La Loi Vidal manque du courage politique qui s'impose !
Il faut se rendre aux évidences, les chiffres officiels de l'Observatoire des inégalités le prouvent. 58 % des élèves des sections pour jeunes en difficulté au collège sont issus de catégories sociales défavorisées, 2 % sont enfants de cadres supérieurs. Selon le milieu social, la réussite des élèves au collège est très inégale.
Bien avant d'échouer lamentablement en Licence, les élèves des milieux les moins favorisés plombent l'ensemble du système éducatif dès le collège voire avant. On a beau faire on a beau dire, les origines sociales, déterminantes tout au long de la scolarité "leur collent à la peau" si l'on veut bien nous passer l'expression : malgré le dévouement des enseignant-e-s et les efforts conséquents des gouvernements successifs, le constat est là : l'échec est massif et incontestable; les incapacités et handicaps des élèves des classes populaires ne peuvent être compensés ! Combien de temps encore à financer en pure perte un système éducatif à bout de souffle ?... nous faudra-t-il toutes et tous mettre nos enfants dans le privé pour qu'ils échappent au nivellement généralisé du public ?
Dès l’entrée en sixième, les élèves ne sont plus sur un pied d’égalité. Plus de 20 % des enfants d’inactifs et plus de 10 % des enfants d’ouvriers ou d’employés ont redoublé, contre à peine 3 % des enfants de cadres supérieurs, selon le ministère de l’Éducation nationale (données 2015). Une partie des écarts puise son origine plus tôt, à l’école maternelle et au primaire.
Les élèves ne suivent pas les mêmes filières. Les enfants d’ouvriers, d’employés et d’inactifs représentent près de 90 % des élèves des sections d’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) [1], contre 53 % des jeunes qui suivent un enseignement général (données 2014). Les enfants de cadres supérieurs représentent 2 % des élèves de Segpa, dix fois moins que leur part dans l’enseignement général.
Les choses sont claires et tout le monde le sait : Une partie plus importante qu’auparavant des jeunes termine le collège avec des lacunes, comme le montrent les évaluations réalisées en troisième ou seconde.
Les résultats au brevet reflètent aussi l’origine sociale. Seule bonne nouvelle : le score des enfants d’enseignants frôle les 100 %...
Les inégalités scolaires entre milieu sociaux se construisent avant le collège, mais celui-ci est un moment clé pour l’avenir des jeunes de milieu populaire en particulier. La coupure marquée avec le primaire dans la façon d’enseigner, l’académisme des enseignements (calqués sur l’enseignement universitaire), la fréquence des évaluations et bien d’autres facteurs défavorisent les plus défavorisés. Les modules de soutien scolaire mis en place ne peuvent pas grand-chose face à l’ampleur des écarts. Du coup, une partie des jeunes décrochent et attendent l’âge de fin de scolarité obligatoire faute de solution adaptée pour eux ou faute d’avoir été soutenus.
La fin de collège est un point de bifurcation essentiel dans le parcours éducatif. C’est au moment du passage en seconde, à l’âge de 15 ans, que le système scolaire sépare les jeunes d’une classe d’âge : 85 % des enfants de milieux favorisés continuent en seconde générale et technologique, deux fois plus que les enfants de milieux défavorisés. Une partie de ces derniers sont contraints d’opter pour des filières professionnelles et un avenir qu’ils ne souhaitent pas.
Arrêtons la mascarade du collège unique : qui ne sait que les plus dotés choisissent les "bonnes options" (filière européenne, langues...) ou les bons lycées de la carte scolaire qui n'existe plus en réalité : ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, assumons-le jusqu'au bout ! Ce gouvernement doit avoir le courage politique de faire les réformes qui s'imposent.
Le collège, faute d’avoir été adapté à la massification scolaire et modernisé, laisse donc se développer progressivement les écarts de réussite scolaire.
Le statu quo n'est plus possible, fermer les yeux est criminel, nous demandons que l'âge de la scolarité obligatoire soit ramené à 11 ans pour ne pas mettre en péril tout notre système scolaire républicain - si le gouvernement est trop frileux, un système de stages, de formation en alternance et de découverte du monde du travail peut être envisagé dans un premier temps. On ne peut accueillir décemment tout le monde, la démonstration est faite, reste à en finir avec le mythe de l'école pour tous, devenu un véritable mensonge d'Etat; la pseudo-méritocratie scolaire ne peut aujourd'hui dissimuler ses incuries et ses défaillances. Il est grand temps de réformer et donner à chaque élève la possibilité de choisir son métier à l'issue de sa scolarité primaire, armé de tout le socle de connaissances nécessaires pour affronter un monde qui, ne nous mentons pas, est devenu hyper compétitif et ce, de plus en plus tôt. Que les meilleurs puissent enfin s'épanouir et faire honneur au pays !