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Billet de blog 2 janvier 2017

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Vincent Peillon à l’ombre d’un grand Cedre

Un nouveau centre de recherche au budget hypertrophié, de l’égalitarisme à géométrie variable, et un ancien ministre qui couvre ses arrières. Que se passe-t-il rue d’Ulm?

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Les faits

Dans son édition du 28 décembre, « Le Canard Enchaîné » s’est attaqué au cas Peillon. L’hebdomadaire satirique a révélé la création d’un centre de recherche sur le républicanisme, au sein duquel l’ancien ministre de l’Éducation Nationale siège au titre de membre du conseil scientifique. Logé dans les locaux de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, le « Cedre » (centre européen d’études républicaines) dispose d’un budget « très modeste » pour Vincent Peillon : la bagatelle de 150 000 euros annuels.

Le directeur du Cedre, quant à lui, n’est autre qu’Olivier Christin, un ami de longue date du député socialiste, révèle le Canard. C’est d’ailleurs le même Christin qui l’a aidé à trouver un poste de professeur associé à l’Université de Neuchâtel, en Suisse. Poste qu’il a occupé pendant deux ans. Petits services entre amis, budget somptuaire, et intervention du chef de l’État, qui a entériné la création du centre : le Cedre, de près et de loin, ressemble bien à une coquille dorée à la disposition d’un candidat qui assure déjà ses arrières.

Un centre de recherche sur le Républicanisme

Le courant philosophique du républicanisme consiste en une alternative au socialisme: c’est une doctrine politique qui prône l’égalité avant tout. Vincent Peillon, qui a bien évalué le potentiel électoral du républicanisme, veut se poser comme un expert en la matière. C’est une des (nombreuses) justifications de la création du Cedre.

Celui-ci est d’ailleurs en lui même un paradoxe. Alors qu'il rassemble des chercheurs qui étudient un courant par essence égalitariste, il bénéficie d’un budget de fonctionnement très conséquent (150 000 euros) par rapport aux autres centres de recherche créés cette année. Alors, égalitaire, le Cedre? Un  chercheur en biologie que nous avons interrogé est amer : « en sciences, lorsqu’un nouveau labo ouvre, on lui accorde 20 000 euros annuels, pas plus ». Alors quelles peuvent bien être les justifications d’un tel écart? Le coup de pouce de François Hollande, qui a signé de sa main la lettre de mission consacrant la création du centre? Les amis bien placés de l’ancien ministre? Son expérience professionnelle, qui lui a valu le titre de professeur associé, en Suisse? Vincent Peillon, le champion autoproclamé de l’égalité, consacre ici une injustice criante.

La Belle Alliance Populaire

Si Vincent Peillon s’est donné autant de mal pour créer le Cedre, c’est en partie parce que celui-ci était censé lui permettre de revenir sur la scène publique et politique hexagonale. Et ainsi, d’être candidat à la primaire de la « Belle Alliance Populaire ». Il a réussi. Mais son parcours récent n’a rien de « beau », ni de « populaire ».

Avec des candidats à la morale discutable, aux discours faibles et aux propositions éculées, la primaire étouffe avant d’avoir eu lieu. Le peuple de gauche ne rêve plus, et la belle alliance populaire n’est qu’une illusion sortie de l’imaginaire de communicants. Mais Peillon peut s’en moquer. Il pourra, si il échoue cette année, attendre patiemment cinq années supplémentaires. À l’ombre de son grand Cedre.

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