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Billet de blog 16 octobre 2018

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Migrants ? Incertitudes à propos des Africains ( suite 3)

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Migrants ? Incertitudes à propos des Africains ( suite 3)

N'attendez pas de moi des jugements défavorables ni même sévères sur Antoine Glaser et Stephen Smith qui sont à mes yeux les meilleurs spécialistes de l'Afrique  ; je déplore souvent, pour le premier surtout (car le second est désormais éloigné de la France) qu'on ne les entende pas davantage dans nos radios et nos télévisions qu'encombrent en revanche bon nombre de prétendus experts qui, pour plusieurs, ne se sont pas remis de n'avoir jamais trouvé d'emplois dans nos universités en dépit de leurs efforts pour s'y introduire. 

Je serais même tenté de dire qu'en guise de présentation d'Antoine Glaser et de Stephen Smith, et, pour rester dans les limites du sujet de ce blog, de vous recommander la seule lecture d'un de leurs livres (un peu ancien déjà)  sur le sujet : Sarko en Afrique, (Antoine Glaser et Stephen Smith. Plon, 216 pages, 19 €. On le trouve d'occasion désormais à bien moins cher que ça et sa lecture vaut la peine de ce très modeste investissement) . 

Contrairement à mes habitudes, je ne livrerai pas ici mes propres impressions, me contentant de reprendre la "présentation" de l'éditeur avec le secret espoir que, comme souvent, ce dernier a demandé aux auteurs eux-mêmes d'en assurer la rédaction : 

« Premier président français sans gris-gris sur son bureau, Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour une politique de rupture avec les complicités du passé dans l'ancien pré carré, pour s'ouvrir à l'ensemble du continent et être à l'écoute des jeunesses africaines. Las, le nouveau chef de l'État a, lui aussi, très vite plongé la tête clans la case à fétiches. Il est même revenu aux pratiques d'une diplomatie parallèle que l'on croyait révolue. Dans certains cas, les " affaires africaines " sont redevenues des " affaires domestiques ". Une gestion personnalisée des dossiers qui contraste avec la volonté affichée d'européaniser la politique africaine et de se désengager sur le plan militaire. Dans un premier temps, Nicolas Sarkozy s'est moins adressé aux Africains du continent qu'aux Français noirs des banlieues françaises, avec priorité à la lutte contre l'immigration. Ensuite, le président a géré personnellement, clans la précipitation et la cacophonie, l'épopée de l'Arche de Zoé, la guerre du Tchad et les dossiers judiciaires pendants tels que celui des biens immobiliers " mal acquis " des chefs d'Etat africains à Paris, tout en gardant un oeil attentif sur les dossiers sensibles de la dizaine de groupes français dont les dirigeants sont souvent ses propres amis. [ La suite des aventures politico-judiciaires de Sarkozy a démontré abondamment la pertinence de ces points de vue ]. En un an de présidence, Nicolas Sarkozy a dit une chose et son contraire, du discours très " gaulois " de Dakar à celui très " africain", du Cap. En dix chapitres, ce livre raconte, comme une bande dessinée, les tribulations d'un " Sarko en Afrique " qui ne sait plus quel masque porter pour ne pas se faire piéger et préserver encore quelques bijoux de famille de l'ancien empire. Pour ce livre incisif et informé, qui fourmille de révélations et de confidences, Antoine Glaser et Stephen Smith ont enquêté à Paris et dans une demi-douzaine de pays africains. ». Rien de plus à dire !

Je  me garderai toutefois d'oublier de présenter brièvement les deux auteurs ce qui serait fâcheux surtout pour Stephen Smith, le moins connu des deux. D'abord correspondant en Afrique pour l'agence Reuters et RFI, S. Smith entre au service Afrique de Libération en 1986 et y  devient ensuite responsable du service « Afrique ». En 2000, il prend la direction du département « Afrique » du Monde avant d'être, à partir de 2002, chef adjoint du service « Étranger ». Début 2005, il quitte ses fonctions au Monde. Depuis 2007, il est professeur d'études africaines à l'université Duke aux États Unis. 

Il est l'auteur de nombreux ouvrages (13 à ce jour dont La Ruée vers l'Europe — La jeune Afrique en route pour le Vieux continent est le 13e. 

Notons au passage qu'au palais de Chaillot, le 15 avril 2018, le président Macron a évoqué la question migratoire et marqué son intérêt pour le livre de Stephen Smith : La Ruée vers l’Europe . En 2018, ce livre a été récompensé par le Prix Brienne du livre de Géopolitique , par le Prix littéraire de la Revue des Deux Mondes  et par un Grand Prix de l'Académie française. Le Monde l'a choisi comme l'un de ses sept livres incontournables pour comprendre les migrations, estimant qu'il s'agissait "d'un petit livre hyperdocumenté, riche en références littéraires et nourri d'un suivi longitudinal des statistiques africaines". 

Dans cet ensemble de livres, on trouve de nombreux ouvrages publiés en coédition avec Antoine Glaser : Ces Messieurs Afrique Le Paris-village du continent noir (1992) chez Calmann-Lévy,  L'Afrique sans africains, le rêve blanc du continent noir (1995) chez Stock, Ces Messieurs Afrique Des réseaux aux lobbies (1997) chez Calmann-Lévy, Comment la France a perdu l'Afrique (2005) chez Calmann-Lévy. 

Antoine Glaser, dont j'ai souvent vanté la qualité des travaux, a fondé et  longtemps dirigé la Lettre du Continent, unanimement réputée pour son indépendance vis à vis des pouvoirs politiques mais surtout pour la qualité de ses informations.

(La suite 4 demain)

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