On commence à voir plus clair dans la stratégie des différents syndicats afin d'empêcher le blocage du pays. Et conséquemment permettre la victoire de Macron par défaut de combativité. Tout en préservant leur réputation de farouches défenseurs des salarié(e)s.
La thèse officielle c'est que l'on pourrait tout bloquer afin d'obliger Macron à céder. Enfin quand je parle de thèse officielle, il s'agit seulement de quelques grands syndicats, d'autres grands syndicats tels que la CFDT CGC CFTC s'interdisent absolument tout blocage.
Dans les faits la méthode de lutte préconisée repose sur les deux outils perdants de 2010:
- D'une part la répétition des manifestations rituelles, sans résultats et sans perspectives
- D'autre part de nombreuses grèves sectorielles isolées et bien espacées dans le temps
La répétition des manifestations inefficaces va épuiser les manifestants et casser la dynamique de lutte débutée le 19 janvier et le 31 janvier (qui serait une manifestation non moins importante !)
La dispersion des grèves va atténuer leur efficacité en permettant au gouvernement de réagir aisément et au coup par coup.
Je ne dispose pas de toutes les informations mais au moins quatre grands secteurs sont prêts à agir:
- Les cheminots: deux jours de grèves les 7 et 8 février, éventuellement reconductibles. La RATP fera 1H de grève à partir du 31 janvier.
- L'énergie: peut être du 6 au 8 février.
- L'éducation nationale: les syndicats, mais pas tous, proposent de faire une grève reconductible à partir du 31 janvier.
- La chimie: la branche pétrole de la CGT ce sera le 26 et 27 janvier. Les dockers aussi.
Le scénario qui se dessine est celui de 2010. Avec des grèves sectorielles bien distinctes. Et inefficaces.
Surtout que nombre de salarié(e)s hésitent à partir en grève reconductible s'il n'y a pas un mouvement d'ensemble. La perte financière est importante et ne se justifie que s'il existe des chances raisonnables de victoire.
Or des grèves isolées sont inefficaces dans la mesure ou le pouvoir peut les combattre une par une. Par la communication en les désignant comme une minorité de "privilégiés" nuisibles. Et par la répression qui peut cibler plus facilement un groupe réduit. Cf EDF.
A ce sujet il est pour le moins étonnant d'entendre certains syndicats conseiller des actions illégales qui vont conduire les salarié(e)s en garde à vue. Et tenter de remplacer la mobilisation de masse par de l'action spectacle ?
Par principe, je n'ai rien contre une certaine dose d'anarchie lorsqu'elle est créatrice et constructive, mais pour bloquer un pays il faut un minimum d'organisation. Pour essayer de synchroniser les grèves.
Actuellement deux dates émergent, soit autour du 31 janvier, soit vers le 7 février.
Ce qui revient à diviser nos forces par deux au profit du gouvernement.
Les grèves vont s'étaler de janvier à début mars. Facilement "neutralisables" par le gouvernement elles seront inefficaces.
C'est très étonnant d'entendre les dirigeants syndicaux prôner le "tous ensemble" et favoriser en pratique la dispersion des forces. Or l'intersyndicale refusera toujours d'appeler à une coordination des luttes qui ferait chuter le gouvernement.
Tous les prétextes sont bons:
- pour préserver l'unité syndicale on s'aligne sur les moins combatifs, donc pas de blocage
- les salarié(e)s auraient peur de perdre de l'argent à cause de l'inflation, (mais perdre la retraite non ?)
- il faut laisser les gens agir tous seul dans leur coin, au nom de la "démocratie"
- il ne faut pas s'aliéner la population, (même si elle approuve ?)
- Et j'en passe surement des meilleurs ...
Dont acte. Mais maintenant concrètement on fait comment ?
La première question à résoudre consiste à trouver une date unique pour démarrer les reconductibles dans les secteurs qui peuvent partir en grève dès maintenant. Outre ceux que j'ai cité il y a en a de nombreux dans le public et le privé mais ils attendent un signal clair afin de ne pas se lancer dans une grève couteuse et perdante !
Personnellement la date du 31 janvier après une méga manifestation me parait intéressante et pourrait être mise en avant partout dans les AG. Le 7 février convient aussi, la moyenne des deux dates est également une solution. Enfin tout sauf l'étalement sur deux mois.
Quoiqu'il en soit il faut revenir au basique:
Pour gagner c'est tous et toutes ensembles !
Et donc au même moment !!
Espérons que l'étincelle qui embrase la plaine jaillira quelque part, mais en l'organisant un peu ce serait quand même plus sur :)