On nous accuse de terrorisme Si nous prenons la défense D’une rose, d’une femme Et d’un infaillible poème D’une patrie qui n’a plus Ni eau ni air Ni tente ni chamelle Ni même de café noir. On nous accuse de terrorisme Si nous avons le courage de défendre La chevelure noire de Balqis Les lèvres de Maysoun … Hind, Daâd Ou Loubna et Rabab Et une pluie de khôl noir Tombant de leurs cils comme une inspiration ! Vous ne trouverez pas chez moi De poème secret… De langage secret Ni de livre secret enfermé derrière portes closes Et je ne garde pas de poème Arpentant les rues, voilé par un hijab. On nous accuse de terrorisme Quand nous écrivons sur les dépouilles de notre patrie Foulée, démembrée, déchiquetée Aux moignons dispersés Une patrie cherchant son nom Et un peuple innommé Une patrie qui a perdu ses anciens grands poèmes À l’exception de ceux de Khansa Une patrie qui a perdu sa liberté rouge, bleue ou jaune Une patrie qui nous interdit D’acheter un journal D’écouter les informations Une patrie où les oiseaux sont interdits de pépiement Une patrie Dont les écrivains écrivent Sur le vent, par peur. Une patrie À l’image de notre poésie Faite de mots abandonnés Hors du temps Importés Avec une face et une langue étrangères… Sans début Ni fin Sans lien avec son peuple ou son pays Impasse de l’humanité Une patrie Allant aux négociations de paix Sans dignité Nu-pieds Et sans aucune dignité Une patrie Où les hommes pris de peur se sont pissé dessus Et où seules restent les femmes !