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Billet de blog 12 août 2022

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S.O.S Racisme cible les plages "privées"

Les plages concédées sont injustes et discriminantes par nature puisqu'il s'agit de la privatisation d'un bien public pour un profit privé. S.O.S Racisme les suspecte de pratiques racistes et procède à une enquête dans six d'entre elles. Le résultat n'étonne personne....sauf les plagistes, en apparence!

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Les plages privées, racistes?

L'association S.O.S Racisme a testé des plages "concédées" avec trois couples testeurs: magrébins, dans le premier; noirs dans le second; blancs dans le troisième se succédant à l'entrée de plages privées. Le résultat ne vous étonnera pas: le couple blanc est très rarement refusé, ce qui n'est pas le cas des deux autres.

L'intérêt de cette enquête in situ n'est pas la révélation du racisme existant. Il y a belle lurette que ces plages privées emploient des blacks dans leurs cuisines, des magrébines pour faire le ménage le soir et des "barbies" comme hôtesses d'accueil qui ont des instructions claires et racistes au sens large pour filtrer les clients.

Jusqu'à cet été 2022, ma copine n'avait jamais réussi à obtenir un "transat" au bord des flots à la plage de Passable à Saint Jean Cap Ferrat, laquelle est administrée par la fille du maire. Tous les étés une réponse identique, un vrai mantra, même en arrivant à 8 heures: "Les deux premières rangées sont louées à nos clients russes; ils paient au mois". Il en est des transats comme des tables conditionnées à vos références extérieures (yachts, voitures, fréquences) et à la gratification versée au plagiste. C'est ainsi que fonctionnent ces plages au grand déplaisir du citoyen local qui paie ses impôts locaux, obligé de se serrer sur des plages publiques amputées et bondées pendant la période estivale et se trouve confronté dès la saison touristique close, vers le 25 septembre, à des plages abandonnées, sans douche, avec des toilettes aux portes cloutées. Voyez les photos de la plage de La Paloma et de la plage d'Eze pour vous permettre de mesurer le mépris dont fait l'objet du 1er octobre au 20 juin l'habitant. Quant à la plage privée de Passable qui, entorse à la législation, couvre plus de 50% de la superficie, le sable est enlevé et gardé dans un silo, afin que l'habitant ne trouve que pierres et rocaille au delà de la saison touristique. A Villefranche sur mer, la plage privée avec voiturier s'il vous plait, couvre la première partie de la plage, la plus proche de la ville, la seule ayant une texture fine. L'autre partie, beaucoup plus étroite, est en galets.

Donc oui, les plages privées sont par nature discriminantes. Un bien public vous a été ôté pour être privatisé. Et sa gestion est souvent transmise de père en fils! Un pays comme le Brésil qui possède des milliers de kilomètres de sable blanc les a interdites. Vous pouvez payer 800 euros la nuit dans les hôtels de Copacabana ou d' Ipanema à Rio de Janeiro, mais dès l'instant où vous allez à la plage vous serez avec M. tout le monde. La plage est publique. Elle est constitutionnellement publique! On ne trouve aucune plage de statut privé ou concédé au Brésil. Et la France se targue par rapport au Brésil d'être le pays des égalités.

Alors quel est l'intérêt de cette enquête de S.O.S. Racisme?

Il réside dans les réponses apportées par les plagistes pour se défendre d'être racistes. Un tissu de dénégations qui ne vont jamais au coeur du problème mais essaient de l'ignorer, de l'éviter tant il est indéniable, en présentant des arguments soit sans rapports soit choquants. C'est de ces réponses que l'on mesure l'étendue de la discrimination et du racisme social.

Je prends comme référence les réponses citées dans le quotidien Nice Matin en date du 12 août de plagistes de Juan Les Pins, d'Antibes et de Cannes:

-"Je vois mal un établissement avoir une conduite raciste. On travaille avec des étrangers, il ne faut pas l'oublier"

-"On fait des réservations. Parfois, un groupe réserve des transats pour le mois, mais on ne sait pas à quelle heure ils vont arriver... Pour un regard extérieur, ce sont des transats inoccupés"

-"Quand on est presque complets, on regarde qui nous rapportera le plus d'argent. Ce n'est pas du racisme, c'est du business. Cela peut se comprendre"

-"Ce n'est pas du racisme racial, c'est du racisme fiscal"

-"Ils ne sont pas habillés de la même façon. La femme du couple blanc est en robe longue avec un sac de marque. Ce n'est pas forcément le cas des deux autres par exemple"

-"On peut avoir des désistements de dernière minute qui libèrent une place"

-On est une des rares plages à accepter les enfants"

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