PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste : et je tweete, aussi.

Abonné·e de Mediapart

761 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 septembre 2023

PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste : et je tweete, aussi.

Abonné·e de Mediapart

BRÉSIL Libérés, 84 travailleurs-esclaves d'un fermier tueur d'inspecteurs du travail

Une inspection fédérale a sauvé, fin août 2023, 84 travailleurs de conditions proches de l'esclavage, qui cultivaient des oignons dans une ferme, au Goiás (ouest). Elle est gérée par une personne, sous contrat de partenariat avec le propriétaire, son beau-père, bolsonariste, condamné comme l'un des commanditaires de l'embuscade-exécution de 4 inspecteurs du travail en 2004, au Minas Gerais.

PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste : et je tweete, aussi.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Antério Mânica. © DR

Selon l'équipe d'inspection, composée d'inspecteurs du ministère du travail et de l'emploi, de procureurs du ministere public du travail (MPT) et d'agents de la police fédérale (PF), le logement, sis dans la zone rurale de la muncipalité de Água Fria de Goiás (Goiás) était surpeuplé, les parois moisies et l'ensemble dégageait une forte odeur. Il abritait les 84 travailleurs secourus, alors qu'il ne pouvait contenir plus de 30 personnes.
 
Une bonne partie de ces travailleurs étaient natifs d'autres États.
 
Parfois, la fosse d'aisance débordait, répandant la puanteur, et était à proximité des lieux d'"habitation".

Il n'y avait pas de toilettes ni de garantie d'eau potable.
 
Certains travailleurs n'avaient pas de repos hebdomadaire et se sont plaints de la qualité et de la quantité de la nourriture fournie.

Entre autres irrégularités, le MPT a constaté que : la journée de travail commençait en moyenne à 6h15 et se terminait à 17h ; les équipements de protection individuelle (EPI) n'étaient pas suffisamment  fournis ; les travailleurs dormaient dans des chambres surpeuplées, dans  des lits superposés, avec une moyenne de 12 travailleurs par chambre.

Informé des conditions constatées par le MPT, l'employeur a versé les sommes dues aux travailleurs, garanti le retour de tous dans leur État d'origine et pris en charge leurs frais de nourriture pendant le voyage de retour. L'indemnité pour préjudice moral individuel convenue avec le MPT-GO a également été versée.
 

Selon l'avis d'infraction, la ferme "São Paulo" appartient à Terra Bela Agropecuária, propriété d'Antério Mânica et de ses fils. Il existe un contrat de partenariat agricole entre eux et le gérant Marcos Rogério Boschini, qui est marié à Márcia Mânica, la fille d'Antério Mânica.

Boschini et son épouse sont à leur tour associés dans la société ADF Distribuidora de Hortifrutigranjeiros, qui gère la culture des oignons. Les travailleurs étaient enregistrés sous le numéro d'immariculation sociale [CPF] de Boschini.
 
Les frères Antério Mânica et Norberto Mânica ont été identifiés comme les cerveaux du "massacre d'Unaí" par la police fédérale six mois après ce crime daté du 28 janvier 2004. Depuis lors, entre procès et annulations, les Mânica ont été condamnés...
 
Mais ...
 
Ils sont encore en attente d'appel, en 2023, et sont en liberté. L'enquête a révélé que le crime était motivé par la "gêne" causée par les amendes imposées à la famille d'agriculteurs, l'inspecteur du travail Nelson José da Silva étant la principale cible. Il avait déjà infligé des amendes d'un montant d'environ 2 millions R$ (400.000 US$) car les fermiers avaient systématiquement enfreint la loi.

Même après avoir été lié au massacre, Antério Mânica a été élu maire d'Unaí en 2004, avec 72,37% des votes valides. Il a été réélu en 2008. En novembre 2008, il a reçu la médaille de l'ordre du mérite législatif lors d'une cérémonie organisée par l'assemblée législative de Minas Gerais.

Antério Mânica a été condamné à 100 ans de prison en 2015, mais le jugement a été annulé. En mai 2022, il a été à nouveau condamné à 64 ans de prison. En attente de son procès en liberté, il a appelé à faire réélire Jair Bolsonaro en octobre 2022, dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux.

L'action menée dans la ferme "São Paulo" fin août et début septembre 2023 - entre le 21/8 et le 1/9/23 - était la deuxième en terme  de nombre de travailleurs sauvés dans le cadre de "Resgate 3", une méga-opération qui a sauvé 532 personnes dans 22 États et le district fédéral (DF, Brasilia) en août/septembre 2023 (la plus importante, avec 97 victimes, a eu lieu dans une exploitation d'ail dans l'État de Minas Gerais).
 
-------------
Sources : divers, Repórter Brasil et le Ministère Public du Travail de Goias (MPT).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.