L’Inquiétante Ascension des Pesticides en France
En dépit de l'engagement pris en 2009 lors du Grenelle de l'environnement visant à réduire de 50 % l'usage des pesticides d'ici 2018, les chiffres racontent une tout autre histoire. Selon des données du ministère de l’Agriculture publiées le 7 janvier 2020, la France a vu une augmentation alarmante de 25 % de l'utilisation des pesticides sur la dernière décennie. Cette révélation contredit non seulement les objectifs d'Ecophyto 1, mais jette également un doute sérieux sur la faisabilité des promesses d'Ecophyto 2, qui repousse l'objectif de réduction à 2025. "Je pensais vraiment que nous allions voir une amélioration, mais le maintien du Glyphosate sur le marché c'est tout le contraire," confie Marc, un ingénieur parisien se formant à l’agriculture urbaine dans les fermes Dephy de la capitale. "On se sent pris au piège entre les exigences de choix politiques ultralibéraux détruisant la santé de l’environnement et des individus."
Quels indicateurs mesurent leur utilisation massive ?
L'une des données clés pour mesurer l’exposition des français aux pesticides est la notion de « résidu ». Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (l'Anses), un résidu est une substance présente sur ou dans un produit alimentaire à la suite de l'application de produits pesticides ou biocides. Bien que 97 % des aliments en France respectent les limites maximales en résidus (LMR), ces limites sont établies par matière active et ne prennent pas en compte l'effet cumulatif de ces substances sur la santé humaine. Un autre indicateur souvent utilisé est l'indice moyen de fréquence de traitement (IFT), qui varie selon les cultures et ne considère pas la toxicité des molécules actives. Les fruits, notamment les pommes avec une moyenne annuelle de 33 traitements principalement fongicides et insecticides, sont parmi les produits les plus traités. Pourtant, il y a une lueur d'espoir : en effet, les proches du ministre de l’Agriculture Marc Fesnau, et de la secrétaire d’État à la biodiversité Sara El Hairy ont montré une forte opposition au pesticide cancérigène.
Les positions du gouvernement français
Les ministres ont expliqué vouloir réduire rapidement l'usage du glyphosate et encadrer son utilisation pour limiter ses impacts. Parallèlement, ils recherchent d'autres solutions alternatives. Le ministère de l'Agriculture a mis en avant une réduction de 27 % de l'utilisation du glyphosate depuis 2017. Cette année-là, le président Emmanuel Macron avait promis d'éliminer l'usage du glyphosate en trois ans. Toutefois, les plans visant à réduire l'usage des pesticides de 50 % en dix ans n'ont pas atteint leur cible. Depuis le lancement du 'plan agroécologique pour la France' en 2012 par Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture de l'époque, l'agroécologie s'est progressivement intégrée dans diverses actions publiques. Parmi celles-ci figurent les plans Ecophyto et le plan protéines végétales. La relation entre la réduction de l'utilisation des pesticides, visée par ces politiques publiques, et l'augmentation des cas de cancer semble désormais établie. La Mutualité sociale agricole a reconnu, à ce jour, cinq maladies professionnelles liées à l'utilisation des pesticides. Ces maladies sont : la maladie de Parkinson (reconnue en avril 2012), le lymphome non hodgkinien (juin 2015), le myélome multiple et la leucémie lymphoïde chronique (2019), ainsi que le cancer de la prostate (décembre 2021). 'Je suis quotidiennement préoccupé par l'impact de mon travail sur ma santé,' confie Jean-Pierre, agriculteur dans l'Yonne. 'Le fait de savoir que je peux développer ces maladies à cause des pesticides que j'emploie est terrifiante.'
Un pesticide tuant les agriculteurs
L'exposition professionnelle aux pesticides a des effets sur la descendance des agriculteurs. En 2013, l’INSERM a évoqué une forte présomption d'un lien entre l'exposition parentale aux pesticides et divers effets néfastes sur la descendance, notamment l'apparition de leucémies, de tumeurs cérébrales, de malformations congénitales et de mort fœtale. Les effets à long terme de ces substances restent mal connus. Par ailleurs, la crise de la Covid-19 a stimulé la demande pour des produits alimentaires plus responsables et durables. Selon l’Agence bio, les produits biologiques ont notamment bénéficié de cette tendance, avec une augmentation de 15 % de nouveaux consommateurs bio en un an. Cette évolution est particulièrement notable chez les jeunes, qui voient dans le bio une forme de protection de l'environnement. 'Depuis la pandémie, je fais plus attention à ce que je mange. Choisir bio, c'est aussi choisir un avenir plus sain pour la planète,' déclare Émilie, une juriste à Lyon s’investissant dans le développement des fermes urbaines de son quartier, La Croix Rousse. L'agriculture urbaine, englobant divers modèles écolos alternatifs comme l'agriculture durable et raisonnée, est souvent citée comme un exemple de production durable. 'C'est un mouvement nécessaire,' affirme Marc, le conjoint d’Émilie, également adepte du bio. 'Nous devons repenser notre façon de cultiver pour préserver notre santé et celle de nos enfants,' ajoute ce père de deux jeunes enfants. Enfin, face à l'accumulation des preuves concernant les dangers du Glyphosate, un élan vers des pratiques agricoles plus durables se dessine. Cela marque une prise de conscience collective sur les enjeux sanitaires et environnementaux liés à notre alimentation.