Après Mehran Tamadon, Jafar Panahi, cinéaste iranien bien connu sort un film, cette année, dans la clandestinité, en Iran, intitulé Taxi Téhéran. Après avoir été condamné, et interdit de tourner en Iran, pendant de nombreuses années, Jafar Panahi, choisit de contourner cet interdit, et s'improvise, en tant que comédien, chauffeur de taxi, dans les rues de Téhéran, filmé par une caméra installée sur le devant de son véhicule. L'auteur du "Cercle" et de "Hors Jeu", et décrit comme le chantre de la Nouvelle Vague iranienne, s'ingénie à filmer des iraniens qu'il prend comme passagers, et qui jouent leur propre rôle,et il évoque, à travers les conversations et les échanges de ceux ci avec le conducteur, lors de leur trajet, les sujets de société qui rythment la vie iranienne entre répression et contournement des interdits.
Le film prend le ton assez réaliste de la conversation banale et quotidienne. Tour à tour, le cinéaste met en scène un commerçant et une institutrice qui se disputent sur la peine de mort et la répression des petits délits,au pays de la charia, un vendeur de DVD, et un étudiant de cinéma, qui échangent sur la qualité des films, dans le monde et en Iran, deux femmes bigottes, qui veulent être à l'heure pour leur rendez vous mystique,une jeune écolière, la nièce du réalisateur, qui cherche un sujet licite pour réaliser un petit film scolaire, sans choquer la morale islamique en vigueur, et une avocate très connue, Nasrin Sotoudeh, travaillant clandestinement, et défendant des grévistes de la faim, malgré l'interdiction qui lui a été faîte par les autorités du pays, d'exercer son métier, et ce, avec la complicité, semble-t-il, de l'ordre des avocats. Tout comme, Jafar Panahi, qui bénéficierait, de l'accord tacite de l'Union des cinéastes iraniens, pour pouvoir filmer secrètement. L'exercice réalisé par Panahi semble quelque peu laborieux, entre contournement semi clandestin des interdits et sourire complice des protagonistes. Et Jafar Panahi, sorte de "faux travailleur social" des rues de Téhéran dira, lucide, à l'un de ses contradicteurs, usager de son taxi de fortune, qui lui demande conseil pour tourner un bon film: "les bons romans et les bons films ont déjà été écrit", je ne fais que passer.... L'art du leurre et du faux semblant reste la principale trouvaille du film, malgré les conditions précaires de tournage.: le chauffeur de taxi, Jafar Panahi, transportant ces vrai faux passagers qu'il connait, pour la plupart, réussit à sauver la carte mémoire de son film, lorsque des bassidjis, surgissent à la fin du film, et ce, alors qu'il vient de s'absenter, pour détruire sa caméra, en tentant d'en extraire le film interdit....
La promenade récréative est terminée.....