Quand la Démocratie fait la tronche

Chères camarades, chers camarades,
Alors on se bouge ?
Me semble mou ce lycée depuis quelques années !
Des concertations par mini-groupes pour se rendre aux manifs de ces dernières semaines, et à part ça?
Merci aux personnels de cuisine, de ménage, de surveillance pour avoir rendu visible la contestation par leurs grèves sensibles.
Et les profs?
Ah oui mince, les profs... ici ou ailleurs les profs se mobilisent de moins en moins.
Vous comprenez, l'intérêt des élèves, toussa toussa... faut pas les pénaliser toussa toussa...
Oui bien sûr, personne d'entre nous ne veut pénaliser les ados dont on s'occupe toute l'année.
M'enfin ! A force de se culpabiliser sur "l'indécence" à faire grève, on maltraite les fonctionnaires en général, les profs en particulier, je vous dis pas les contractuels ! Et à force de maltraiter tout ce petit monde depuis 25 ans (gel récurrent du point d'indice, ooh la belle dernière augmentation en-deça de l'inflation, salaires amputés d'1/4 en 25 ans, faites le calcul! chapelet de réformes à la con pour assécher le cerveau des ados, etc...) par effet dominos l’État maltraite AUSSI LES JEUNES ! Vous avez vu dans quel état ils sont ?!
Depuis longtemps les profs se croient investis d'une mission divine, ils confondent métier d'éducation et croisade de Jésuites, alors ils se sont mis dans la position du missionnaire qui bosse et butine quasi gratos. Ce qui n'empêche nullement la réflexion, la saine curiosité, et la joie de nos enfants, de se casser la gueule.
Et puis bon vous le savez, la position du missionnaire a ses limites, il n'est pas toujours bien aisé de voir ce qui arrive par derrière...
Alors on se relève, on se rechausse, et on s'y met, "en marche", non?
Ne sont respectés que les gens qui veillent à l'être, disait mon grand-père chinois Tseu Lao.
D'autant qu'une grève ample sur un sujet aussi grave c'est très civique, si si, ce sont des travaux pratiques sur un énoncé du Bac genre "Quels sont les vrais pouvoirs du citoyen en sortie d'hibernation?"
Ah au fait, tout le monde a pigé que ce n'est pas simplement une question de retraites. Cette réforme en voie d'être loi est un suppositoire qui véhicule jusque dans nos tripes l'aggravation du modèle de société qui pourrit tout depuis deux cents ans : produire toujours plus, plus longtemps, à moins cher, au mépris de la vie des gens en les précarisant avant 25 ans et après 50. Et la planète qui n'en peut déjà plus, de ce modèle.
Fin du mois, fin de la vie, fin du monde, même combat.
Il faut de la foule, foule immense, jeudi et plus loin. Plus il y aura de monde, plus ce sera pacifique. Mode "révolution de velours" sauce tchécoslovaque 1989.
Sinon, après, même les pleurs seront interdits.
Dans l'attente,
Phil