Ce jour-là, une émeute aux portes de la Banque royale provoqua au moins un mort, par étouffement, et marque la fin du système de James Law (1). Celui-ci sera chassé de ses fonctions, et du pays, le 21 décembre 1720, après moins de cinq ans d’une « expérience financière » terriblement innovante et transformatrice.
Innovante car Law expérimenta tout ce que nous connaissons aujourd’hui : les billets de banque, les comptes-courants, une monnaie découplée de l’or et une expansion monétaire adossée au développement économique.
Transformatrice car il accéléra une mutation sociale qui s’attaqua à la rente et privilégia le commerce et le travail.
Certes l’expérience capota. A la fois pour des raisons de détail (un défaut (2) de trésorerie minime) et pour des raisons plus structurelles : la monnaie créée en trop grande quantité alimenta finalement plus la spéculation et l’augmentation du prix des actifs que l’économie réelle (comme aujourd’hui d’ailleurs …). Plus fondamentalement encore, le temps n’était pas encore à l’abandon de l’or et de l’argent : ceux-ci affluaient en masse d’Amérique du Sud et suffisaient à engendrer un flux constant de création monétaire. Mais, cinq ans après la mort de Louis XIV, qui laissa la France dans une terrible misère, l’action de John Law et du Régent Philippe d’Orléans permirent, de façon inespérée, une renaissance économique et sociale.
A une époque de récession où nous cherchons vainement un nouveau modèle économique, nous ne pouvons qu’être frappés par l’audace de Law et du Régent, il y a 300 ans ! Aujourd’hui, je suis absolument persuadé que « le monde d’après » passe par un renouveau de notre approche de la monnaie. A minima il faut définir et lancer de nouvelles expérimentations.
Pour en savoir plus sur Law je vous invite à lire cet article https://pierre-lachaize.fr/2020/07/16/genie-et-folie-le-systeme-de-john-law/
et si vous vous intéressez à la monnaie à vous rendre sur mon site :
A bientôt.
1 La banqueroute de Law, Edgard Faure, éditions Gallimard, 1977.
2 John Law. La dette ou comment s’en débarrasser, Nicolas Buat, Les belles lettres, 2015.