On peut penser ce que l’on veut du bac ; qu’il demeure un rituel indispensable ou, au contraire, qu’il n’est plus qu’un office désuet et inutile. Mais Luc Chatel, quant à lui, a tranché. Le bac n’est ni un bien ni un mal, il est simplement devenu impossible. Les 3000 copies de philosophie, des académies de Paris, Créteil, Versailles, qui restent sans correcteurs, doivent en témoigner.
Rendre le bac impossible pour ne pas avoir à le supprimer, pour ne même pas avoir à en penser quelque chose ; dissoudre, en somme, la question pédagogique ou éducative dans le sombre jeu de quelques lignes budgétaires.
Certes, on dira qu’il ne s’agit que d’un simple dysfonctionnement, d’un raté, d’un faux pas, mais c’est alors au sens ou un acte manqué s’avère aussi être un acte réussi. En attendant la dénégation ministérielle, on en appelle tout de même au dévouement des professeurs de philosophie, à leur abnégation.
Ci-dessous la réaction d’un syndicat Sud-Education :
Communiqué de presse :
3000 copies de l’épreuve de philosophie du baccalauréat se retrouvent sans correcteurs pour les prendre en charge, alors qu’a été mobilisé l’ensemble des professeurs de philosophie, qu’ils enseignent dans le public ou le privé, qu’ils soient titulaires ou contractuels, stagiaires ou professeurs en classes préparatoires.
Pour expliquer cette situation Vincent Goudet, président du Service interacadémique des examens et concours (SIEC) à Arcueil, invoque de manière misérable et indigne, lors d’une intervention sur France Info, le grand nombre de correcteurs malades. Il n’entrevoit, par ailleurs, pas d’autres remèdes que de faire appel au dévouement de professeurs déjà surchargés de copies et contraints par des délais de corrections trop courts.
En réalité, cette situation, parfaitement prévisible, est la conséquence inévitable d’une politique de réduction des postes dans l’éducation nationale, et de désorganisation de ses services administratifs. Il manque sur l’ensemble des trois académies de la région parisienne (Paris, Créteil, Versailles) plus d’une cinquantaine de postes de professeurs de philosophie — soit davantage que le nombre de postes mis au concours de l’agrégation pour toute la France en 2011— alors que le nombre des candidats au baccalauréat est en augmentation constante. Cette situation sera, par ailleurs, aggravée par la mise en place de la réforme des lycées, qui en supprimant des heures de dédoublement dans des classes de philosophie, contribuera à réduire encore davantage le nombre de correcteurs potentiels.
SUD-Education soutient par conséquent sans réserve les professeurs de philosophie qui refuseront d’assumer toute charge de travail supplémentaire et appelle tous les personnels à se mobiliser, dès la rentrée de septembre, pour combattre une politique éducative qui est la seule responsable des graves dysfonctionnements que nous constatons aujourd’hui.
Paris, le 20 juin 2011.
Sud-Education 92