Qu'est-ce la folie? Nous avons tous vu "Psychose" d'Hitchcock, mais est-ce représentatif de la folie? Qu'est-ce la psychose?
Lacan nous enseigne des choses à ce sujet, en disant qu'il s'agit de "forclusion de Nom-du-père". Mais, c'est peut-être du chinois pour beaucoup. La folie manifeste ne doit pas se résumer aux délires et aux hallucinations à mon sens. Il existe autant de folie dans les névroses que dans les psychoses. Les catégories de structures aident les cliniciens à se repérer, mais la réalité est bien plus complexe me semble-t-il. Est-on fou quand on perd le sens des réalités (comme semblait le considérer Freud), quand on se déconnecte et qu'on confond Imaginaire, Réel et Symbolique (pour parler en langage lacanien)? A partir de quand juge-t-on de la folie d'un individu? Qu'est-ce la normalité et le pathologique? La barrière est parfois floue... Les frontières sont souvent assez mal délimitées entre psychose et normalité. D'ailleurs, je ne crois pas que la normalité pure et dure existe réellement quand on s'efforce de comprendre les autres. L'étrangeté d'un mal peut surprendre, mais il nous faut être ouverts d'esprit et sensibles à la souffrance humaine et à tout ce qui nous semble hors-norme, ou qui dévie de ce qui en général rentre dans la norme pré-définie par nous autres êtres humains, pour simplifier notre connaissance du comportement et du fonctionnement humain et de sa psychologie.
Certains pensent que les "bordelines" existent, d'autres disent que c'est un fourre-tout trop flou où l'on met tout et n'importe quoi ensemble... Querelles de chapelles entre théoriciens de l'âme humaine? Catégories, étiquettes, trop réductrices? Peut-on se passer des catégories? Elles peuvent avoir le danger d'enfermer des êtres humains complexes sous une identité "folle" définie selon des normes pré-établies par des "scientifiques". Mais elles peuvent parfois servir à se repérer quand on veut classer, et prescrire des "soins" en psychiatrie. Le DSM (Manuel Diagnostique et Statistique des Etats-Unis) est utilisé par nos chers psychiatres dans ce sens. Car il faut bien soigner tout ce qui déborde... Alors, on enferme les cris et on promulgue la camisole chimique et les contentions, car c'est mauvais genre de déborder et cela peut devenir dangereux. Combien de films traitent-ils de la dangerosité de la folie qui explose? Des fous meurtriers? Beaucoup... Mais peu de Landru ou de soeurs de Papin existent dans nos réalités du quotidien je pense, mais nous aimons les faits divers... Il n'y a qu'à voir combien lisent les journaux régionaux qui fourmillent de ce genre d'informations croustillantes pour nos papilles et qui inspirent tant de réalisateurs...
Quelles sont nos représentations, au sens sociologique du terme, de la folie?
Je ne pourrais répondre à cette question qui me taraude pourtant de si bon matin, comme souvent. Mais cette question me semble essentielle à se poser. Elle en amène d'autres. Par exemple, pourquoi est-on autant fascinés par le génie fou d'une Camille Claudel ou d'un Antonin Artaud? Mais pourquoi délaisse-t-on les fous qu'on ne veut pas voir et qui peuplent nos asiles modernes, qui manquent cruellement de moyens humains, et les dénigre-t-on tout comme on ne veut pas voir tous ces SDF en souffrance psychique? Et combien d'incarcérés pour jugés pour crimes peuplent nos prisons? Beaucoup trop me semble-t-il et les chiffres doivent nous alarmer. Beaucoup d'inquiétudes... Les passages à l'acte qui parfois arrivent devraient être pris en charge en prévention par des professionnels de soin compétents. Mais, l'on manque de moyens pour prévenir, alors, au lieu de soigner, on enferme, on tait, et on cache...
Comment soigner notre folie par des méthodes douces et humaines et respectueuses de la différence?
Je finirais mon billet de ce matin par cette question du soin, et son offre, qui me semble, devrait être aussi complexe et diverse qu'ils existent de singularités humaines très différentes et de symptômes spécifiques. Quelles sont les thérapies actuelles qui sont "efficaces" (ce qui est court et bref n'est pas forcément "efficace" me semble-t-il...), tout en respectant la folie et la parole humaine de s'exprimer librement, parmi l'offre de soin? Et peut-on, doit-on, vraiment soigner la folie?