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Billet de blog 6 juillet 2021

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Irène Frachon : plaidoyer pour la vaccination anti-Covid

On se souvient de « la fille de Brest » Irène Frachon, lanceuse d'alerte sur les graves effets secondaires du médiator. Aujourd'hui, estimant que son nom a été abusivement utilisé par les anti-vaccins, elle réagit par une tribune dans le quotidien le Parisien.

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"On me rapporte en permanence que le Médiator et mon nom sont utilisés comme une caution à la défiance et au complotisme sur les réseaux sociaux", déclare Irène Frachon dans une interview donnée au quotidien le parisien. La pneumologue de Brest s'était jusqu'alors tenue en retrait, estimant ne pas avoir les compétences et l'autorité pour intervenir dans le débat sur les vaccins. Elle a décidé d'intervenir après avoir lu le message suivant : "Irène Frachon a donné quinze ans de sa vie pour ce combat et ces empoisonneurs sont toujours là". Elle s'est alors sentie instrumentalisée et n'a pas voulu cautionner par son silence "une défiance cette fois très mal placée et délétère".

Il est vrai que, dans l'affaire du Médiator, la pharmacovigilance qui aurait dû détecter la dangerosité du produit a failli à  sa mission et ce peut être une des raisons de la défiance. "Les autorités de santé, dit Irène Frachon, ont failli et un labo s'est permis une tromperie criminelle et garde pignon sur rue". Alors, de là à suspecter un vaccin ayant battu tous les records de rapidité dans sa mise au point, il n'y a qu'un pas à franchir par ceux qui pensent que ce vaccin sorti de nulle part ne peut être qu'une tromperie. Mais faire cet amalgame avec le Mediator, c'est assimiler l'ARN messager des vaccins Pfizer et Moderna à des molécules d'une nature complètement étrangère à l'organisme, alors que chaque protéine fabriquée par les organismes vivants a son ARN messager. De plus, il est faux de dire que ces vaccins ont été conçus dans la précipitation : la mise au point de ce procédé vaccinal complètement innovant ne s'est pas faite en quelques mois, mais est le fruit d'un travail de fond qui s'étale sur 15 à 20 ans. Les essais cliniques ayant conclu à une efficacité à 95% après injection des deux doses ont été confirmés par un article du New England journal of Medicine à partie des données portant sur la population d'Israël, pays qui a vacciné 60% de sa population. Les comparaisons entre  "vaccinés" et "témoins", portant sur plus de 600000 cas dans chacun des deux groupes et donc de haute significativité en termes de statistiques, ont confirmé l'efficacité à 95% annoncée par Pfizer. En outre, les données d'Israël nous apprennent que l'immunité est déjà présente pour 50% des vaccinés dès la première dose et qu'après la deuxième dose, la probabilité de contracter une forme grave de la maladie est infime.

Une autre objection des personnes réticentes au vaccin est la possibilité d'effets secondaires à long terme du vaccin. On manque, en effet, du recul nécessaire pour les évaluer, mais c'est le fait de tout procédé thérapeutique nouvellement mis au point et cela a été le cas pour le Mediator. Mais, comme mentionné plus haut, les risques sont minimes pour l'ARN messager qui est une des composantes de nos organismes. Et toute démarche vaccinale doit être menée en comparant les bénéfices du vaccin aux risques de la maladie, d'abord d'un point de vue statistique, puis pour chaque individu . Dans cette démarche, Irène Frachon nous dit : "les complications plus sérieuses [qu'un syndrome grippal passager] sont exceptionnelles et les bénéfices du vaccin sont infiniment supérieurs aux risques du COVID. Il n'y a pas photo".

Enfin, il y a les nouvelles répandues sur les réseaux sociaux sans aucun contrôle scientifique, qui deviennent rapidement des rumeurs. Le vaccin AstraZéneca en a été victime : en effet, des cas thrombo-emboliques et des accidents vasculaires ont bien été observés. Mais pour affirmer qu'ils sont bien dus au vaccin, il faudrait rapporter leur incidence à celle observée chez les sujets non vaccinés : si elle est la même dans les deux groupes, les troubles constatés ne peuvent être reliés au vaccin. Et s'il est vrai que le vaccin AstraZeneka est reconnu comme moins efficace que les vaccins à ARN messager, rien ne permet d'affirmer qu'il est plus dangereux.

Le dernier débat concerne l'idée de rendre la vaccination obligatoire pour tous ou pour un groupe de personnes : certains y voient une atteinte intolérable à la liberté individuelle. Nous répondrons simplement qu'il y en a de beaucoup plus graves dont ont ne parle pas et que si l'obligation vaccinale doit protéger le plus grand nombre, cela suffit amplement à sa justification.

Alors puissent ces arguments avoir convaincu le plus grand nombre d'aller se faire vacciner, comme le recommande Irène Frachon.

En pièce jointe, l'interview d'Irène Frachon par le Parisien

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