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Billet de blog 17 juin 2015

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A propos du "Qui gouverne l'Algérie" ? d'Ali Benflis

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La vacance du pouvoir. Hollande s'est rendu en Algérie en pleine vacance de pouvoir. Le propos d'Ali Benflis est dur, mais je crois, très juste. 

Sur le plan des apparences, rien n'est sauf. Abdelaziz Bouteflika est clairement très malade, son visage le montre plus encore que son manque de gestuelle et si il s'agissait de rassuer les algériens sur la santé de leur président à l'occasion de cette visite, c'est raté.
Le président Hollande est venu sanctionner la mise en place d'une caricature de gouvernance. Il a d'ailleurs surenchéri dans dans cette fantaisie protocolaire et diplomatique en insistant sur l'alacrité de Bouteflika, terme rare dont les médias ont fait des gorges chaudes, au point qu'on a le sentiment qu'il traduit ou résume une posture et une position définies à l'avance. Celle d'un président algérien certes diminuer physiquement mais en pleine possession de ses facultés intellectuelles.
Regardez le Petit Journal d'hier soir ( 16/06/2015) et vous y verrez ce chapelet des réactions des membres de la délégation françaises égrénant la parole actée d'un Bouteflika très vif et alerte sur le plan psychologique. Les raisons en sont sans doutes variées. L'une d'entre elles étant certainement la sacro-sainte volonté de stabilité pour un pays charnière dans la région.
Mais, on le devine, personne n'est dupe. Et c'est le propos de l'ancien premier ministre algérien, Benflis. Les algériens sont me semble-t-il convaincus depuis longtemps que le président ne préside pas et que dans la coulisse, ce doit être quelqu'un d'autre qui gère l'immense Algérie. En l'occurence ce quelqu'un est une institution dont le poids est aussi insolent qu'en Egypte, c'est l'armée.
Non pas Abdelmalek Sellal soit une marionnette mais on sait l'importance des généraux à Alger et pour gérer ce pays contradictoire, riche et rempli d'inégalités, encore convalescent d'une guerre civile, obligé de contribuer à sa manière à la sécurité de pays voisins, il est encore, à l'heure actuelle, visiblement nécessaire que l'armée algérienne s'en mêle. Pour défendre également beaucoup d'intérêts.
Toutes les nations méditerranéennes ont besoin que cette vacance continue de ne pas en être une officiellement et qu'il n'y ait aucune crise de régime. La France, on l'a dit, le soulignant avec la visite express de François Hollande. Et bien entendu des pays comme la Tunisie déjà agités par l'instabilité chronique en Libye, peinant à se redresser, fourbu par les grèves à répétition,subsistant d'un tourisme médicalisé et qui serait incapable de supporter des soubresauts chez son grand voisin qui auraient forcément des répercussions du côté de Tunis.
Ajoutons à cela que la défense tunisienne lutte depuis plusieurs années maintenant contre le terrorisme, dont une bonne partie est localisée à ses frontières avec l'Algérie et dont les animateurs sont des djihadistes algériens.
Coup d'état médical
L'Algérie pourrait,elle aussi, vivre son coup d'état médical. Parodiant la destitution de Bourguiba par Ben Ali, on pourrait imaginer le même scénario sur la scène algérienne. Oui, mais cela impliquerait que la situation de la faiblesse de Bouteflika serait vécue comme un fait acquis dont la conclusion serait impensée. Or, le sentiment que nous avons, également en Tunisie, c'est que le président algérien est la pour la galerie et que depuis longtemps, ce n'est plus lui qui dirige.
Certes, il faudra bien que l'exécutif en Algérie décide quelque chose mais sans doute que les hypothèses et surtout les scénarios sont déjà sur la table.  

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