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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 30 juin 2012

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MOI, KHAOULA , LYCENNE CHEZ VALLS, SANS PAPIERS DEPUIS LE 9 JUIN, JOUR DE MES 18 ANS,

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MOI, KHAOULA , LYCENNE CHEZ VALLS, SANS PAPIERS DEPUIS LE 9 JUIN, JOUR DE MES  18 ANS,

Je m’appelle Khaoula et je viens de fêter mes 18 ans. Je suis actuellement en 1èreS et donc le bac de français s’approche, malheureusement, ce ne sont pas les révisions qui m’inquiètent le plus.

En effet, j’ai des difficultés à régulariser ma situation. Je suis née au Maroc et suis arrivée en France à l’âge de 13 ans et 3 mois, en classe de 5ème. Je vis seule avec ma sœur de 36 ans, qui est en France depuis 1995. Si je suis en France, c’est que je souhaite vivre et faire des études sur une terre qui me donne des chances de réussir. Pourtant, en tant que jeune majeure scolarisée, la préfecture me refuse un titre de séjour.

Les démarches que j’ai effectuées pour mes papiers ressemblent à un marathon sans fin. Je me suis rendue la première fois à la préfecture d’Evry en février 2012 pour retirer un dossier concernant ma carte de séjour jeune majeure. Je pensais alors que j’allais pouvoir le jour même rendre ce dossier puisque j’avais préparé tous mes papiers. Sachant qu’il fallait faire la queue longtemps, nous sommes parties, ma sœur et moi à 3h du matin. Après nous être inscrites sur une liste d’attente, nous avons attendu dehors dans le froid jusqu’à 11h, mais on ne nous a donné que la liste des pièces à fournir, en me précisant qu’il fallait que je revienne un autre jour pour déposer le dossier rempli et que je devais aller à Palaiseau. En avril, nous sommes donc allées à la sous-préfecture de Palaiseau, afin de déposer ce dossier. Plus de 5h d’attente, entre 5h du matin et 10h30, encore une fois dehors, nous apprîmes que ce n’était ni le bon dossier (j’avais en fait besoin d’un dossier carte de séjour de jeune majeure exceptionnelle au lieu d’un simple dossier carte de séjour jeune majeure), ni le bon endroit (puisqu’on m’a répliqué qu’on traitait ce genre de dossier à la préfecture d’Evry et non pas à Palaiseau). Quelques semaines après, nous retournons à Evry en deux temps : une première fois, pour nous inscrire sur la liste à 22h et une deuxième fois pour faire la queue à 2h30. Ce n’est que 10h après qu’on nous a appris que mon dossier était refusé pour absence de mes parents sur le territoire français. Malgré cet échec, nous avons essayé de redéposer le dossier en mai, où nous avons battu notre record d’attente : de minuit à 12h. Cependant, si nous essuyâmes un nouvel échec, nous avons rencontré un homme qui lui, attendait depuis 5 jours puisqu’il avait besoin d’un dossier à déposer et que la préfecture n’acceptait qu’un dossier de ce type par jour, et qu’il fallait qu’il soit le premier dans la file d’attente.

Ces longues heures d’attente nocturne étaient marquées par un froid anesthésiant. Au bout de quelques heures, on ne sent plus ses pieds, et le fait de rester immobile accentue la pénibilité de l’attente. De plus, la pluie battante et l’absence d’endroit où s’abriter, rendent ces moments insupportables, il n’y a pas de moyens de se réchauffer et pas de sanitaires. Ces conditions ont contribué à augmenter mon inquiétude et mon sentiment de colère et d’injustice. Je me sentais impuissante et découragée j’avais l’impression d’être inférieure. De plus la mauvaise volonté de la préfecture me semblait être un moyen de rabaisser et décourager des gens qui n’étaient là que pour retirer ou déposer des dossiers administratifs. Afin d’illustrer cette mauvaise fois, je peux dire qu’un des responsables à la préfecture me donna un imprimé de refus sur lequel il ajouta une case à la main, qui n’existait pas à la base : en raison de l’absence de mes parents en France, avec moi ! Malgré tous nos efforts, personne n’a pris la peine d’étudier mon dossier personnel et ma situation demeure bloquée. Mon document de circulation pour enfant mineur n’est plus valable, je n’ai donc plus le droit de rendre visite à ma famille au Maroc car si je passais la frontière, je ne pourrais plus revenir. Ainsi, la préfecture me refuse le droit de vivre en France et je me trouve obligée de ne pas quitter la France.

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