PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste

Abonné·e de Mediapart

655 Billets

0 Édition

Billet de blog 23 mars 2023

PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste

Abonné·e de Mediapart

BRÉSIL À Bahia, l'île de Boipeba bientôt dévastée par un prédateur immobilier ? (2/9)

Qui sont les actionnaires de la société Mangaba qui veut s'accaparer et privatiser 20 % des terres de la paradisiaque île de Boipeba, soit 16.507.752 m² ? Réponse en deux séquences.

PindoramaBahiaflaneur (avatar)

PindoramaBahiaflaneur

Secrétaire de rédaction (free lance), c'est-à-dire journaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Josê Roberto Marinho © DR

La société Mangaba Cultivo de Coco LTDA a pour actionnaires principaux, avec 20 % chacun, José Roberto Marinho l'un des fils de feu Roberto Marinho, fondateur de l'empire audiovisuel brésilien Globo - ainsi que Clóvis Eduardo Álvares de Azevedo Macedo, Marcelo Pradez De Faria Stallone et la société Filadélfia Empreendimentos Imobiliários, détenue par Antonio Carlos de Freitas Valle.

Illustration 2
A. Fraga Neto. © DR

Fraga I, une société basée aux États-Unis et détenue par Armínio Fraga Neto, ex-président de la Banque centrale de 1999 à 2002, en détient 12 %.
L'homme d'affaires Arthur Fraga Baer Bahia, neveu de Armínio Fraga Neto,

Illustration 3
Arthur Fraga Baer Bahia © DR

 est propriétaire de 8 %.
La société  Mangaba Cultivo de Coco, titulaire de l'autorisation gouvernementale, n'est pas inscrite dans le secteur de la construction civile, ni dans celui du tourisme, mais est une entreprise de culture de noix de coco de la baie de l'île de Boipeba.
 
-Clóvis Eduardo Álvares de Azevedo Macedo est un ex-banquier, fondateur de la banque Modal, qui a fait faillite, et impliqué dans les fraudes des deux banques Marka et Fonte Cidam, à la fin des années 1990. Auparavant, Clovis Macedo avait travaillé durant dix-neuf années dans la banque Garantia.
-

Illustration 4
Marcelo Pradez de Faria Stallone (à droite) est êgalement un des meilleurs joueurs brésiliens de golf, catégorie seniors. © Thais Pastor / F2

Marcelo Pradez De Faria Stallone et Arthur Fraga Baer Bahia (ICI) sont tous deux associés dans Gávea Investimentos, une banque d'investissement composée de capitaux nationaux et étrangers, dont ces derniers sont dirigés par Armínio Fraga Neto, actionnaire de la société Mangaba Cultivo de Coco LTDA).
- Filadélfia Empreendimentos Imobiliários e Participações Ltda appartient à Antônio Carlos de Freitas Valle - ex-patron de la banque Matrix, définitivement fermée en 2016 - et à sa famille : De Freitas Valle a été aussi impliqué dans d'autres scandales financiers.
 
En 2008, les actionnaires de Mangaba ont acheté l'enregistrement d'occupation des terres Ramiro José Campelo de Queiroz, ancien maire de la ville de Valença, voisine de l'île de Boipeba. Le montant négocié était de 20 millions de R$ (5,5 millions US$).
Selon The Intercept Brasil du 23 mars 2023, qui a consulté les actes d'achat et de vente entre Ramiro José Campelo de Queiroz et la société Mangaba Cultivo de Coco LTDA, il y est établi que le paiement final de 10 millions de R$ serait effectué sous deux conditions : la première était que Ramiro José Campelo de Queiroz, l'ancien maire de Valença, expulse environ 50 petits producteurs qui occupaient les 1.651 hectares de la propriété, en garantissant qu'ils signeraient la cession des petits lots qu'ils occupaient. La deuxième condition serait que le Secrétariat du patrimoine du Brésil (SPU, organisme fédéral) devrait accorder le bail de la zone - instrument qui garantit le droit réel à la propriété fédérale - moyennant un paiement annuel aux organismes fédéraux du Brésil de l'équivalent de 0,6 % de la valeur des terres.

Illustration 5
En noir, la zone qui pourrait être occupée par le projet touristique-immobilier. © DR

Car le régime de propriété des îles, au Brésil, obéit à des critères très précis. La Constitution de 1988 a maintenu un principe établi précédemment : les îles océaniques et côtières sont la propriété du Brésil fédéral, à l'exclusion de celles qui appartiennent à des particuliers ou qui ont leur siège dans des municipalités. Boipeba appartient à la municipalité de Cairu, mais n'est pas le siège de la ville, dont elle est distante. En d'autres termes, le Brésil fédéral est propriétaire de toutes les zones de ce territoire, même si elle en autorise l'utilisation en enregistrant l'occupation.

En réponse aux questionnements de The Intercept Brasil, la société Mangaba a confirmé qu'elle avait acquis l'occupation auprès de l'ancien propriétaire, en 2008, et qu'en outre, "il y a le certificat d'autorisation (CAT) approprié, un document délivré par la SPU elle-même". Toujours selon le journal en ligne, indépendant, malgré que la société Mangaba essaie de faire croire que le CAT est un autre document qui garantit la propriété, ce certificat CAT est un moyen de transférer l'enregistrement de l'occupation entre des tiers pour un contrôle adéquat du Brésil fédéral. Dans le cas présent, ce n'est que l'année dernière, c'est-à-dire en 2022 - alors qu'elle avait déjà entamé le processus d'autorisation environnementale - que Mangaba Cultivo de Coco LTDA a réussi à obtenir de l'un des actionnaire, Marcelo Pradez De Faria Stallone, qu'il prenne possession du document d'occupation précaire, à la place de l'ex-propriétaire et vendeur, Ramiro José Campelo de Queiroz.
 
 
(*) Ramiro José Campelo de Queiroz, multi propriétaire foncier à Bahia, multimillionnaire, est l'ex-vice maire de Valença, entre 1976 e 1981, sous la dictature, sous l'étiquette du parti Arena (droite), puis maire.  Campelo de Queiroz est aussi le propriétaire d'une faculté privée, de sociétés de tourisme, d'une chaîne de postes à essence, et surtout de la chaîne de magasins "Lojas Guaibim", fondée en 1983, qui comprend, en 2023, 49 grands magasins d'électroménager et de meubles, dans plusieurs villes de l'Etat de Bahia, dont la capitale.
 
Lire le billet (1/9) sur cette affaire :
https://blogs.mediapart.fr/pindoramabahiaflaneur/blog/120323/bresil-bahia-lile-de-boipeba-bientot-devastee-par-un-predateur-immobilier-19
 -------------------------------
Sources : diverses, The Intercept Brasil, Valor Econômico, Isto é.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.