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Billet de blog 29 mars 2023

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Un débat mal engagé

Retraite, retraite, retraite...et si le débat était mal posé ?

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Quelque chose me choque dans le débat actuel sur les retraites. Personne en effet ne relève l'idée selon laquelle je ne suis pas une donnée économique, ni même une donnée démographique. Je suis une personne : MOI.

Ca n'a l'air de rien cette idée, une idée très banale en fait, mais justement elle est au coeur du débat sur les retraites : "vous n'êtes pas moi, et je ne suis pas vous, non plus" .

De cette idée apparemment ridicule découle pourtant un grand nombre de considérations à commencer par celles qui pourraient être que la retraite devrait être un parcours personnel ! Un parcours où même les plus fragiles ont une place dés lors qu'ils démontrent leur volonté de s'insérer et de participer à l'effort commun durant leur vie active !

Ca n'a l'air de rien ce principe, mais précisément c'est en l'oubliant qu'on justifie, qu'on approuve sans le dire la Réforme des retraites. C'est parce qu'on oppose à certains l'idée "qu'on a cotisé, qu'on a acquis des droits" qu'on justifie l'existence de "sans droit" et qu'on reconnait la valeur variable, négociable de ces droits !

Ce que les manifestants oublient donc, ou feignent d'oublier, c'est la présence déjà considérable de "sans droit" de "sans points" ou mieux encore de "sans assez de points" ! Ceux là déjà sont sortis du débat, silencieux, inaudibles et pourquoi ne pas le dire trop rarement évoqués !

Qu'importe qu'un tiers des plus de 55 ans soient sans emploi, et donc sans droits futurs !

Qu'importe que les milieux économiques justifient l'existence de ces non cotisants par le trop fort impact des charges sociales (celles la même qui servent à payer les retraités actuels) ! Qu'importe que les chômeurs dont la situation est en partie due à ces charges délirantes soient sommés, en fait, de payer deux fois plus que les autres une violence économique et sociale qui fait des ravages parmi eux.

On a le mot "social" dans toutes les bouches lorsqu'on parle des retraites, on gorge celles ci d'expressions "révolutionnaires" mais on parle là en fait de révolution conservatrice : celle des droits acquis !

Comment mieux donner raison au gouvernement qui prétend lui assurer la pérennité du système en le réformant en vue d'assurer son équilibre financier ?

Qui a vraiment intérêt chez les "assurés sociaux assurés" à voir le système s'effondrer ?

Qui a vraiment intérêt à voir ses enfants étouffés par une charge qu'ils ne pourront pas assumer ?

Qui parmi ces révolutionnaires de façade a vraiment intérêt à voir arriver sur "le trône de France" un nouveau Robespierre, un Staline, ou plus probablement un Mussolini ?

Disons le : tant que les aspirants retraités ne posent pas le principe d'une retraite universelle garantissant les besoins de base de chaque personne âgée, on voit mal comment ils peuvent prétendre défendre : les droits.

Les gens qui défilent, aujourd'hui, ne représentent en fait que les "insiders", que les personnes encore assurées "d'avoir des droits" et justifiant en retour, et c'est un comble : l'existence de sans droit !

Qu'importe dés lors que dans les magasins on ait plus a faire qu'à des robots (qu'est donc devenue ma grand-mère caissière qui précisément générait des cotisations sociales ?).

Qu'importe que nos rares usines encore présentes sur le territoire travaillent à des modèles de production sans personnel d'exécution (trop coûteux...)!

Qu'importe que sur le parking d'une ANPE un homme s'immole par le feu parce qu'il n'a plus de travail, ni précisément de droits à...LOGIQUE ECONOMIQUE !

Qu'importe même que certains retraités cumulent plusieurs retraites et dépassent ainsi allègrement le niveau moyen des salaires actuels, alors même que pré existent encore tant de retraités pauvres et de salariés démunis !

Là justement on fait silence et on justifie l'injustifiable par cette "logique économique" et les "droits acquis" sans voir précisément que depuis l'émergence d'une "génération chômage" nous travaillons collectivement, patiemment et surement, à tout le détricotage de notre système social !

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