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Billet de blog 9 février 2022

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Il ne fait pas bon mourir en France !

Témoigner d'un accompagnement de fin de vie rendu impossible

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mon père est mort dimanche à 87 ans d’un lymphome foudroyant, qui a balayé en même pas un mois ce paysan croyant. Jusque-là, mise à part la suspicion que les produits phyto aient accéléré le processus, une fin « presque normale ».

Quand nous l’avons hospitalisé, je revois la lumière bleue du gyrophare s’enfoncer dans la nuit noire, sur la petite route de campagne, nous redoutions vu le contexte sanitaire de l’abandonner, mais nous n’avions plus le choix.

Après quelques visites tolérées à la clinique la plus proche, une personne, pas plus d’une heure par jour, il a été transféré à l’hôpital. Déjà à ce stade il ne parlait plus, trop faible, les nouvelles étaient données par l’infirmière une fois par jour au téléphone car nous avions interdiction formelle d’y aller. Pas de visite, impossible d’accompagner notre mère auprès de lui, il est mort dimanche 6 février, juste avant de venir lui rendre une visite que je pressentais être la dernière au vu de la détérioration très rapide de son état .

Il a tenté, ma sœur s’en est aperçu en récupérant ses affaires, de nous appeler à six reprises, dans la nuit précédent sa mort, en vain, les appels ont échoués, un seul aboutira, nous laissant un ultime message sans parole, juste une respiration difficile.

Que faire de ces appels à présent ? Que faire de ce dernier message laissé sans parole et qui va nous hanter encore longtemps ? Il faudra apprendre à vivre avec, nous laissant libre des réponses que l’on veut bien y mettre.

Pour ma part, je pense qu’il nous appelait pour nous dire adieu, que dans un dernier effort immense, il a réussi à saisir son portable à 2h52 ce dimanche 6 février, pour nous dire qu’il aurait préféré mourir ailleurs, dans un pays lointain, où un père peut tenir la main de sa femme, de son fils et de ses deux filles jusqu’ au bout.

Je suis en deuil, mais je suis surtout en colère contre un gouvernement qui a oublié d’être humain !

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