A l’instar de tous les bastions fascistes, de l’Italie de Georgia Meloni, en passant par les Pays bas, la Suède, l’Argentine jusqu’aux sanctuaires américains de l’alt right, la France est devenue un pays où le débat d'opinion est de plus en plus supplanté par l’affirmation de l’identité excluante dans une gangue médiatique réifiant l'instantanéité et l'éphémère comme valeurs cardinales.
Le paradoxe étant que les identitaires d’extrême droite ressemblent eux-mêmes aux sorciers qu'ils dénoncent cherchant à éveiller les consciences sur la disparition de la race et la culture blanche (sic). Ce sont les mêmes nostalgiques de la tradition et de la permanence, les mêmes amourachés du repli et de la souche qui traquent les professeurs d’universités et leur liberté académique jusque dans les temples du savoir parce qu’ils sont, selon eux, les vecteurs de la dilution française sous l'empire des éveillés.
Ainsi, dans notre nouveau monde de différences plutôt que de désaccords, ce qui vaut ce n’est plus ce que vous pensez, mais qui vous étiez, qui vous êtes, qui vous souhaitez être. La conflictualité dans le champ politique n’est plus centrée sur les questions économiques, mais sur la bataille des Histoires, celles qu’on glorifie, celles qu’on veut mettre sous l’éteignoir.
On conviendra donc que l’affaissement du primat du politique en France est lié au fait que le débat public ne s’organise plus autour de ce que les individus expriment ou possèdent, mais bien autour de ce que les individus sont…
Tout cela n’est pas seulement le fruit d’un rapport de force en voie d'être perdu par le camp du Progrès, c’est aussi la conséquence d’un capitalisme métamorphe qui a choisi, pour sa survie et son épanouissement, de s’appuyer sur cette cosmogonie identitaire afin d’annihiler une fois encore toutes formes de contestations sociales et de prise de conscience écologiste.