Une altération, juste une infime altération du discours.
Et le monde a changé. D'un seul coup.
J'étais en train de relire pour la vingtième fois Ubic, de Phylip P Dic, et je me suis rendu compte que le livre ne finissait pas de la même façon. Une autre histoire s'était progressivement introduite dans le récit du début et m'avait entrainé vers une autre issue.
Je me suis rendu compte que les choses avaient réellement changé quand je suis descendu à la boulangerie en bas de mon immeuble. La première surprise a été qu'il y avait une boulangerie, la deuxième c'est que le boulanger m'a accueilli avec le sourire. Chose étrange en soi, car les boulangers ont la réputation d'être particulièrement mal embouchés. Rapport à leur métier sans doute.
Enfin donc, sourire du boulanger et petit pain au chocolat offert dans la poche de papier glacé.
« Je vous offre une chocolatine, c'est gentil d'être descendu chez nous ! ».
Je suis remonté chez moi en mangeant la viennoiserie, frappé par tant de gentillesse, angoissé presque de tant d'humanité ruisselante. Pas habitué à ça.
Moi, j'en étais encore aux canons du libéralisme triomphant : chacun pour soi et Dieu pour les riches. Je me suis souvenu de la difficulté que j'avais eu à accepter ce slogan. Bien sur les campagnes publicitaires, les émissions télévisées nous avaient expliqué le bien fondé, les avantages de ce mode de pensée. Mais j'étais resté longtemps dubitatif.
Et maintenant, subrepticement, le monde changeait.
J'ai essayé de me souvenir du moment où cette insidieuse variation s'était déclenchée. Il m'a fallu quelques jours, mais je crois que j'en ai trouvé l'origine.
Je crois que c'est depuis ce reportage au salon de l'agriculture, quand notre Président a répliqué à la personne qui lui avait dit : « je ne serre pas la main à un connard
-Moi non plus d'ordinaire, mais là je suis obligé à cause de la télévision ».
Billet de blog 9 août 2011
Au commencement était le Verbe
Une altération, juste une infime altération du discours.Et le monde a changé. D'un seul coup.J'étais en train de relire pour la vingtième fois Ubic, de Phylip P Dic, et je me suis rendu compte que le livre ne finissait pas de la même façon. Une autre histoire s'était progressivement introduite dans le récit du début et m'avait entrainé vers une autre issue.
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