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Billet de blog 26 mai 2023

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BRÉSIL■À Bahia, l'île de Boipeba bientôt dévastée par un prédateur immobilier ? (6/9)

L'un des principaux leaders des pêcheurs de Boipeba, également porte-parole déterminé des opposants au complexe hôtelier de grand luxe "Ponta dos Castelhanos", a été la cible de menaces de mort dans des groupes de messageries, des audios, des vidéos, et a dû quitter, début avril, son île natale. Révélations de The Intercept Brasil (TIB), hier, le 25 mai.

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Illustration 1
En noir, la zone qui pourrait être occupée par le projet touristique-immobilier. © DR

Le 7 avril 2023, Raimundo Esmeraldino, surnommé affectueusement, dans l'ìle de Boipeba, "Raimundo Siri" [siri est le nom d'une espèce de petit crabe], leader d'une ample communauté de pêcheurs de Boipeba qui seront fortement impactés, négativement, dans leurs sources de revenus, en cas de projet hôtelier de grand luxe voulu par un groupe de milliardaires, s'est évadé. Au petit matin.
 
Car le sexagénaire est "la" cible de nombreuses figures et petites baronnies de l'île, lucides complices intéressés et cupides, voire larbins, des milliardaires porteurs du projet hôtelier. 
 
"Nous devons attendre ce Siri, ici. Ce salopard. Nous devons attraper cet effronté ici, en haut du pont, mon gars. Tu es une canaille, un chien. Ici, à Cova da Onça, cet homme ne vaut rien. Ma chienne rottweiler, "Ave Maria", vaut mille fois plus que cet homme. C'est un vaurien, éhonté. Quand il arrivera ici, [je le] jetterai du pont, parce qu'il ne veut pas le bien de la communauté. Cette canaille", dit l'un des enregistrements auxquels le TIB a eu accès. 
 
"Il doit comprendre que la majorité ne supporte même plus d'entendre sa voix. Sa voix ici aujourd'hui dégoûte. Sa voix ici aujourd'hui à São Sebastião ou à Cova da Onça est répugnante. C'est une sale canaille. Il faut le jeter du pont", entend-on dans l'audio.
  
"Siri, accepte, mon noir, la communauté, aujourd'hui... Cela fait douze ans que tu insistes sur ce cas. Aujourd'hui [à Ponta dos] Castelhanos, tout le monde a ses puits, là, Siri. Dieu merci, toutes les tenanciers de paillotes ont leur puits. Arrête de faire le malin, mon gars. Menteur ! Accepte que 100 % des gens ne veuillent même plus entendre le son de ta voix, à Cova de Onça. C'est risqué pour toi de venir sur le pont et de revenir par le pont. Tu cherches une forte dispute avec la communauté. Aujourd'hui, toute la communauté est contre toi", entend-on dans un autre extrait, enregistré par le même auteur.
 
Dans un autre enregistrement audio, un homme avertit de "rester à l'écoute de Siri, parce qu'il essaie de détruire la communauté". L'individu  poursuit en disant que "de nombreux jeunes garçons étudient pour trouver un emploi. Nous avons nos enfants, nous verrons nos enfants faire le pire travail à Cova de Onça ... Je ne veux pas que mon fils soit pêcheur de crabe de mangrove ou bien installe des pièges à rats. Ce n'est une vie pour personne".
 
Dans un groupe WhatsApp appelé "Informação Projeto Castelhano", qui regroupe les habitants des communautés de Boipeba et auquel "Siri" ne participe pas, les menaces ont également été proférées par écrit. Certains messages qualifient le pêcheur d'"indigent", de "maladie pour la communauté" et de "coupable de tout... de toutes les disgrâces qui se sont produites" - référence directe à l'embargo du projet hôtelier par un organisme fédéral pour une durée de 90 jours depuis le 6 avril.
   
Mais ce n'est pas tout.
  
L'une des attaques les plus directes, publiées le 25/5 par le même journaliste André Uzêda, pour le TIB, sur la plateforme  Youtube et sur le site du TIB, a pris la forme de 2 vidéos (montée en une, diponible ci-dessous), l'une de 7 secondes et l'autre de 18 secondes. Sur les deux documents, qui ont également circulé dans des groupes WhatsApp, on peut voir de la viande rôtie sur une grille de barbecue et un petit crabe, de l'espèce siri, également sur la grille au milieu des braises. "Aujourd'hui, c'est le jour du barbecue et votre siri est ici sur la grille", dit une femme, sans montrer son visage, dans la première vidéo.
 
"Nous allons manger du siri rôti sur la braise. Casser les pattes du siri"
 
Dans la seconde video, un homme, sans révéler son identité, pointe son couteau directement sur le siri et frappe le crustacé à plusieurs reprises. "Ici, óh. Après une journée à manger de la viande, mettons le sirigueijo à cuire sur le grill. Nous allons manger du siri braisé. Casser les pattes du siri", dit-il. En arrière-plan, un autre crie : "Siri, bon sang. Mangeons du siri".
 
 

© THE INTERCEPT BRASIL

  
Bien que les personnes dans la video ci-dessus ne montrent pas leurs visages, le pêcheur insulté et menacé de mort, "Raimundo Siri", a déclaré qu'il savait qui étaient les auteurs des menaces, tant dans ces deux vidéos que dans les messages sur Whatsapp et la plupart des audios. Rappelons qu'à Cova da Onça, il n'y a que 700 habitants. "Je sais qui ils sont. Mais ces gens savent aussi tout de ma vie, où je vis, mes habitudes et le nom de ma femme. C'est pour cela que j'ai quitté Boipeba. Mais d'un autre côté, je ne peux pas rester longtemps [hors de mon domicile] parce que je vis de la pêche. Je n'ai pas d'autre moyen de subsistance et j'ai besoin de travailler pour survivre", a ajouté le pêcheur. 
 
 
En ce qui concerne les menaces proférées à l'encontre de "Raimundo Siri", la société Mangaba Cultivo de Coco a déclaré qu'elle n'était pas au courant des faits rapportés et affirme qu'elle "répudie toute forme de violence et a toujours fondé ses actions sur la légalité et le dialogue avec la communauté".
 

 Circulez, il n'y a rien à voir, en d'autres termes.

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