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Billet de blog 12 août 2016

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Et, près d’un demi-siècle après, ce fut le martyre du Père Jacques Hamel*

Mon témoignage sur l’infiltration de l’islamisme dans la France républicaine

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Mon témoignage sur l’infiltration de l’islamisme dans la France républicaine

Madame la Juge, l’installation et la prospérité de l’islamisme dans les pays de l’Europe de l’Ouest se sont opérés  grâce, d’une part, à l’accueil que ces démocraties ont réservé aux réfugiés islamistes qui étaient persécutés dans leurs pays d’origine, et ce, malgré les «valeurs» qu’ils véhiculent se trouvant aux antipodes des leurs, et, d’autre part, aux  pétrodollars saoudiens et d’autres donateurs des pays du Levant, ainsi qu’à l’exportation de leurs prédicateurs avec leur message bien formaté, clés en main et service après-vente garanti, vers ces démocraties. Cela a débuté longtemps, longtemps avant la naissance de Daech et d'Al Qaïda, et même avant la révolution islamiste iranienne et la guerre d’Afghanistan opposant les États-Unis d’Amérique et l’Union des républiques socialistes soviétiques par moudjahidines et régime communiste afghan interposés, ce dernier était porté par ce qui était appelé la République démocratique d'Afghanistan. D’ailleurs, plusieurs hauts responsables d’Ennahdha [Parti islamiste tunisien, succursale locale de la Confrérie des Frère musulmans], dont le plaignant [KHERIGI dit GHANNOUCHI Rached], ont fait partie de ces réfugiés, depuis le début des années quatre-vingt-dix jusqu’au lendemain de la Révolution de Jasmin, Révolution qu’ils ont vécue en spectateurs. 

Pour ce qui concerne la France, Madame la Juge, je fus personnellement témoin de l’infiltration du salafisme saoudien, par le biais de ses imams, dans la mère-patrie de la laïcité républicaine, à l’époque de Georges Pompidou. En effet, je connais une célèbre institution du top de d’enseignement catholique privé, située dans l’est de la France, élisant domicile dans un vaste et superbe domaine de la riche campagne champenoise où j’avais séjourné plus d’une fois, à l’époque où je professais à l’Université de Bourgogne - j’ai même eu un de ses professeurs comme étudiant - superbe domaine avec château abritant l’administration, terrains de sports, fermes, internat,… Et cette célèbre institution a mis, au début des années soixante-dix, pendant les vacances scolaires d’été, ses locaux à  la disposition d’une organisation saoudite - dépendant de la Présidence Générale des Directions des Recherches Scientifiques et Islamiques, de l’Ifta (= de la délivrance des fatwas), de la Prédication et de l’Orientation Religieuse du Royaume d’Arabie Saoudite, et cela, à travers une ONG connue  sous l’acronyme LIM (= Ligue islamique mondiale  = Al Rabita al-Islamiya al-‘Alamiya), ONG dont la vocation, hors du monde islamique, est, entre autres, «la formation des imams, le financement des mosquées et l’édition de milliers d’exemplaires du Coran à l’attention des minorités musulmanes» - je disais donc,  cette célèbre institution a mis ses locaux à la disposition d’une organisation saoudite pour y tenir un séminaire de formation d’imams, sur plusieurs jours, avec hébergement en pension complète, évidemment hallal, moyennant un prix non négligeable ! Cela s’est passé avec la bénédiction des plus hautes autorités religieuses françaises, pensant, certainement de bonne foi (dans les deux sens), faire acte d’ouverture et de tolérance en  accueillant ces séminaristes dans leurs propres murs, et avec l’aval des autorités républicaines par l’autorisation préfectorale accordée pour la tenue  de ce séminaire, et cela, probablement, par un acte de laïcité. Ces informations, Madame la Juge, m’ont été communiquées, à l’époque, par le directeur de ladite institution qui m’avait exprimé son étonnement de voir, au début du séjour, débarquer chez lui toutes ces femmes toutes niqabées accompagnant les séminaristes et de voir, à la fin, le responsable de cette rencontre offrir gracieusement au personnel de cette institution un exemplaire d’un Coran bilingue. En conclusion, je peux vous affirmer, Madame la Juge, que, compte tenu des diverses études qui sont parues sur la question depuis lors et des enquêtes sur les évènements dramatiques que nous vivons aujourd’hui, ce modeste témoignage ne révèle, en réalité, qu’une infime portion de la partie visible de l’iceberg du danger islamiste, et que, comme pour tout iceberg, les effets les plus mortels de ce danger se tiennent, par essence, en embuscade, dans sa fraction cachée.

Et, près d’un demi-siècle après, ce fut le martyre du  Père Jacques Hamel !

Salah HORCHANI

* Extrait de :

https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/070816/l-islamisme-se-disant-modere-et-l-aveuglement-de-l-occident

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