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Billet de blog 1 décembre 2025

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Un nouveau « plan Marshall » pour les pays les plus pauvres

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

     C’est évident pour quiconque prête un tant soit peu attention à l’actualité internationale : les pays qui souffrent le plus de la faim, de la soif, de la pauvreté, du chômage, des maladies, des conflits, des catastrophes naturelles, des changements climatiques, sont ceux du tiers-monde. Si certains pays pauvres, comme l’Inde, nourrissent de grands espoirs de rejoindre le club sélect des pays développés (à quel prix ?), d’autres, comme Haïti et le Mali, n’y parviendront tout simplement pas. Car la situation continue de se détériorer dans la majorité des pays pauvres, aggravée par l’arrivée au pouvoir des Républicains aux États-Unis.

     Pour espérer sauver les pays les plus pauvres, il faut répartir les richesses de la planète de manière équitable et durable. Et pour y parvenir, il n’y a pas d’autres solutions que l’union des pays les plus pauvres avec les plus riches. Cela paraît utopique, mais existe-t-il un autre moyen d’inciter véritablement les pays riches à sauver la moitié de la planète ?

     La Guadeloupe et la Martinique ressembleraient probablement à Haïti si elles n’étaient pas restées françaises. De même, La Réunion ressemblerait probablement à Madagascar si elle n’était plus un département français d’outre-mer. Terre-Neuve-et-Labrador, terre de pêcheurs, serait probablement plus pauvre qu’elle ne l’est aujourd’hui si elle n’avait rejoint le Canada en 1949.

     Il semble que la chute du mur de Berlin ait coûté des milliards à l'Allemagne de l'Ouest. Il semble également que l’absorption de la Corée du Nord coûterait excessivement cher à la Corée du Sud. Les Allemands de l’Ouest ont accepté d’abaisser leur niveau de vie pour permettre à ceux de l’Est d’augmenter le leur, afin qu’un jour, l’Allemagne soit la même pour tous, par solidarité. Il en irait de même pour les Coréens.

     Concrètement, chacun des pays riches solliciterait au moins un pays parmi les plus pauvres (un intérêt particulier serait porté aux pays insulaires, dont plusieurs risquent de disparaître dans les décennies prochaines, du fait de la montée des eaux). Bien entendu, les rapprochements se feraient d’abord entre des pays qui ont des atomes crochus. Les populations concernées seraient consultées démocratiquement. Si la réponse est concluante, une tâche titanesque commencerait alors pour accroître durablement la richesse du pays pauvre. L’union profiterait non seulement à ce dernier, mais aussi, par extension, aux pays limitrophes.

     Cela dit, un pays riche ne contribuerait véritablement à l’essor d’un pays pauvre – et donc à son propre appauvrissement – que s’il est convaincu que ce pays pauvre contribuera un jour en retour à la richesse nationale. Cela mettrait en lumière les dangers du néocolonialisme, que les pays contreraient en instaurant des mécanismes de contrôle strict. Mais mieux vaut craindre le néocolonialisme que la mort imminente.

     Des pays préféreraient conserver leur indépendance, pour diverses raisons. Pour d’autres, en revanche, ce refus serait le fait d’élites corrompues qui, contrairement à la population dans son ensemble, ne verraient aucun avantage à l’intégration.

     C’est triste à dire, mais nous ressentons beaucoup plus de solidarité envers nos concitoyens qu’envers les citoyens du monde. Pour sauver la planète, nous devons rassembler les Terriens et construire une solidarité durable. Unir les pays les plus pauvres aux plus riches y concourrait.

     Il faut se poser la question suivante : les dirigeants des pays riches ont-ils vraiment intérêt à ce que les pays pauvres s’en sortent ? Je ne le crois pas, car ils se comporteraient différemment. Je ne serais même pas surpris qu’ils souhaitent un jour une baisse drastique de la population des pays pauvres pour assurer la viabilité de leurs propres populations sur cette Terre surexploitée et bientôt trop petite.

     Plus les populations des pays pauvres s’appauvriront, plus elles migreront vers les pays riches, fragilisant ainsi leurs économies. Raison de plus pour agir.

Sylvio Le Blanc

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