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Billet de blog 1 novembre 2025

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Trump et le cynisme meurtrier : l’annexion de la Cisjordanie redouble d’intensité

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Derrière des simagrées diplomatiques, des postures de faiseurs de paix mais surtout dans la plus grande vacuité morale qui soit, les États-Unis et le plan de « paix » de Donald Trump se présentent comme des opposants à l’annexion de la Cisjordanie et la construction de plus de colonie de peuplement juive. Néanmoins, pour qui est un tant soit peu, la vérité demeure macabre : le génocide à Gaza se poursuit et l’absorption de la Cisjordanie par le régime colonial d’Israël redouble d’intensité.

Dans un souci de garder les opinions publiques arabes sous contrôle, les dirigeants arabes inféodés à Washington avaient obtenu de Donald Trump la promesse qu’il empêcherait l’annexion de la Cisjordanie et ainsi célébré le soi-disant « cessez-le-feu » qu’Israël a violé plus de 120 fois depuis le 10 octobre, poursuivant son entreprise génocidaire comme si de rien n’était. En effet, ces pantins auraient bien du mal à vendre à leurs populations un plan de normalisation avec le régime sioniste s’il ne reste absolument plus rien qui puisse faire illusion et maintenir la chimérique existence d’un État palestinien atrophié.

Bien évidemment, et sans surprise pour qui conque connait l’historique du régime génocidaire et de son allié américain, cette promesse a été contredite et désavouée par le parlement israélien qui a voté deux textes de lois appelant à l’annexion pure et simple de la Cisjordanie.

JD Vance, vice-président des États-Unis, alors en Israël lors de ce vote infame, qualifie les faits de « manœuvre politique très stupide » et qu’il se sentait « personnellement offensé », c’est dire si la situation est à la fois grave, pathétique et révélatrice du mépris du régime colonial pour toute mesure qui n’implique pas l’effacement total de la Palestine. Il y a là la démonstration que l’État colonial israélien ne veut ni la paix, ni cohabiter, ni accepter l’existence même du peuple palestinien.

Dans une tentative grossière d’apaiser ses alliés arabes inquiets, Donald Trump a dépêché son secrétaire d’État, Marco Rubio, chargé de rappeler publiquement à Israël que le moment n’était, paraît-il, pas opportun. En route vers Tel-Aviv, Rubio déclare : « Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour l’instant », autrement dit, plus tard, oui. Une semaine plus tôt, Trump tenait le même discours devant Time Magazine, répétant à qui voulait l’entendre : « Cela n’arrivera pas. Pas maintenant. J’ai donné ma parole aux pays arabes. Si Israël le faisait, il perdrait tout le soutien des États-Unis ». Le mot clé ici est « maintenant ». Car c’est bien sur le calendrier que portent les désaccords, non sur l’objectif.

L’administration américaine ne s’oppose pas à l’expansionnisme israélien, elle l’encadre, l’orchestre et le légitime. Sous Trump, le plan de « paix » conçu par Jared Kushner validait déjà l’annexion de près d’un tiers de la Cisjordanie. À l’époque, Netanyahou promettait d’annexer immédiatement la vallée du Jourdain et les colonies existantes, se posant en modéré en suspendant, par pure générosité, la construction de nouveaux avant-postes dans les zones concédées aux Palestiniens. L’ambassadeur américain David Friedman avait tranché : Israël n’avait « pas à attendre » et Washington « reconnaîtrait » l’annexion. Trump justifiait cyniquement : « C’est un petit pays... petit en termes de territoire ».

Les régimes arabes n’ont jamais cru à ces fables ; ils font semblant d’y croire pour sauver les apparences. Trump, lui, a déjà entériné les précédentes annexions : le Golan syrien en 2019, Jérusalem-Est en 2017. Pourquoi s’opposerait-il à celle de la Cisjordanie ? Il ne fait que différer le moment. Israël, sûr de son impunité, considère déjà la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le Golan comme des acquis et vise désormais plus loin. Netanyahou parle de « mission historique et spirituelle », invoquant la promesse biblique d’un « Grand Israël » englobant la Jordanie, la Syrie, le Liban, l’Égypte et l’Irak.

Les condamnations arabes, lorsqu’elles existent, relèvent du rituel diplomatique. Depuis 1948, ces régimes se sont accommodés de toutes les annexions israéliennes, allant parfois jusqu’à les légitimer : l’Égypte, la Jordanie, les Émirats, le Maroc, le Soudan et Bahreïn ont normalisé leurs relations avec un Israël bâti sur des terres volées.

L’histoire récente parle d’elle-même. En 1948, Israël fut reconnu malgré l’usurpation de la moitié du territoire palestinien, Jérusalem comprise. En 1949, il annexa Jérusalem-Ouest, y installa son gouvernement et la proclama capitale, aussitôt acceptée de facto par les puissances occidentales. Les dirigeants arabes suivirent, à commencer par Sadate à la Knesset en 1977, puis Hussein de Jordanie, venu lui aussi se recueillir à Jérusalem annexée.

L’idée du « Grand Israël » n’est pas l’obsession d’un seul homme ; elle constitue l’ADN du sionisme d’État. En 1956, Ben-Gourion célébrait l’invasion du Sinaï et de Gaza comme une « victoire biblique ». En 1967, Israël réoccupa, annexa et colonisa, consolidant pierre après pierre son empire colonial. Aujourd’hui encore, Tel-Aviv crée des « zones tampons » en Syrie, et des colons y fondent de nouvelles implantations au nom d’une mission divine.

L’annexion n’a jamais cessé ; elle change simplement de nom. En 2002, le mur d’apartheid a absorbé 10 % de la Cisjordanie, sans autre réaction qu’une indignation protocolaire. Depuis 1967, la vallée du Jourdain reste convoitée, et le plan Trump de 2020 l’a déjà légitimée. Tous savent que l’annexion se poursuit, à bas bruit, avec la bénédiction tacite de la communauté internationale. Rubio lui-même l’a reconnu : « Pour l’instant, cela pourrait être contre-productif », autrement dit, plus tard, ce sera bénéfique.

Un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies documente désormais la complicité de dizaines d’États, européens et arabes, dans le génocide en cours. Le Washington Post révèle que plusieurs régimes arabes, dont la Jordanie, le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats, ont accru leur coopération militaire avec Israël depuis le début de la guerre. Et lorsque les Palestiniens résistent à cette trahison généralisée, ces mêmes États feignent l’étonnement tout en préparant, au nom du « droit d’Israël à se défendre », la prochaine phase du massacre.

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