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Lien 29 janv. 2023

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Limites de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe OSCE

Seule institution de sécurité européenne où Russie, USA, Canada, les pays d’Europe et d’Asie centrale, peuvent dialoguer dans un cadre multilatéral et sur un pied d’égalité, l’OSCE souffre depuis 20 ans d'une perte d’importance qui s’explique par la concurrence d’autres Organisations multilatérales, le regain de tensions entre la Russie et les Occidentaux, et ses faiblesses intrinsèques

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_pour_la_s%C3%A9curit%C3%A9_et_la_coop%C3%A9ration_en_Europe

Limites de l'Organisation et critiques

L’OSCE reste un acteur essentiel de la sécurité paneuropéenne, en sa qualité de seule institution de sécurité européenne où la Russie, les États-Unis, le Canada, tous les pays d’Europe et d’Asie centrale, peuvent dialoguer directement dans un cadre multilatéral et sur un pied d’égalité. L’ONU a reconnu l’OSCE comme organisation régionale à même de la décharger par exemple dans le domaine de la prévention des conflits.

Cependant, l’OSCE souffre depuis le début des années 2000 d'une perte d’importance qui s’explique par la concurrence d’autres Organisations multilatérales, le regain de tensions entre la Russie et les Occidentaux, et enfin ses faiblesses intrinsèques2.

Concurrence de l'OTAN, de l'UE et du Conseil de l'Europe

L’architecture européenne de sécurité a changé, ce qui a fait perdre de l’attrait à l’OSCE. De nombreux États ont adhéré à l'OTAN et à l'Union européenne qui peuvent offrir à leurs membres des garanties dans le domaine de la sécurité et une puissance économique et financière bien supérieures aux capacités de l'OSCE. L’UE et l’OTAN ont en outre créé des possibilités d’association élargies, ce qui a fait perdre de l’importance au caractère global de l’OSCE. Sur la plupart de ses activités, l'OSCE souffre de la concurrence de l'Union européenne et de l'OTAN dont les moyens sont plus importants et dont les décisions ne sont pas soumises à un consensus avec la Russie2. Avec la mise en place d’une Politique de sécurité et de défense commune (PSDC), l'UE est devenue active dans des domaines qui passaient avant pour des compétences centrales de l’OSCE, comme l’observation des élections, la médiation ou les missions sur le terrain. La Mission d'observation de l'Union européenne en Géorgie (EUMM Géorgie) ou la Mission de police de l'Union européenne en Bosnie-et-Herzégovine (en) en sont des illustrations concrètes.

Le recouvrement des activités existe aussi avec le Conseil de l’Europe, surtout dans le domaine de la dimension humaine, par exemple sur les questions de promotion des droits de l’homme et de la démocratie. Les deux institutions ont toutefois établi des mécanismes de coordination2.

Regain des tensions entre la Russie et les Occidentaux

La Russie considère que la stratégie coopérative des années 1990 avec l'Ouest a échoué et que l'élargissement de l'OTAN et ses plans en matière de défense antimissile ignorent la sphère d'influence légitime russe et ses intérêts sécuritaires. La crise ukrainienne, les désaccords au Moyen-Orient détériorent encore depuis 2014 les relations de Moscou avec Washington et les grandes capitales européennes.

À l'égard de l'OSCE, la Russie formule plusieurs critiques. La dimension humaine serait trop privilégiée, aux dépens de la dimension politico-militaire ; l’OSCE interprèterait le champ de tension entre la souveraineté étatique (intégrité territoriale, non-intervention, frontières inviolables) et les droits fondamentaux des êtres humains dans un sens trop favorable à ces derniers. L'OSCE est aussi critiquée par la Russie pour son ingérence dans les affaires intérieures de certains pays de l'ex-URSS, et son soutien aux révolutions de couleur. Dimitrij Rupel, président en exercice de l'OSCE en 2005, affirme que les accusations sur l'implication de l'organisation dans les révolutions de couleur « n'ont rien à voir avec la réalité »25. Une autre critique est que l'équilibre géographique de l'engagement de l'OSCE a disparu : l'OSCE n'intervient quasiment qu'« à l'est de Vienne » bien qu'il y ait aussi des thèmes importants « à l'ouest de Vienne », par exemple au Pays basque ou en Irlande du Nord.

Intervenant le 10 février 2007 à Munich devant la Conférence sur la sécurité, Vladimir Poutine critique vivement l'OSCE devenue selon lui un instrument vulgaire servant à imposer les intérêts de certains États occidentaux26.

L'OSCE a été victime d'une attaque informatique majeure attribuée à la Russie au début du mois de décembre 2016. L'attaque a été révélée le 27 décembre 2016 de la même année. Les services de renseignements occidentaux ont attribué cette attaque a Fancy Bear qui est un groupe de hackers probablement lié au renseignement militaire russe (GRU)27.

Victor-Yves Ghebali, professeur honoraire à l'IHEID à Genève et grand expert de l'OSCE, pointe du doigt la « molesse » et la « complaisance » des Occidentaux vis-à-vis de la Russie, notamment dans le cadre de conflits gelés de l'espace post-soviétique. Il relève en effet que dans la question de Transnistrie, d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, les pays de l'Union européenne et les États-Unis « se sont abstenus de tout blâme vis-à-vis de Moscou », « ont régulièrement reconnu la « contribution positive » apportée par la Russie à la stabilité [de ces régions] », « ont évité de reprocher à la Russie le non-respect des engagements pris lors du Sommet d'Istanbul (1999) de retirer ses troupes de Moldavie et ses bases de Géorgie », « n'ont pas hésité à faire usage de la pression pour obliger Chisinau et Tbilissi à retirer des amendements critiquant Moscou lors de certaines réunions ministérielles de l'OSCE », « n'ont pas cessé de cautionner des « médiations » [russes] dont ils connaissaient pertinemment l'inanité et, par là même, d'entraîner l'OSCE (et l'ONU pour ce qui est de l'Abkhazie) dans un jeu de dupes sans issue »28.

Faiblesses intrinsèques

L'OSCE ne dispose d'aucune force pour faire appliquer ses délibérations, et l'OTAN ou les forces russes restent les bras armés assurant la sécurité dans toute la région. Le rôle de l'Organisation est plus celui d'une organisation politique au sens strict, que celui d'une organisation chargée de veiller à la sécurité de l'Europe. L'OSCE s'est avérée incapable de prévenir les conflits armés meurtriers dans les Balkans, au Caucase et en Asie centrale. Ses principaux succès, les missions au Kosovo, en Croatie et en Bosnie sont anciens. Dans les « conflits gelés », par exemple en Transnistrie et au Nagorny Karabakh où l’OSCE est active depuis longtemps, aucun succès n’est en vue. Et le travail de fond que le BIDDH et le HCNM réalisent ne suscite que peu d’attention publique2.

Par ailleurs, depuis la fin de la guerre froide l'OSCE a considérablement élargi l’éventail de ses activités alors que ses moyens restent limités : de la prévention des conflits à la promotion de la liberté des médias et du commerce en passant par la lutte contre le terrorisme et la traite des êtres humains, l’OSCE s’engage dans les domaines les plus divers au risque d’une dispersion de fond.

En matière de sécurité, l'action de l'OSCE est freinée par les conflits d'intérêts et le manque de coordination militaire entre les pays participant notamment en Asie centrale, et le mode de traitement égalitaire des voix dans l'OSCE, indépendamment des participations respectives.

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