LETTRE OUVERTE DU COLLECTIF 59 ST-JUST
Mineur.e.s abandonné.e.s par le Conseil Départemental 13
À Madame Martine Vassal, Présidente du CD13
Madame,
Nous ne pouvons que constater les faits suivants :
Une jeune mineure de 15 ans non prise en charge depuis 2 mois
Le 24 avril 2019, dès son arrivée à Marseille, une mineure non accompagnée âgée de 15 ans, extrait de naissance à l'appui, s’est enregistrée à l’ADDAP13, institution responsable de la prise en charge des mineur.e.s. Redirigée vers le Commissariat, qui peut exiger une mise à l’abri d’urgence pour les personnes vulnérables, elle s'est à nouveau confrontée à l'absence de solution ; c’est à la rue qu’elle a dû affronter une nuit de plus.
Le lendemain, à défaut d'autre solution, cette jeune fille s’est présentée au squat 59 St-Just. Les solidaires ont immédiatement informé votre administration sur sa situation. Vous avez été alertée sur le fait que le squat n’était pas une solution sécure pour une mineure seule, vulnérable du fait des nombreuses violences subies durant son parcours migratoire, notamment à son arrivée en France où elle a été victime d’un viol engendrant une grossesse.
Suite à la demande de l’Aide sociale à l'Enfance (ASE), les solidaires ont fourni les coordonnées de la mineure en question. Depuis, RIEN. Silence radio.
Depuis 2 mois, malgré nos relances, une Ordonnance de placement provisoire et un recours au Tribunal Administratif, le CD13, l’ADDAP13 et l’ASE ont froidement abandonné cette jeune fille.
Madame Vassal, cette fillette de 15 ans serait à la rue depuis deux mois si des solidaires ne se souciaient pas de sa mise à l'abri.
Des familles avec enfants de moins de 3 ans délaissées
Au cas de cette adolescente viennent s'ajouter ceux de dizaines de familles monoparentales avec de jeunes enfants que votre administration est responsable d'héberger. Aujourd'hui, les Maisons de la Solidarité renvoient ces mères isolées vers l'OFII, pratiquant une politique discriminatoire : dans les Bouches-du-Rhône, les personnes en situation de migration n'ont pas accès à leurs droits fondamentaux.
Au 59 St-Just, nous mettons à l'abri une partie des victimes de cette politique, dont des nouveaux-nés et leurs mères, trop rapidement chassés des dispositifs d’accueil après leur sortie de la maternité.
Ces mères qui tentent de sauver leurs enfants sont-elles moins remarquables que celles auxquelles vous rendez hommage chaque 8 mars ? Certaines vies ont-elles moins de valeur que d'autres ?
Le collectif 59 Saint Just s'est créé en soutien du lieu occupé du 59 Saint Just, dans le 13e arrondissement de Marseille. Ce lieu abrite de nombreuses familles avec enfants en très bas âge, ainsi que des mineurs isolés, comme alternative aux trottoirs. Au titre de la loi française, tous les habitants ont le droit à une mise à l'abri par les pouvoirs publics, voire à une prise en charge soutenue. Tous mettent en oeuvre les démarches nécessaires au respect de leurs droits ; malheureusement les pouvoirs publics ne s'estiment visiblement pas tenus par la loi et les décisions de justice.