Il faut lire
« LES PREMIERS JOURS DE L'INHUMANITÉ Karl Kraus et la guerre »
de Jacques Bouveresse
Éditions Hors d'Atteinte Marseille
N'étant pas doué pour écrire, je ne me lancerai pas dans une analyse de ce livre malheureusement très actuel, mais je pense que dans la période que nous traversons sa lecture est nécessaire. Dans ce livre une fois de plus Jacques Bouveresse, hélas disparu, se révèle comme un vrai philosophe à l'opposé de ceux qu'on voit et qu'on entend partout. Il s'est d'ailleurs toujours appliqué à lui même la maxime de Musil qu’il cite dans le livre : « la meilleure arme contre la bêtise est la modestie ».
Je me contenterai d'une citation qui donne juste un tout petit aperçu du contenu du livre dont il faut préciser qu'il a été publié en 2019, mais qui hélas a un contenu intemporel:
« On avait semble-t-il, cessé depuis un bon moment déjà d'envisager la possibilité de voir un jour un dirigeant d'une des grandes démocratie occidentales afficher aussi ouvertement son peu de considération pour l'intellect et ses représentants, et son mépris total de la vérité, de la logique élémentaire, des faits, de la parole donnée et des engagements pris. L'impression que l'on a est que le monde pour ce qui concerne les États-Unis et un nombre croissant d'autres pays, notamment européens a commencé à nouveau dans une ère des patries du genre de celle que décrivait Kraus où les intérêts de l'humanité en tant que telle et les devoirs que l'on a envers elle risquent fort d'être de plus en plus perdus de vue. On pourrait parler aussi avec plus de précision d'une ère de la nation qui veut être « rendue à nouveau grande » ou peut-être plus exactement pour dire les choses à la façon de Kraus de la nation rendue bête par les dommages réels ou imaginaires qu'elle a subis et par son incapacité radicale aussi bien de se souvenir de ceux qu'elle a infligés que de se rendre compte de ceux qu'elle s'apprête à provoquer en agissant comme elle le fait. »