La victoire de Hollande nous ouvre des perspectives que la réélection de Sarkozy aurait bouchées. La politique de classe de celui-ci, de division du pays, de casse des services publics, d’attaques de toutes les solidarités pratiquées pendant cinq ans aurait été aggravée par un autre mandat . La victoire de la gauche permet de penser notre action dans un cadre démocratique où les corps intermédiaires, les contre-pouvoirs vont pouvoir influencer une nouvelle politique à construire.
Ce nouvel espoir ne doit pas cependant nous masquer les enseignements à tirer du vote du 6 mai.
Tout d’abord si 51,63% des voix se sont portées sur le candidat de gauche, 48,37% ont soutenu un président-candidat défenseur de thèses proches de celles du Front National. Jamais en France un si grand nombre d’électeurs n’a franchi la frontière entre droite républicaine et droite extrême. Le dernier tract de Maryse Joissains Masini (maire d’Aix-en-Provence ancienne élue UDF) en est l’illustration. Elle ose affirmer qu’un pays gouverné par la gauche ne peut mener celui-ci qu’à sa disparition sur les plans économique, énergétique, environnemental, social et monétaire et verrait « notre système social s’effondrer ». La droite gaulliste, chiraquienne n’a pas exprimé son opposition au discours de Sarkozy lorsqu’il copiait, jusque dans son vocabulaire, celui de Marine Le Pen. Il nous faut constater que presque la moitié des votants n’a pas rejeté ces propos xénophobes. Le combat contre la diffusion des idées d’extrême droite est prioritaire.
Le deuxième enseignement est que Sarkozy laisse une France profondément divisée. Il n’a eu de cesse de déclarer qu’une partie des français ne l’étaient pas. Il n’a eu de cesse d’opposer les citoyens les uns aux autres, les riches aux pauvres, les vrais travailleurs aux assistés, les fonctionnaires aux travailleurs du privé, les français de souche aux français d’origine étrangère. En témoigne Zoulika dans le journal Libération : « Sarkozy nous a fait comprendre qu’on n’était pas français, qu’on n’avait pas notre place. Mais c’est fini ». Autre témoignage entendu sur France inter : « Sarkozy nous avait déclaré la guerre, eh bien la guerre il l’a perdue ».
Les résultats des élections montrent cette coupure entre les quartiers riches et les quartiers Dans le 16ème arrondissement à Paris, Sarkozy 78,01%, et dans le 20ème, Hollande 71,83%. A Neuilly, Sarkozy 84,20%, , par contre à Saint Denis, Hollande 77,78%.
Le troisième enseignement à tirer est que le succès n’a pas rendu les électeurs de Hollande aveugles. Au contraire ils manifestent une grande lucidité. Si l’obstacle Sarkozy est levé tout reste à reconstruire dans une situation financière et internationale difficile où les marges de manœuvre sont étroites. C’est à nous de peser sur les orientations du prochain gouvernement. Une élection n’est qu’un moment de la vie démocratique. Nous devons la faire vivre chaque jour.
Roger Evano
P.S. Bel exemple des réactions d'une partie de la droite le discours de Maryse Joissains (Maire UMP d'Aix-en-Provence) le 6 mai que vous trouverez ici:
http://www.citylocalnews.com/aix/2012/05/07/maryse-joissain-francois-hollande-est-illegitime