Pour ce nouveau blog de l’été, j’ai imaginé que Dominique Besnehard, excellent observateur du show-biz, quitte un moment le monde du cinéma et du théâtre pour commenter la vie politique et parisienne.
BESNEHARD SE LACHE …
Merci d’accepter de nous commenter la vie politique française malgré vos réticences à renouer avec ce monde qui, je crois, vous a profondément déçu ?
C’est vrai et cela date de 2009 suite à ma fâcherie avec Ségolène Royal. Avec elle, ze voulais “changer le monde“. Dans ma vie, la pire déception ne vient pas du show-buziness, mais bien de la politique : un monde impitoyable ! Cela reste pour moi, une déception … viscérale. Ségolène m'a écarté d'un coup et ce fût ma "plus grande blessure". Or la politique z’y croyais. J’y crois toujours, d’ailleurs ! C’est un milieu très dur, bien plus que le show-business dont on dit qu’il est cruel". C'est sûr, on ne m'y reprendra plus.
Êtes-vous toujours déçu par le monde politique ?
Z’étais un zébulon attiré par les phares de la politique mais très méfiant maintenant. Mes amis disent que j’ai des colères spectaculaires mais passagères … Quant je zuis en empathie avec quelqu’un, j’ouvre mon réseau et mon cœur facilement. Avec Ségolène, je n’ai pas hésité à mouiller ma chemise pour elle, zour et nuit. « Désirs d'avenir » était une secte où on se demandait toute la journée ce qu'on allait faire pour notre “Madone“. Et puis un jour, elle m’a répudié par voie de presse. Je l’ai aimée et je conserve même dans mon salon, une photo de nous deux avec un mot adorable signé de sa main.
Êtes-vous toujours de gauche ?
C’était avant, une autre époque où z’étais amoureux de Ségolène, de son trajet, de son destin. Son compagnon de l'époque, André Hadjez, a hélas fait le vide autour d'elle. Ce sont surtout les guignols de Canal + qui ont mis à mal notre relation car elle passait pour une marionnette entre mes mains. Et ze comprends auzourd’hui pourquoi elle a choisi de m'écarter … Désormais, je n’ai aucune chapelle. Comme pour le cinéma où je défends les comédies populaires comme les films d'auteur ; je scrute maintenant surtout les hommes et les femmes politiques et ze m’intéresse davantage à leur programme …
En tombant facilement amoureux de vos acteurs et actrices, vos jugements sont-ils fiables ?
Z’est sûr que je peux tout aussi facilement me mettre colère. Ainsi, lors de la cérémonie d'ouverture des César, en février 2020, j’ai engueulé Florence Foresti pour sa façon de s’attaquer au grand Roman Polanski. Sa movèse caricature rappelait les heures les plus sombres de l'histoire. Et puis, c'est quand même impossible cette « police de la pensée » !!! On peut rire de tout le monde, mais pour moi, c'était nauzéabond cette cérémonie. Enfin, ze ne veux pas revenir là-dessus, ze me suis tellement énervé que ze me suis même fâché avec beaucoup de zens !
Comment avez-vous vécu le confinement
Plutôt bien, tranquille comme Baptiste dans mon appartement du 17e arrondissement à Paris. Les rues z’étaient désertes et très calmes. Z’ai passé mon temps à ranger de vieux souvenirs et z’ai eu l’impression de voyager dans le passé. Je lisais surtout des biographies d’acteurs et, j’ai beaucoup regardé les chaînes de cinéma. Ainsi j’ai revu deux fois "Piège pour Cendrillon", merveilleux film oublié d’André Cayatte, avec Dany Carrel et Madeleine Robinson. Et z’écoutais aussi Roselyne Bachelot dans son émission “peoplitique“ sur LCI, sans me douter qu’elle serait la nouvelle ministre de la culture …
Qu’avez-vous fait juste après le confinement
Ze suis allé dans un grand restaurant pour me faire plaisir et oublier mes plats de pates. Et z’ai préparé la quatrième saison de « Dix pour cent » dont il ne reste plus que la post-production. J'ai évité de passer devant les cinémas, bien que j'habite juste à côté du Studio des Acacias, Mac Mahon. Et c'est vrai qu'on voyait, par le titre du film datant déjà de deux mois, qu'il était fermé. C'est bien sûr très violent ! Normalement, mon festival du film d’Angoulême devrait être maintenu mais … ze reste inquiet.
Suite au déconfinement, les manifestations féministes et anti-racistes se sont multipliées, qu’en pensez-vous ?
Ze suis évidemment contre les violences faites aux femmes et contre les actes racistes mais d’un autre côté, ze suis très réservé vis-à-vis de ces mouvements et “jugements“ de rue. En 2018, la militante orthodoxe Caroline de Haas a porté plainte contre moi car j’avais déclaré que z’avais envie de la gifler … pour avoir affirmé qu’« un homme sur deux ou trois est un agresseur sexuel. » Ses propos grotesques sont indignes ! Aujourd’hui la rue aime incriminer les fumeurs, les agriculteurs, les patrons, les conducteurs de diesel, les habitués du low-cost, les machos, les flics, les bobos, les propriétaires de chien et les célébrités … sans oublier évidemment les politiques.
Vos jugements semblent très souvent guidés par vos émotions, en êtes-vous prisonnier ?
Si ze défends Roman Polanski accusé de viol, c’est que j’apprécie le grand réalizateur pédophile ; si je ne polémique pas sur Bachelot, c’est que j’aime son populisme ; si je ne dénonce pas le racisme des policiers, c’est parce que ze suis blanc ; si je veux gifler et fesser une féministe, c’est parce que je suis un gros macho hétéro ! Ze ne cherche pas en effet à dissimuler mes émotions comme lorsque je critiquais aux Césars, la sous-ministre Marlène Schiappa qui “ferait mieux de se taire“ et donne l'impression de vouloir la guerre entre les femmes et les hommes.
À propos de politique, quel est votre avis sur la nouvelle ministre de la Culture ?
Z’ai été nommé fin 2019, Président de la commission d’Aide sélective à la distribution de films par Emmanuel Macron. Je ne peux donc critiquer la nomination de la “Tata Flingueuse“ même si ze regretterai ses rubriques … iconoclastes sur LCI. De toute manière, ze dis touzours du bien des gens, car c’est ma nature. Z’ai des colères mais elles ne durent pas …
Et votre avis sur les autres ministres ?
Ah, z’aime beaucoup l’avocat Dupont-Moretti. Il a chez lui un côté Depardieu, ours mal léché, animal, brutal et intimidant, … une vraie bête de cirque que z’aurais aimé caster !
Darmanin m’inspire aussi comme premier de la classe surtout avec sa face sombre …
Je regrette Édouard Philippe et sa barbe tricolore : noir, grise et blanche que je verrai bien jouer un personnage énigmatique, … de traitre par exemple.
Quant au Président Emmanuel Macron, il me fait penser bien sûr à Jean-Paul Belmondo dans “Les Tribulations d’un chinois en Chine » luttant contre le conconvirus !
Et votre avis sur les membres de l’opposition ?
Z’adore Mélenchon Ronchon. Il est capable d’interpréter tous les rôles, … sauf celui du gentil et encore. Il est toujours magnifique en agressif impulsif et même sublime lorsqu’il déclame “La République, c’est moi !“ avec cette colère noire magnifiquement surjouée. Ou encore postillonnant contre un malheureux cheminot : “J'use ma vie à vous défendre !“.Grandiose quand il vomit sur les journalistes les qualifiant d'"abrutis" et de "menteurs".
Z’ai par contre été très déçu par Marine Lepenible qui a complètement loupé ses répliques du second tour des présidentielles face à Macron ; même ses mimiques étaient en contre-emploi ! Non, une bien mauvaize actrice qui nous fait cruellement regretter son père. Il avait lui, un réel talent même s’il se cantonnait dans un même rôle … mais avec une faconde et une sublime mauvaise foi !
Quant à Anne Hildago, elle est malheureuzement trop marquée par sa série à la mairie de Paris et reste trop connotée à son personnage provincial.
Enfin, le vert Yannick Jadot n’est qu’un pâle second rôle qui se prend pour la vedette alors qu’il n’en a pas l’envergure. Son gros défaut, c’est qu’il se croit plus important qu’il n’est : la grenouille verte qui se prend pour le bœuf et qui finit par exploser. Bon débarras …
Passons donc à l’écologie, que pensez-vous des résultats des municipales à Paris, Lyon, Marseille ?
Ze suis en vert et contre tout ! C'est très bien que l’on pense à préserver la nature, qu'on essaye de manger sainement et bio, qu'on interdise les pesticides et les polluants, mais je suis contre l’écologie punitive. Ze déteste les critiques contre les automobilistes et les agriculteurs qui sont devenus les nouveaux boucs émissaires de la pensée verte. Z’ai voté pour la réélection de la maire de Paris mais ze comprends que les franciliens soient excédés car beaucoup d’entre eux n’ont malheureusement pas d’autre choix que d’utiliser leur automobile ! Aux heures de pointe, les RER et métros sont dézà bondés et les usagers sont maltraités comme des sardines … dans leur boite de transport.
Faut-il alors arrêter de surconsommer ?
Je ne vois pas comment interdire aux zenfants d’utiliser leurs zeux en ligne, leurs smartphones, leurs tablettes … Et dire aux adultes de ne plus aller au cinéma, d’éteindre la télévision, de supprimer la voiture, de boycotter l’avion, de s’éclairer à la bougie, de ne plus voyager, … mais aussi de ne pas télé-travailler ! Mezures qui ne seront d’ailleurs jamais zuivies par les pays en développement ni acceptées par les pays riches !
Pourtant 150 citoyens tirés au sort demandent des référendums sur l’écologie ?
On vote déjà beaucoup trop alors que l’abstention progresse dangereusement à chaque élection. Je ne suis pas certain que les 67 millions de français et 44 millions d’électeurs soient favorables à réduire leur train de vie qui n’est déjà pas excessif. Chacun doit faire un geste mais arrêtons de nous culpabiliser ! Les pets de vaches sont même mis à l’index. …
Comment avez-vous réagi face au conconvirus ?
Vous savez que ze préfère le spectacle et le monde de l’imaginaire. On ne sait toujours rien de ce conconvirus mais je pense à des scénarii pour films catastrophes. Certes, il y a eu des films d’anticipation sur des pandémies mais qui aurait imaginé un tel spectacle avec un monde quasiment paralysé. Z’ai beaucoup apprécié ces politiques dépassés qui en implorent aux scientifiques comme des pythies pour appréhender l’avenir … Et la Série des “masques“ avec ses multiples rebondissements : d’abord pas utiles, ensuite réservés aux professionnels soignants, enfin nécessaires, puis obligatoires … même dans la rue. La mascarade finale du docteure J’abuse et les épizodes des Municipales avec l’intrigue pornographique du candidat Benjamin Grivois. Un film à nombreux Césars mais hélas, la vraie vie est passée par là, rendant caduque son exploitation …
Mais avez-vous peur pour l’avenir ?
Mes deux grands-parents ont fait la guerre de 14/18 et mes parents ont subi celle de 39/45. Et la vie était vraiment dure mais ils étaient moins pessimistes et râleurs que notre génération.
Z’entendais l’autre jour dans le bus une jeune femme obligée de revivre chez ses parents, qui rouspétait car on lui avait supprimer l’aide au logement. Son amie lui expliquait que c’était normal car elle ne payait plus de loyer. Elle était dans le déni total et trouvait zcandaleux que la ville lui ait “amputé“ son salaire ! Il faudrait regarder le verre à moitié rempli plutôt qu’à moitié vide. Zi cela ne change rien sur le fond, la forme est importante car elle montre notre état d’esprit …
Et pour conclure ?
De bonnes vacances à toutes et à tous … en profitant de la plage, de la mer et bien sûr des salles de cinéma, …
Dominique Besnehard né le 5 février 1954 à Bois-Colombes, est un producteur de cinéma et acteur français. Avant d'être un des plus grands agents artistiques français et représentant de nombreux acteurs (Niels Arestrup, Michel Blanc, Alain Chabat, Richard Anconina, Pierre Arditti, …), actrices (Isabelle Adjani, Sophie Marceau, Nathalie Baye, Charlotte Gainsbourg, Vahina Giocante, Valérie Kaprisky, …), réalisateurs et metteurs en scène (François Ozon, Samuel Benchetrit, Jean-Michel Ribes, André Zulawski, Claire Denis, Catherine Corsini, …) au sein de l'agence “Artmedi“, Il fut directeur de casting.
Homme de gauche, il s’engage auprès de Ségolène Royal qu’il soutient et conseille lors de la Présidentielle de 2007 et jusqu’en 2009. En 2014, il est promu dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Créateur du festival du film francophone d'Angoulême, producteur de la série à succès « 10% » sur France 2, Dominique Besnehard est également un excellent observateur du show-biz et de la vie politique.