Tous les écolières et les écoliers se souviennent de cette chanson. Moi oui, en tous cas, même si je n'en comprenais pas le véritable sens à l'époque, car j'étais en CM2. "Les aristocrates à la lanterne" n'évoquaient pas les sanglants événements liés à la Révolution française mais plutôt les lampadaires de la petite ville où j'ai passé mon enfance, lampadaires auxquels j'ajoutais mentalement une perruque blanche et bouclée. Se balader "sans-culottes", je trouvais ça rigolo et franchement osé, dernier parfum de naïveté juste avant de plonger dans le monde cruel du collège et des poils qui poussent n'importe comment.
Aujourd'hui que je saisis la portée de cette chanson - et que j'associe cette compréhension au pari que tous les Français, riches comme pauvres, l'ont un jour apprise et chantée -, je ne cesse de m'étonner de ce que je crois comprendre comme étant l'incontrôlable Inconscient du Président de la République et sa finalité révolutionnaire.
En allant se réfugier à la Lanterne, le Président fait ressurgir cette chanson, et l'imaginaire insurrectionnel qui lui est lié. Lui, associé à juste titre à une aristocratie moderne, celle des rentiers du CAC 4O, se met lui-même à la Lanterne, comme pour en finir. Manipulation de son inconscient ? Manifestation spectaculaire de "la volonté de se faire prendre" qu'on trouve dans les bons manuels de psychologie moderne juste après les prévisions astrologiques et juste avant un reportage sur une star du moment de la télé-réalité ?
Vu sous cet angle, son fameux "qu'ils viennent me chercher", lancé depuis un château barricadé, ne serait pas une provocation mais bien une véritable invitation. Venez me chercher, empêchez moi de nuire, car mon action est nocive pour la société et pour la planète. Si je vous provoque, c'est dans le but de déclencher une révolution nécessaire. Réveillez-vous !
Lui qui avait écrit ce pénible - bien que plat - Révolution en tant que candidat va voir ses vœux exaucés. Son comportement va effectivement finir par provoquer une révolution. Une vraie, pas la thatchérienne qu'il croyait désirer.
On pourrait même aller plus loin et imaginer que c'est l'inconscient collectif qui agit à travers lui : un travail souterrain de compréhension a eu lieu et la planète est à point pour se débarrasser du capitalisme qui la fait mourir jusqu'à faire opérer chez les élites économiques et politiques un suicide social. Macron, comme Louis XVI, accélérateur de la fin d'un Régime à bout de souffle ? Macron, instrument involontaire de Mama Gaïa ? L'idée me fait vibrer.
Alors que faire après la Lanterne ? Je me permets de me faire moi-même accélérateur de récit en conseillant au Président la marche à suivre. Après avoir mis la chanson révolutionnaire dans la tête de tous les Français - un remarquable effet involontaire de cette "pédagogie" tant vantée par nos éditorialistes d'extrême centre -, après cela donc, il ne lui reste plus qu'à emprunter une voiture - une berline, comme Louis XVI, discrète selon les codes d'un community manager en détresse, une Audi A3, peut-être ? - et à tenter de rejoindre le Luxembourg, pour bénéficier d'un exil fiscal bien mérité. Avant d'atteindre ce but, il sera arrêté à Varennes parce que son profil ressemble au chiffre de la pièce de 1 euro.
Ci-dessous, une simulation de trajet pour aller de la Lanterne à Varennes. Il vaut mieux emprunter la D10 que l'autoroute, c'est plus discret - et moins cher -

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À ce point, la suite de l'histoire devrait se dérouler selon la même logique, mais avec des variations. Car heureusement pour le Roi - pardon, le Président -, nous ne sommes pas en 1789.