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Billet de blog 15 juillet 2013

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Les fans de l’équité hurlent, la caravane publicitaire passe

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On a tôt fait, avec les sujets de l’Empire britannique, de basculer voluptueusement dans la caricature ; peut être que les odeurs de combustion de Jeanne d’Arc flottent-elles encore dans l’atmosphère ? Sur quel incident, la guerre de 100 ans peut-elle reprendre ? Un maillot jaune, un maillot jaune pour mon tour de France. Alors que les iles britanniques ne sont pourvues d’aucun sommet de plus de 1000 mètres puisque le Scafell Pike, culmine à 978 mètres, un sujet de Sa Majesté, Chritopher Froome, vient d’écraser la concurrence, en arrivant premier en haut du Mont Ventoux, reléguant ses adversaires pourtant colombiens, espagnols, français à plusieurs minutes. La nature est mal faite puisque les vaincus (le droit du sang) sont nés en des contrées d’altitude (le mont Ventoux pointe à 1912 mètres) .

Bon, je me rends compte à quel point mon chauvinisme me fait dérailler : on s’attendrait à ce que je dise que les noirs courent vite, mais ne savent pas nager et mille autres stupidités raciales. Mais, là, c’est moins la nationalité du personnage qui m’intéresse que sa performance puisque jamais ascension ne fut réalisé à une si grande vitesse. De là, à penser qu’il y a de la cocaïne, de l’EPO et des anabolisants dans la panse de brebis farcie, peut être faut-il limiter la virulence du propos, mais la question reste posée. Elle fait irruption avec incongruité dans un moment où c’est juré, craché, promis, le dopage n’existe plus.

J’ai déjà entendu cette remarque : le tour de France est-il encore une manifestation sportive ? Non bien sur le tour de France est un spectacle ; ne dit-on pas la légende du Tour? Déployant un incroyable engouement populaire qui va au-delà de la simple présence à un concert par exemple (on se déplace avant, en groupe), réalisant une audience pharaonique (qui génère des recettes en tout genre), illustrant le patrimoine national, magnifiant le sacrifice et les valeurs hypothétiques, le Tour est une machine financière et idéologique redoutable. Qu’est que le sport à avoir avec tout ça ? Pas grand-chose. Il faut en effet fabriquer de la tragédie, avec ses vainqueurs et ses vaincus, ses héros, ses incidents, ses exploits : la machine de l’invincibilité précaire structure le récit, le héros inaccessible, les adversaires qui rendent les armes.

Il y a de la mythologie grecque dans l’air : de la toison d’or. Du coup, on peut se demander le rapport du Tour de France avec la pureté des coureurs. Jason n’est pas très regardant sur les moyens qu’importe la fin. Ceci n’est donc pas une bonne question. Lorsque se déploie de la proximité avec le divin, avec le surhumain, ce serait le comble qu’on s’emmerde encore avec ces détails de petits braquets.

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