Le genome autruchien de Donald Trump
- 1 juil. 2020
- Par PIERRE SASSIER
- Blog : Le blog de PIERRE SASSIER
Si cela pouvait se mesurer, on constaterait que le déni et la légèreté avec lequel Donald Trump traite les problèmes croissent avec la gravité de ceux-ci : le président qui parle ou tweete plus vite qu'il ne pense a multiplié jusqu'à saturation les déclarations imbéciles : sur la négation du réchauffement climatique, sur le traitement à appliquer au COVID19, sur la façon de juguler l'incendie de Notre-Dame, pour n'en citer que quelques-unes. Alors qu'il a longtemps assimilé, entre autres mensonges, la pandémie à une simple grippe saisonnière qui disparaîtrait avec le printemps, il doit constater, en ce début d'été, que les Etats-Unis se disputent avec le Brésil le bonnet d'âne de plus mauvais élève en termes de maîtrise de la pandémie et lui, avec Bolsonaro, la palme de plus mauvais gestionnaire. Un tweet du 23 mars disait que “l’an dernier, 37 000 Américains sont morts de la grippe. En moyenne, il y a entre 27 000 et 70 000 cas par an. Rien ne ferme, la vie et l’économie continuent. En ce moment, il y a 546 cas confirmés de coronavirus, et 22 morts". Au 30 juin, c'est 2,6 millions dépistés et 128000 décès. Dans la seule ville de New York, le taux de mortalité enregistré est quatre fois celui de la France.

Que chacun en juge : après avoir "marqué le pas" au début du confinement, la courbe journalière des nouvelles infections aux Etats-Unis, étudiée selon une méthode statistique élaborée dans un précédent article de ce blog sur la base des données de l'université John Hopkins, "explose" depuis 16 jours (voir graphique ci-dessus). Devant cette réalité, il nous sert une proposition, aussi inepte que les précédentes, sur la façon de traiter le problème : pour faire tomber la fièvre, il s'agit tout simplement de casser le thermomètre : si les Etats-Unis ont beaucoup de cas de coronavirus, c'est parce qu'ils testent trop. "Alors j'ai dit à mes équipes : faites moins de tests s'il vous plait". Le démenti des faits ne suffit même pas à entamer ses certitudes. Une analyse comparative du génome du président américain avec celui d'une autruche montrerait surement des similitudes !
Bien entendu, tout le monde est responsable, sauf lui ! Sa stratégie du bouc émissaire concerne l'Europe lorsque les premiers foyers se sont déclarés à Seattle, l'OMS qu'il accuse d'être "une marionnette de la Chine, les gouverneurs démocrates dont les états, au début de la pandémie, étaient les plus touchés. Aujourd'hui, la tendance s'inverse et ce sont les états républicains ayant déconfiné trop tôt qui sont obligés de revenir en arrière, imposant à nouveau des mesures de confinement qui sont un nouveau choc pour l'économie. Tous ces faits dénoncent la conception électoraliste qui a marqué la gestion désastreuse de cette crise : préserver l'économie à n'importe quel prix. Les sondages montrent aujourd'hui que Trump est en train de perdre sur tous les tableaux et, même si les circonstances empêchent de s'en réjouir, cette perte de crédibilité du candidat républicain à sa propre succession est la seule bonne nouvelle en provenance des États-Unis.
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