Marseille, 1er janvier 2013, sur la belle et toute nouvelle place du Vieux Port, 400,000 personnes se bousculent en plein vent pour dire qu’ils y étaient, car il y aura un avant et un après 2013, Marseille Capitale européenne de la culture. Dans une ville insoumise ou l’institution européenne est perçue comme une vampirisation de leur mode de vie, les marseillais sont bons joueurs, le Label européen a restauré la fierté de ses habitants et relancé la course aux grands projets. Sur ce champ là, les Marseillais craignent dégun !
15 jours avant le début des festivités de 2013, une délibération du conseil municipal est passée presque inaperçue, alors qu’elle propulse la ville Capitale vers un nouveau défi de devenir la Première capitale française Européenne du Sport en 2017, une provocation sans doute pour ceux qui n’ont pas toutes les clefs de l’histoire.
Le triptyque Tourisme, Culture, Sport et Bien être est d’une logique déconcertante dans une ville dont on arrête pas de dire qu’elle est sous surveillance de l’état, or elle sait très bien se prendre en mains quand elle est portée par des vents favorables, et ici le vent souffle fort, très fort ! Le sport à Marseille a le don d’exacerber les passions, l’OM surtout qui accapare 30 % des sujets quotidiens, alors l’idée a germé parmi quelques acteurs institutionnels dont l’université d’Aix/ Marseille, la Chambre de Commerce, la ville de Marseille et quelques autres de faire franchir à la ville un seuil impossible, ou le sport et le bien être forgeraient un marqueur indélébile de l’identité de la Ville. Cerclée par un espace naturel unique qui juxtaposent quelques Play grounds exceptionnels entre parois d’escalade aux pieds du massif des calanques jusqu’aux plans d’eaux de la grande bleue omniprésente, les scénarios pour mettre en musique les clubs, les pratiquants, les institutions, les structures de formation, et les entreprises de la filière, sont pléthores. Avec d’un côté une diversité et une jeunesse pressée de découdre des tensions économiques et sociales et de l’autre une population sénior pressée d’en profiter le plus longtemps possible, les fondamentaux sociologiques participent bien à cet objectif 2017 de réconcilier les extrêmes et de placer le Sport et le bien-être au cœur des intérêts de la ville
Tout se tient et c’est le risque ! Les acteurs économiques n’investiront que si la ville s’emploie à attirer des évènements sportifs de très hauts niveaux, or ces derniers ne peuvent se faire sans des structures et des équipements d’accueil aux standards internationaux. Rénover seulement le parc sportif de la Ville de Marseille demande un budget de 400 Millions d’euros, mais si un projet d’Aréna omnisport de 15 à 20,000 places voit le jour, ainsi qu’une nouvelle piscine olympique, on dépassera largement le demi milliard d’Euros. Comment une ville qui ne sait pas à quelle péréquation fiscale elle va être vouée dans les prochaines années, peut elle parier sur un projet aussi fou que nécessaire ? La réponse est dans la question: à l’instar du projet de Capitale de la culture en 2013, qui s’est bâtit sur les fondations du projet Euroméditerranée (projet national de rénovation urbaine de 9,5 milliards d’euros) soutenu par les fonds structurels Européens (soit dit en passant), le projet Marseille 2017 ouvre un nouveau chapitre de son histoire mais dans le prolongement de l’évènement 2013. Contrairement au projet Marseille 2013 qui parie sur la stimulation de l’offre culturelle pour élargir la demande, le modèle Marseille 2017, tentera de répondre prioritairement à une demande Sportive déjà existante. Dans les deux cas, le sésame européen est un levier politique et économique exceptionnel pour mobiliser les acteurs publics et privés.
Le monde de l’enseignement et de la recherche sera mis largement à contribution : 2ème capacité de recherche en France, l’université Aix/Marseille/ dispose d’une infrastructure et d’un environnement professionnel de renommée international. Lorsque Mme la ministre des sports viendra prochainement inaugurer à Marseille/ Luminy le 1er TECHNOSPORT en France, nul doute que cet investissement deviendra un des marqueurs du Projet 2017. Si nous réussissons à encapsuler chacune des composantes: Evènementiels, sport pour tous, sport extrême, sport santé, formation/ valorisation, dans un message lisible et clair au bénéfice du territoire métropolitain et de ses pratiquants, alors un réel saut qualitatif aura été franchi, et pour le coup, Marseille pourra viser le club fermé des 20 villes européennes les plus attractives.