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Billet de blog 13 novembre 2013

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"La France a toujours été raciste"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La formule fait mal, elle est de Kofi Yamgnane au micro de France-Info. Elle blesse les oreilles de tous ceux pour qui la France est la Patrie des droits de l’homme, mais force est de dire qu’elle repose, hélas, sur un fond de vérité. L’ancien secrétaire d'Etat chargé de l'intégration dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy le rappelle à tous ceux qui se complaisent dans un état d’amnésie cotonneux : lors de son discours de Dakar, prononcé en 2007 (et écrit par Henri Guaino, son proposé à la plume), l’ex-président NicolasSarkozy, en déclarant que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire, l’avait fait sortir de l’humanité, et, ce faisant, ravalé peu ou prou au rang de l’animal,  une brèche dans laquelle se sont engouffrés depuis un certain nombre de racistes de France que l’exemple présidentiel a passablement décomplexés, ainsi récemment cette responsable du Front national à Angers ou encore Minute, hebdomadaire d’extrême droite, qui comparent l’actuelle ministre de la Justice, Christiane Taubira, à un singe.

Que dire, sinon que les singes ne sont pas ceux que l’on désigne mais bien ceux qui énoncent ces idées, et je demande d’ailleurs pardon aux singes de les comparer à des individus dont les pensées sont infectieuses, car l’animal, à la différence de l’homme, n’a aucune malignité, raison pour laquelle des expressions comme  « malin comme un singe » ou encore « têtu comme un âne » devraient s’appliquer à l’homo sapiens dont la sapience fait tellement défaut, et non pas à des animaux malicieux comme le singe et sages comme l’âne.  Ainsi devrait-on dire « malin (au sens étymologique du mot mal) comme un homme » et têtu comme un homme », voilà qui serait plus pertinent.

Si selon NicolasSarkozy, porte-parole du racisme latent à la française, l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire, il convient de dire que l’homme occidental, lui, prend trop de place dans l’Histoire, et même que l’homme prend trop de place tout court, se prenant pour le maître des lieux quand la planète Terre ne lui appartient pas, qu’il n’en est jamais que le locataire, qu’il l’a en partage avec les animaux, dont les singes et les ânes. Méditons la formule d’Henri Meschonnic, théoricien du langage : « Le signe est le singe du silence ».  

En allant un peu plus loin, de quoi le racisme ordinaire est-il le symptôme ? De quoi la haine des autres (xénophobie ou intolérance) est-elle le symptôme ? De la peur, fille de la faiblesse. On ne rejette jamais les autres que pour se défendre de sa propre incapacité à être : c’est une ruse pour combattre son propre néant existentiel.  La France serait-elle la patrie de la faiblesse existentielle, ce qui expliquerait entre autres pourquoi ses indigènes, les Français, sont les plus grands consommateurs d’anxiolytiques au monde?  

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