Personnaliser les victoires du conservatisme en Europe, du modéré à l’ultraradical, ne peut expliquer la tendance des bourgeoisies nationales à glisser vers un capitalisme fascisant. Bien entendu, les Berlusconi, Meloni, Salvini, Truss et Orbán y sont pour quelque chose mais si peu. Pour comprendre cette fascisation croissante qui n’a rien de populaire malgré ses apparences, une approche tenant compte de la collaboration entre les différentes castes de la classe bourgeoise et du cul-de-sac vers lequel le capitalisme les dirige est nécessaire.
La caste relativement plus libérale des grands industriels, détentrice de moyens de production, laisse peu à peu le rôle de domination des classes soumises à la caste des grands propriétaires fonciers détenteurs des matières premières, une caste plus despotique pour être issue du féodalisme. Ce passage obligé du pouvoir de l’une à l’autre est dicté par une grande monopolisation de l’économie asphyxiée dans un marché saturé. La guerre d’Ukraine, apparemment due à un méchant Poutine, est d’abord et avant tout un effet de cette saturation.
Les élections, nonobstant toutes les promesses non tenues, révèlent la partition atteinte du pouvoir entre castes de la classe bourgeoise. Par les temps qui courent, la caste la plus réactionnaire de la bourgeoisie, celle des grands propriétaires fonciers, hérite du rôle de direction de l’humanité au fur et à mesure que les matières premières s’épuisent toute proportion gardée et que s’intensifie la lutte aux changements climatiques.
En même temps, les classes soumises opposent au capitalisme un socialisme de plus en plus radical et à la concurrence du marché une coopération absolument nécessaire pour résoudre les grands problèmes de notre époque.