Voici une traduction faite un peu rapidement, mais qui je crois suffit à se faire un idée de cet article qui me semble assez révélateur, venant d'un journal américain plutôt conservateur
Le lien en anglais : http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304450004577277241473592360.html
The Wall Street Journal, « Nicolas Le Pen », 13 mars 2012
"Même pour les marqueurs locaux, l’accès de xénophobie dont a été pris récemment le président français fait montre d’un certain cynisme.
Le président de la République française, Nicolas Sarkozy développe depuis quelques temps un argumentaire anti-immigration, annonçant à la télévision qu’il diminuerait de moitié l’immigration légale s’il était amené à faire un second mandat. Puis, dimanche, juste avant d’assister à une course de voitures dans un stade non loin de Paris, il a menacé de mettre en suspens la participation de la France à l’espace Schengen, la zone de libre circulation des personnes à l’intérieur de l’Europe, à moins que ses capacités à empêcher l’entrée de la racaille soit améliorées.
Même en France, on fait difficilement plus cynique. Les diatribes lancées contre l’immigration constituent une tentative de courtiser les soutiens du Front National, parti xénophobe du Front National. (…)
Cependant, il semble que le débat lancé sur l’immigration permette surtout de faire diversion sur les inquiétudes des Français à l’égard d’un État Providence moribond. Pour remettre le système à flots, M. Hollande propose un taux d’imposition de 75% sur la part de revenus qui dépasse un million d’euros. Si l’émigration peut en être touchée, il y a fort peu de chances pour que cela comble le trou de la sécurité sociale. Au contraire, M. Sarkozy prétend qu’ « en tant de crise économique, l’Europe ne pourra financer ses dépenses publiques qu’en contrôlant l’entrée de ses frontières ».
Raisonnement abject ; non seulement parce qu’il joue d’un sentiment abject, mais aussi parce qu’il est un exemple criant d’illettrisme économique. Et pas des moindres, dés lors que l’une des menaces que doit affronter le gouvernement français est celui d’une population de plus en plus âgée, dont la durée de vie augmente, tandis que le taux de natalité – bien qu’il soit l’un des plus élevés d’Europe – reste un dessous du seuil de remplacement. A moins d’une modification structurelle des mœurs, seule l’immigration peut maintenir une population active suffisamment nombreuse pour pallier l’augmentation des retraités et autres personnes dépendantes.
Le seul vrai travail que doit accomplir le gouvernement français est de s’assurer que les immigrants soient accueillis convenablement, et de créer les conditions économiques pour qu’ils puissent vivre décemment en même temps le reste de la population du pays. Il ne fait aucun doute que Sarkozy comprenne cela. Il est pourtant bon de se demander si M. Sarkozy comprend également que c’est ce type de démonstration ostensible de cynisme qui l’a conduit à la situation délicate dans laquelle il se trouve actuellement. "