Paul Isambert

Abonné·e de Mediapart

23 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 septembre 2024

Paul Isambert

Abonné·e de Mediapart

Sur un plateau

Paul Isambert

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À la droite du présentateur qui tient le haut de la table en U renversé, la directrice d’institut économique énonce les raisons qui permettraient de relancer l’emploi tout en diffusant aux autres invités et au présentateur des phéromones qui excitent leurs glandes jamais endormies, bien qu’elle ne soit certainement pas un canon de beauté et qu’elle ait même un visage qui fond un peu comme de la bougie, peut-être à cause d’une chirurgie ratée, les coins de la bouche tombant, ce qui ne l’empêche pas d’avoir toujours l’air contente d’elle-même. Il n’empêche qu’avec une petite quarantaine et des jambes plutôt galbées elle fait figure de jeune première séduisante auprès de l’expert en sondages (à sa droite), de l’éditorialiste (en face), de l’économiste (à gauche de l’éditorialiste) et du présentateur (à sa gauche), lesquels cumulent divers carences érotiques telles que l’âge, le surpoids, ou l’air généralement baveux. L’économiste, d’ailleurs, malgré une coupe de cheveux qui n’est pas sans rappeler parfois celle d’Elvis Presley, a régulièrement au coin des lèvres des empâtements de bave qu’il doit se souvenir de lécher de temps en temps, ce qui, ajouté à son obésité, le place clairement dernier dans la compétition. L’éditorialiste, la calvitie entourée d’une couronne de cheveux gris, a une espèce de sourire permanent dont on se rend compte que c’est en fait la forme naturelle de sa bouche, ce qui lui donne un air bonhomme et niais. L’expert en sondages est tellement timide qu’il en devient inexistant, et si la directrice d’institut économique était forcée de choisir, elle se rabattrait sur le présentateur, malgré sa calvitie recouverte de vagues cheveux et son embonpoint. Mais à vrai dire, la directrice d’institut économique se taperait bien plutôt l’un des cameramans.

Il faut baisser les charges, faciliter les licenciements, etc., tous les invités l’ont bien compris. D’ailleurs, c’est ce qu’ils répètent ici régulièrement, dans diverses configurations, parfois avec une journaliste politique décrépite, ou un ancien conseiller de la cour des comptes, ou un éditorialiste d’un autre journal, ou parfois même dans la configuration présente, qui ne se produit pas pour la première fois. On laisse néanmoins la directrice d’institut économique dérouler son argumentaire, que le présentateur a sollicité en levant les yeux comme s’il cherchait ses mots pour produire une interro-négative qui fait de lui un peu le représentant du peuple qui ne comprend pas forcément tout. « Les français », comme chacun répète ici, ce à quoi la directrice d’institut économique répond donc, avec son petit sourire satisfait, que « les français ont bien compris », comme les invités de l’émission, donc, et on se demande pourquoi ça n’avance pas, vu qu’on répète ici tous les jours que les français répètent que, de sorte que le présentateur est bien obligé de pivoter sur sa chaise, les yeux au ciel en faisant mine de chercher ses mots, et de poser la question à l’éditorialiste qui l’écoute avec son sourire permanent et qui commence sa réponse par « Ah, mais on sait bien que les français » et conclut avec « c’est nécessaire », suite à quoi le présentateur pivote à nouveau, cette fois-ci vers l’expert en sondages : « On a le sentiment que les français », pendant que l’économiste, apparemment, pique un somme.

Ça n’est qu’une apparence, vraisemblablement, parce que l’économiste prend la parole immédiatement après l’expert en sondages, sans intervention du présentateur, pour rappeler qu’on ne peut pas ignorer les cycles économiques, ce avec quoi tout le monde est à peu près d’accord, provoquant de la part de la directrice d’institut économique une nouvelle sortie sur « les contraintes structurelles » du « modèle français » qui sont un « frein à l’emploi », et de déboutonner un peu son chemisier.

Ah, mais le présentateur a un blanc. Les bras largement étendus, les mains sur la table, supportant ainsi son corps incliné vers l’avant, et la tête tournée vers la directrice d’institut économique, la regardant un peu par en dessous, il reste silencieux, et le plateau aussi, ayant besoin d’une question pour redémarrer. Après quelques secondes, le présentateur, qui reste un professionnel, se redresse, croise les bras puis en libère un pour se tapoter le menton avec son stylo, cherche ses mots en regardant le plafond, et produit une question à l’intention de l’expert en sondages qui, quand il revient à l’écran, a le regard clairement dirigé vers sa gauche, baissé un peu en biais, l’air surpris, la bouche entrouverte. Il bafouille, se reprend, redresse la tête, et explique, pendant qu’une vue de l’éditorialiste et de l’économiste les montre avec la même expression, le regard pointant dans la même direction. On revient sur la directrice d’institut économique, dont le chemisier laisse voir le haut des seins, visiblement gonflés par le soutien-gorge, et le présentateur finit par intervenir : « Je crois que vous avez donné chaud à tous vos collègues », et effectivement l’économiste est en train de desserrer sa cravate pendant que la directrice d’institut économique répond « c’est qu’il fait chaud », toujours avec le même sourire, qu’on commence à trouver un peu aguicheur. La directrice d’institut économique n’a toujours pas le physique d’une actrice, mais enfin, la délicate rondeur de sa poitrine, dans cet espace où on ne s’y attendait pas, semble émouvoir plus que de raison tous les hommes autour de la table, surtout qu’ils la comparent sans doute intérieurement à leurs épouses respectives, ce qui n’est pas à l’avantage de ces dernières : l’éditorialiste est marié à une grande échassière sans la moindre sensualité, l’économiste vit avec une femme qui pourrait être sa sœur jumelle, l’expert en sondages est divorcé depuis dix ans et ne fréquente plus que des prostituées une ou deux fois par an, tandis que le présentateur a beau tromper régulièrement son épouse quelconque avec tout un tas de femmes plus ou moins attirantes, il n’est jamais vraiment rassasié et n’a jamais pu résister à la moindre invitation, ce qu’il explore depuis dix ans sur le divan, surtout depuis qu’on lui a fait officiellement et judiciairement remarquer qu’il y a invitation et invitation. On peut donc être à peu près certain que tous ont une érection, ou un début d’érection, ou n’importe quelle sensation intérieure qui aura remplacé chez eux l’érection, et d’ailleurs l’économiste n’a plus qu’une seule main sur la table, n’ayant sans doute pas conscience que ladite table n’est qu’une surface transparente sans épaisseur et qu’une caméra en contre-plongée du plateau montre régulièrement un plan d’ensemble des invités, des pieds à la tête. Effectivement, la main droite de l’économiste repose entre ses cuisses, mais il est pour l’instant impossible de savoir ce qu’elle fait là.

« Question SMS », lance le présentateur pour raviver la discussion, « Est-ce que le gouvernement ne devrait pas », pendant que la directrice d’institut économique retire sa petite veste et s’appuie sur les coudes, penchée en avant de sorte que ses lourdes mamelles se gonflent. « Euh », dit le présentateur, « est-ce que le gouvernement ne devrait pas, mais vous nous cherchez ? » dit-il à la directrice d’institut économique qui se tourne vers lui, l’air surprise : « Je cherche quoi ? – Vous cherchez », commence le présentateur, qui se reprend et se tourne vers l’éditorialiste : « Est-ce que le gouvernement ne devrait-il pas ? » mais l’éditorialiste ne peut plus que regarder devant lui, la bouche ouverte, pensant sans doute à sa femme qui lui tombera dessus quand elle verra ces images (en direct, ou relayée par le buzz des réseaux sociaux, il n’y coupera pas), mais qu’est-ce que j’y peux si ma femme ne me fait pas bander, et tant qu’à faire, grillé pour grillé, tandis que l’épaule de l’économiste, qu’on aperçoit en bord de champ, s’agite frénétiquement. « Vous faites quoi, ce soir ? » demande l’éditorialiste à la directrice d’institut économique avant de se raviser : « non, maintenant ? » La directrice d’institut économique sourit de toutes ses dents en se redressant, quand la main de l’expert en sondages entre soudainement dans le champ, ignorée de la directrice d’institut économique qui garde son regard fier fixé sur l’éditorialiste, et agrippe le sein droit de la directrice d’institut économique, qui se dégage en poussant un cri dont on peut comprendre « Non mais ça va pas ho ? – Désolé », répond l’expert en sondages qui se recroqueville, tête baissée, comme un enfant pris en faute. « Faut dire », intervient le présentateur, « je vous avais prévenue, vous cherchez », il tend la main droite et la pose sur celle de la directrice d’institut économique : « Vous ne voulez pas vous rhabiller ? – Ah parce que ? » s’indigne la directrice d’institut économique, qui déboutonne complètement son chemisier et le retire, avant de pivoter vers l’expert en sondages, la poitrine fièrement dressée : « C’est ça que tu voulais ? » mais l’expert reste refermé sur lui-même, tandis qu’une voix, venue d’une source non identifiée, mais c’est sans doute l’économiste, rend les armes : « Aaaaaaarglll... »

Un plan d’ensemble bienvenu permet d’évaluer la situation : à gauche, l’expert en sondages, recroquevillé, la tête baissée, les épaules légèrement haussées, les mains jointes, puis la directrice d’institut économique, tournée vers lui, un bras sur la table, la poitrine en l’air, le visage comme un masque de cire ; au centre, de face, à nouveau appuyé sur ses bras étendus, le présentateur jette des regards par en dessous à chaque invité, sans savoir sur qui s’arrêter, écoutant sans doute les instructions qu’on lui donne dans l’oreillette ; à droite, l’éditorialiste, dont le sourire permanent s’est seulement ouvert sous l’effet de la surprise, regardant toujours fixement devant lui, et enfin l’économiste, comme un reflet de l’expert en sondages, mais moins crispé, plus avachi, peut-être dort-il.

Soudain un hurlement : « Regarde-moi, connard ! » se lâche la directrice d’institut économique en frappant du plat de la main l’occiput de l’expert en sondages. Le présentateur tend la main droite dans une velléité d’intervention, la directrice d’institut économique recommence, la main du présentateur sursaute et recule de quelques centimètres, tandis que l’éditorialiste et l’économiste gardent leur position. Un long silence immobile, puis la directrice d’institut économique dégrafe carrément son soutien-gorge, « ah mais » ou quelque chose du genre, et ses seins tombent lourdement, encore joliment formés, il faut bien avouer. Le présentateur s’est reculé soudainement, tandis que la bouche de l’éditorialiste, dont l’ouverture augmentait progressivement, se retrouve soudain béante, et que l’économiste tombe la tête la première contre la table, sans doute véritablement endormi, et se redresse en sursaut, réveillé, désorienté, aperçoit les seins dénudés et se rendort avec un soupir. Encore un silence, dans lequel s’insère un plan, peut-être malencontreux, sur la poitrine de la directrice d’institut économique, permettant au spectateur de détailler les larges auréoles sombres de ses tétons et de s’interroger sur les vertus de l’optimisation fiscale. Car il faut bien l’avouer, les seins de la directrice d’institut économique ont peut-être été redressés. Les sourcils froncés de l’éditorialiste indiquent sans doute qu’il y réfléchit sérieusement.

Le présentateur fait montre de professionnalisme : « Si vous voulez bien, on va reprendre. – C’est ça », répond la directrice d’institut économique en prenant un air sérieux et en posant les deux coudes sur la table, si bien qu’elle n’offre plus à l’éditorialiste qu’une vue plongeante sur sa poitrine, ce qui rend l’évaluation plus délicate. « Est-ce que le gouvernement ne devrait pas », commence le présentateur, pendant que l’économiste se réveille, descend avec difficulté de sa chaise, et commence à se déshabiller : il retire sa veste qu’il accroche au dossier, desserre sa cravate et se la passe par-dessus la tête, déboutonne sa chemise, laissant apparaître un marcel, décroche ses boutons de manchette, retire sa chemise, attaque ses chaussures. Le présentateur signale que « on va sans doute continuer sans » et repose sa question à l’éditorialiste, dont la bouche se ferme avant de se mettre à articuler, le regard toujours dirigé sur la directrice d’institut économique : « Bien sûr que le gouvernement devrait, et le président sait que, et d’ailleurs les français attendent », mais la directrice d’institut économique se redresse, le buste droit, et le défie de ses tétons dressés : « Oui les français attendent, mais il y a aussi des pans entiers de la population qui sont bloqués dans l’archaïsme, qui n’ont pas pris le train de l’Europe », ce qui offre une transition au présentateur : « Mais justement, l’Europe, est-ce qu’on n’a pas manqué de pédagogie quand » quand l’expert en sondage se déplie soudainement et se jette sur la directrice d’institut économique, qu’il fait tomber au sol en la chevauchant, et il semble bien qu’il lui pelote les seins en essayant de l’embrasser dans le cou. Le présentateur reste figé, regardant la scène à ses pieds, le buste un peu en retrait, tandis que l’éditorialiste se tord d’un côté puis de l’autre pour essayer d’apercevoir ce qu’il se passe en contournant du regard la masse du présentateur. Pendant ce temps, l’économiste plie son pantalon et le pose sur sa chaise ; il n’est plus vêtu que de son marcel, de son caleçon et de ses chaussettes, qu’il se penche pour retirer.

Deux techniciens en noir interviennent pour essayer de libérer la directrice d’institut économique en attrapant l’expert en sondages par les aisselles, et quand ils finissent par le décrocher il a la bouche pleine de sang, et on peut supposer que la directrice d’institut économique a su se défendre, jusqu’à ce qu’on aperçoive une oreille qui sort d’entre les dents de l’expert en sondages, ce qui explique sans doute les hurlements de la directrice d’institut économique qui se redresse précipitamment, la main droite collée au côté du visage. Les techniciens emmènent l’expert en sondages hors plateau, poursuivis par l’éditorialiste soudainement pris de frénésie. Le présentateur, descendu de sa chaise, s’approche de la directrice d’institut économique, lui demande si ça va en lui posant une main sur l’épaule et l’autre sur le bras, mais assez près du sein, il faut bien avouer. L’économiste, complètement nu, le sexe en érection mais rabattu par le poids de son ventre, contourne la table pour les rejoindre, se positionne derrière la directrice d’institut économique, se penche en avant et se redresse avec un vigoureux coup de bassin, envoyant son sexe, et surtout sans doute son ventre, dans les fesses de la directrice d’institut économique qui sursaute et crie si violemment et si haut que le présentateur est obligé de la gifler pour la calmer et de la gifler à nouveau quand elle hurle plus fort encore. « Mais calmez-vous », crie le présentateur, qui force la directrice d’institut économique à se mettre à genoux sous prétexte de l’apaiser, tandis qu’il reste debout et la plaque contre ses jambes, si bien que la directrice d’institut économique se retrouve la tête dans le pubis du présentateur, dont émerge ses cris étouffés. « Voilà, voilà », dit le présentateur, tandis que l’économiste cherche une nouvelle porte d’entrée. Il lève la tête vers le présentateur et constate : « Nous sommes deux sur la même offre, donc les prix grimpent. – Sauf si on crée une joint-venture », répond le présentateur. L’économiste sourit : « Je vois que vous m’avez écouté. » Le présentateur sourit en retour : « J’exploite la façade, vous exploitez l’arrière ? – Ça me va très bien », et l’économiste se met à genoux pour étudier comment retirer sa jupe à la directrice d’institut économique, quand l’éditorialiste revient en criant triomphalement « Je l’ai ! », le bras tendu, une oreille à la main. Son crâne brille de sueur et son œil droit a l’air gonflé. Il s’arrête d’un coup en apercevant la scène, le bras toujours en l’air, et il prend l’air choqué : « Mais enfin ? » L’économiste le regarde par-dessus son épaule : « Vous voulez vous joindre à nous ? » mais le présentateur s’exclame : « Mais ça va faire baisser nos marges ! » L’économiste le regarde d’un air bonhomme et lui rappelle qu’il reste un trou qu’ils ne peuvent de toute façon pas exploiter. Les jambes de la directrice d’institut économique battent frénétiquement mais se calment à intervalle régulier quand le présentateur donne un coup de poing sur la tête qu’il tient toujours contre lui, avant d’ajouter : « Oui, mais il n’y a que deux nichons. – Certes, mais le coût d’exploitation sera réparti entre nous trois. » Le présentateur réfléchit un instant, les yeux levés au ciel : « C’est vrai, d’autant que la ressource est difficile », avec un nouveau coup de poing sur la tête de la directrice d’institut économique, ce qui sort l’éditorialiste de sa torpeur. Il se jette sur le présentateur, baissant le poing qu’il tenait en l’air et qui arrive ainsi dans le visage du présentateur, avec suffisamment de force pour qu’il doive lâcher la directrice d’institut économique qui se débat de plus belle avant de se retrouver clouée au sol sous le poids de l’économiste qui s’allonge sur elle de tout son long. Portant la main à sa joue, le présentateur s’exclame « Mais vous êtes con ? – Elle est à moi ! » répond l’éditorialiste en hurlant et en menaçant le présentateur avec l’oreille qu’il tient à la main, quand l’économiste, dont la graisse nue est parcourue de vagues produites par les faibles coups de la directrice d’institut économique, lève la tête pour calmer le jeu : « Messieurs, messieurs… Soyons raisonnables. Nous pouvons faire confiance à la main invisible pour trouver la meilleure solution possible à cette situation. » Mais l’éditorialiste ne semble pas vouloir en démordre, et le présentateur adopte une garde de boxeur assez peu convaincante.

C’est alors que l’expert en sondage revient sur le plateau, du sang séché sur le menton et la chemise, en marmonnant « Je voudrais m’excuser. » Il cherche des yeux la directrice d’institut économique, qu’il finit par apercevoir sous l’économiste, va s’accroupir près de sa tête et dit doucement : « Je veux m’excuser, madame. Je suis bien désolé. J’ai été pris de folie. Pour me faire pardonner – » mais l’éditorialiste se jette sur lui, et le présentateur sur l’éditorialiste, si bien que tout le monde se retrouve au sol, la directrice d’institut économique sous l’économiste, qui tente de se protéger des coups de pieds désordonnés du présentateur sur l’éditorialiste sur l’expert en sondages : « Messieurs, allons… Le libre commerce permet d’éviter la violence et la guerre... » mais la pointe de la chaussure du présentateur lui arrive dans la tempe et il s’évanouit. La directrice d’institut économique pourrait en profiter pour se dégager, mais il semble qu’elle aussi ait perdu connaissance. Les trois autres finissent de s’agiter, et le présentateur se relève et marmonne en regardant le corps inanimé de l’éditorialiste : « J’y suis peut-être allé un peu fort. » L’expert en sondage gémit doucement en se tenant les côtes. Le présentateur sonde le corps de l’éditorialiste de la pointe de sa chaussure mais n’obtient aucune réaction. Il se tourne pour regarder l’économiste, qu’il finit par faire rouler du corps de la directrice d’institut économique, remarquant quelques taches blanches sur la jupe mais préférant se concentrer sur la poitrine, qu’il s’accroupit pour caresser doucement puis malaxer plus brutalement. Il se redresse, défait sa ceinture et fait descendre pantalon et caleçon à ses chevilles, se trouve gêné, dégage avec difficulté un pied encore chaussé, descend à califourchon sur le ventre de la directrice d’institut économique, et se remet à lui malaxer les seins de la main gauche en se masturbant de la droite.

« Question SMS », dit-il dans un râle, mais il jouit sur le visage de la directrice d’institut économique avant de pouvoir relayer l’interrogation des français. Sa tête tombe contre sa poitrine et il semble s’assoupir un moment, pendant lequel seul l’expert en sondages gémissant manifeste encore un peu de vie sur le plateau. Le présentateur se réveille d’un coup, se dégage de la directrice d’institut, remonte son caleçon et son pantalon, en équilibre sur une jambe, rentre sa chemise et boucle sa ceinture. Il regarde tour à tour les quatre corps à ses pieds, semble hésiter, s’accroupit près de l’expert en sondages : « Allez, mon gars – J’ai mal... » geint l’expert en sondages, mais le présentateur ne l’écoute pas et l’attrape par les aisselles : « Oui bah hein », en tentant de le redresser. L’expert en sondages grogne mais se lève et se dirige lentement, en se tenant les côtes, vers sa chaise, que le présentateur lui indique d’un doigt impérieux avant d’aller se pencher vers l’économiste qu’il ranime à coups de gifles. L’économiste se réveille en sursaut avec une exclamation interrogative, l’air de ne pas savoir où il se trouve. Il reprend finalement ses esprits, se relève et se dirige avec calme vers sa chaise, où il semble se demander s’il se rhabille ou pas. Le présentateur se penche sur la directrice d’institut économique, fronce les sourcils, préfère s’attaquer à l’éditorialiste, qu’il n’essaie même pas de réveiller, le traînant d’emblée par les pieds jusqu’à sa place, le hissant sur sa chaise avec beaucoup de difficulté et une détermination admirable, lui posant le haut du corps sur la table, se reculant, les bras écartés, prêt à le rattraper, pour s’assurer qu’il restera en place. Une fois satisfait, le présentateur retourne vers la directrice d’institut économique, se penche pour la gifler mais elle ne réagit que par des gémissements, la force néanmoins à se mettre debout et l’accompagne, chancelante, à sa chaise, où il l’aide à s’installer, lui entoure vaguement la poitrine du soutien-gorge et lui jette son chemisier sur les épaules. Il la lâche et la directrice d’institut économique tangue mais se tient quand même à peu près droite, les yeux clos, les mains jointes sur la table. Le présentateur se dirige vers sa place, se ravise, se retourne, regarde la directrice d’institut économique, sort un mouchoir de la poche de son pantalon et lui essuie rapidement le visage, puis retourne présider le plateau. L’économiste se tient droit sur sa chaise, finalement toujours nu, l’air satisfait. L’éditorialiste est affalé sur la table, à moitié sur sa chaise, peut-être mort. L’expert en sondages se tient les côtes, recroquevillé, les épaules prises de spasmes irréguliers. La directrice d’institut économique semble ivre, balançant d’avant en arrière, les yeux fermés, un léger sourire sur les lèvres, marmonnant des paroles inintelligibles. Le présentateur regarde la caméra qui lui fait face et annonce un reportage.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.