaine national ne l'est plus: réforme des retraites, services publics, politique agricole, instances judiciaires... se trouvent sous la menace soit d'un déficit excessif, soit de pénalités pour non respect des principes européens (d'ailleurs, pas toujours clairement énoncés).
On argumenterait à tort que ces contraintes ne font que refléter l'orientation droitière d'une majorité de gouvernements européens, qui dicteraient à la communauté sa propre orientation. C'est oublier que les traités eux-mêmes l'y contraignent, à commencer par le dogme d'une concurrence libre et non faussée, mettant par exemple à mal les services publics.
Dans un tel contexte, les candidats, faute de débats poussés sur les véritables enjeux de politiques novatrices, ne pouvaient que nous servir le petit catalogue des mesures électorales, et M. Macron avait beau jeu de pointer les contradictions de Mme Le Pen, incapable d'expliciter l'articulation entre ses propositions radicales et une nécessaire réforme des mécanismes européens. Il n'a pu, cependant, argumenter autour des régimes européens illibéraux semblables à celui que représenterait l'accession au pouvoir de Mme Le Pen: cela aurait nécessité d'entrer dans le débat scabreux des traités européens et de leur application, et au final peut-être légitimité certaines des prétentions de la candidate.
En juin, nous remettrons donc le couvert: M. Mélenchon aspirera à devenir un premier ministre incapable d'obtenir les réformes institutionnelles qu'il avait compris indispensables à l'application de son programme, M. Macron tentera de limiter la chute des suffrages pour barrer les éventuelles motions de censure du parlement, seules susceptibles de contrecarrer les quelques réformes majeures qui lui restent à faire, et l'Europe surveillera le tout, prête à fermer le robinet Euro dont elle détient le monopole.
Ce qui nous guette donc à présent, ce sont des déchirements sur fond d'institutions nationales obsolètes, sous la contrainte des institutions européennes.

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