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Billet de blog 23 mars 2015

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Réponse à Karine Fouteau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En réponse à l'article de Karine Fouteau, "Des crèches aux universités, vingt-cinq ans de fixation contre le voile "quelques questions rapides le sujet étant largement débattu par ailleurs

1)      Pourquoi les islamistes au pouvoir imposent-ils  le voile aux femmes si le problème est vestimentaire et si le voile n’est qu’un « bout de tissu»?

2)      Pourquoi une jeune fille quitterait-elle  l’école pour un « bout de tissu »?

3)      Pourquoi des millions de femmes se sont-elles  battues pour ne pas porter ce « bout de tissu »?Pourquoi beaucoup ont-elles été tuées, emprisonnées parce qu’elles refusaient ce « bout de tissu»?

4)      Pourquoi seules les femmes doivent-elles se voiler et pas les hommes?

Il faudrait se pencher sur son histoire (le voile  n’est pas une obligation religieuse), sa forme, sa  taille qui va de la simple dissimulation des cheveux, à l’uniforme noir des iraniennes, et jusqu'à la cagoule grillagée des afghanes.

Avez-vous  lu le témoignage de femmes ayant vécu cet enfermement  à partir de l’âge de sept ans ?

(Le film Wadjda en donne un aperçu)

Parmi toutes ses significations qu’il serait trop long de développer, il en est une qui est évidente, c’est couper l’humanité en deux, les hommes, comme il est dit dans le coran, ont autorité sur les femmes, l’accepter c’est accepter que la femme soit hiérarchiquement inférieure. Pour les musulmans la sourate IV (verset 38) sur les femmes : «  Les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci »

Pour les chrétiens et les juifs la tradition est la même : Pour les chrétiens : « Quand Dieu est le chef de l’homme, l’homme est le chef de la femme » (Epître de saint Paul aux Corinthiens).

Pour les juifs : Dieu dit à la femme : « j’aggraverai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras dans la douleur ; la passion t’attirera vers ton époux, et lui te dominera » (Genèse III)

Ceci dit si des femmes choisissent dans l’espace public, de se voiler de la tête aux pieds en laissant visible leur visage, obligation de la législation française, je ne peux que le regretter, mais c’est leur choix.

 Si certaines le revendiquent il en est beaucoup d’autres qui luttent contre ‘les grands frères’ (père, frères, oncles, tantes…) et qui se sentent abandonnées.

Vous trouverez ces témoignages dans les vidéos que je joins. Vous  y entendrez  des jeunes femmes qui se battent pour se libérer de tout ce poids de la religion, de la famille, du quartier et qui disent à Edwy Plénel : « Nous n’avons rien à voir avec la communauté des musulmans de France. Je trouve cela honteux », et une autre qui lui dit : »En tant que femme musulmane je me sens oubliée par vous….  Je n’ai plus le droit à la parole, je n’ai plus le droit de rien faire, je n’ai plus le droit de cité parce que je dis que je suis féministe » La vidéo est ici 

La loi de2004 est une loi qui concerne l’école secondaire, c’est à dire  l’âge ou l’élève se forme pour être capable de gagner sa liberté.

Un des fondements de la République est la laïcité, garante de la  liberté de conscience de chacun et qui impose la neutralité religieuse de l’Etat. La commission Stasi à estimé après l’audition de nombreux acteurs sociaux, de philosophes de politiques, que l’école ne pouvait être  un lieu de prosélytisme et d’affrontements religieux. Elle est un lieu de formation d’enfants et d’adolescents. Peut-on imaginer  le déroulement d’un cours où chaque élève porterait des signes ostentatoires de son appartenance religieuse, philosophique voire politique ?

L’école publique doit offrir un espace ouvert et réflexif où les certitudes de chacun – quelle qu’en soit l’origine, familiale ou autre – sont confrontées à d’autres modes de pensée. C’est en cela qu’elle se distingue des écoles confessionnelles destinées à enclore les esprits dans un seul univers idéologique. Pour autant l’école publique ne saurait se transformer en champ de bataille entre tenants de visions du monde opposées.

Dans sa circulaire du 15 mai 1937 Jean Zay, ministre de l’éducation nationale du Front populaire prescrit de mettre à l’abri l’enseignement public des propagandes confessionnelles et de toute forme de prosélytisme : « Je vous prie d’inviter les chefs d’établissements secondaires à veiller à ce que soient respectées les instructions interdisant tout port d’insignes. (…) Vous voudrez bien considérer comme un signe politique tout objet dont le port constitue une manifestation susceptible de provoquer une manifestation en sens contraire. L’ordre et la paix doivent être maintenus à l’intérieur des établissements scolaires, mais en même temps vous veillerez à ce que les chefs d’établissements évitent les incidents et les éclats et que l’on procède, dans toute la mesure possible, par la persuasion plutôt que par la contrainte.

Pour revenir à l’esprit de la circulaire de Jean Zay fut votée la loi de 2004 qui interdit  « Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifesteraient ostensiblement une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics »

Comme on le voit il n’existe pas en Franced’interdiction de  s’habiller comme chacun l’entend mais de préserver les lieux d’enseignement public  du prosélytisme ou des affrontements religieux

 « L’application du principe de laïcité à tous est une garantie de la sérénité de l’enseignement, dans la mesure où l’école doit pouvoir accueillir tous les élèves, sans distinction d’origine, de religion, d’opinion et en présumant que leur liberté naissante ne saurait être déterminée à priori, sous peine de ne jamais éclore, par la position de leur famille…Les élèves fréquentent l’école pour forger leur propre autorité, leur propre liberté, pour s’auto-constituer comme sujet de droit. » Catherine Kintzler « Penser la laïcité » p. 52

Il ne faudrait pas que dans ces querelles de voile la gauche abandonne ses valeurs fondamentales.

Un autre témoignage à écouter, celui d'une nouvelle journaliste de Charlie Hebdo. Il  est ici 

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