Il me sera pardonné, je l’espère, de me projeter dans la semaine qui vient et d’enjamber allègrement le premier tour de ce scrutin législatif à nul autre pareil.
C’est qu’au-delà des avanies d’un bloc central ayant systématiquement légitimé le vote RN en diabolisant le Nouveau Front Populaire, il ne restera rien de ces oripeaux de politicaillerie dont nous aura gratifié un pouvoir agonisant au soir du 30 juin.
Car prosaïquement, de circonscriptions en circonscriptions, on égrainera une triste situation, une violente bourrasque annonçant des centaines de duel entre les forces républicaines et les représentants de l’extrême droite française.
Ici, je voudrais dire à quel point le Front populaire dans sa dimension principielle est consubstantielle de l’idée que je me fais du front républicain.
Parce qu’il en est le prolongement, tant les principes nés de la Révolution française irriguent son programme. En outre, il jette les bases, tel à l’époque du conseil national de la résistance, d’une matrice républicaine pour gouverner notre pays, avec d’autres forces démocratiques.
Mais revenons à l’urgence des jours qui viennent. Durant l’entre-deux tours, nos concitoyens ne devront se poser que quelques questions simples à propos des enjeux du vote. En quoi, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir d’Etat va modifier la nature de nos vies. Non seulement au titre de nos valeurs et de notre rapport au monde, mais surtout au titre de notre simple intimité.
Oui l’extrême droite va bouleverser la vie de millions de personne, il n’y aura que peu d’îlots préservés.
- Elle va légitimer la conflictualité territoriale,
- Elle va pratiquer une politique ségrégative envers les quartiers populaires,
- Elle va superviser les nominations dans l’appareil d’état, n’ayant aucune notion de la neutralité du service public,
- Elle va proposer un arsenal législatif pour justifier une anomie d’Etat dans l’appareil sécuritaire,
- Elle va traquer les minorités au nom de son idéologie foncière, mais aussi pour perpétuer la fragmentation antagoniste qui l’a fait prospérer,
- Elle va remettre au pas la jeunesse de France avec des programmes scolaires hiérarchisants, des financements au monde de la recherche et de la culture anémiques,
- Elle va traquer les français qu’elle qualifie de « papiers », binationaux et étrangers quel que soit leur statut,
- Elle va entraver notre soutien à l’Ukraine et affaiblir la France et l’Union européenne, laisser prospérer la guerre asymétrique que nous mène la Russie de Vladimir Poutine.
Le récit de son action sera ponctué de lois anticonstitutionnelles qui n’auront qu’un seul but, provoquer la remise au pas des contrepouvoirs en en appelant au peuple d’une manière ou d’une autre.
Les libertés publiques seront réduites aux acquêts en matière de justice et de presse. Au nom d’un pseudo pluralisme cette droite radicale facilitera les intérêts financiers de grands groupes médiatiques privés pouvant sans vergogne dépecer l’audiovisuel public.
Par ailleurs, la dimension libertarienne de son programme économique produira encore plus de souffrance, donc de ressentiment nourrissant le vote de rejet des supposées élites et comme en mainte exemple dans l’Histoire contemporaine, ce pouvoir autoritaire, entré par effraction, aura beaucoup de mal à quitter le pouvoir.
Alors, ici il ne s’agit plus d’être de la droite ou de la gauche républicaine, il s’agit de sauver notre Histoire, notre vocation en tant que nation.
L’idéologie frontiste est le contraire de celle que nous avons hérité des Lumières. Ils conchient la liberté, car ils sont organicistes, ils refusent l’égalité car ils sont pour toutes les segmentations, les hiérarchisations, les exclusions, ils haïssent la fraternité, car ils ne voient qu’entre les ethnies, les catégories sociales, les minorités que des motifs de rejets et d’exclusions dans leur cosmogonie de pureté dévoyée.
Oui, le 7 juillet, il faudra nous sauver en sauvant la République, car une idéologie dure, xénophobe, établissant une différence fondamentale entre une communauté de citoyens à laquelle tout le monde peut adhérer et une communauté nationale dont les soubassements seraient pour eux liées à la culture, à la nature, voire à la généalogie et au sang, est en passe de régenter nos vies.