Dans la soirée du 8 décembre, tandis que le Théâtre du Rond-Point programmait la pièce Golgota Picnic, et en réaction à cette dernière jugée blasphématoire, l'archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, André Vingt-Trois, a organisé une veillée de prière à Notre Dame au cours de laquelle ont été proposées « une méditation de la Passion du Christ » et « la vénération de la sainte couronne d’épines ». L'événement est exceptionnel. Il a réuni plusieurs milliers de personnes. Il est venu, rappelons-le, à l'appui de nombreuses actions d'éclat, parfois violentes, organisées par Civitas, un groupuscule lefebvriste national-révolutionnaire, et par Frigide Barjot, comique troupière médiatico-papiste, dont on peut admirer sur Internet les œuvres à forte valeur spirituelle ajoutée, comme le clip : « Fais moi l'amour avec deux doigts » (voir vidéo jointe).
Outre la qualité de leurs fréquentations, on peut s'interroger sur le discernement de l'archevêque et de ses fidèles d'un soir. A tout le moins sur leur sens des priorités. En effet :
- depuis des semaines, on voit se succéder les propos et discours xénophobes émanant d'importantes personnalités politiques françaises... mais pas une seule veillée de prière exceptionnelle à Notre-Dame pour méditer sur le sort des étrangers vivant en France.
- depuis des semaines, ces mêmes discours sont suivis d'actes de discrimination à l'égard de jeunes diplômés étrangers (cf le Collectif du 31 mai) qui avaient cru aux valeurs universelles de notre pays, face lumineuse de son héritage chrétien... mais pas une seule veillée de prière exceptionnelle à Notre-Dame pour méditer sur le sort de cette jeunesse déçue et désemparée.
- depuis des semaines, et plus précisément depuis Fukushima, le risque d'accident nucléaire dans certaines régions du Globe se précise et se rapproche... mais pas une seule veillée de prière exceptionnelle à Notre-Dame pour méditer sur les menaces qui pèsent sur notre Terre.
- depuis des semaines, la crise économique maintient dans la pauvreté et l'exclusion des millions de Français, dont beaucoup n'arrivent plus à se loger ni à se nourrir... mais pas une seule veillée de prière exceptionnelle à Notre-Dame pour méditer sur la misère et l'injustice.
Enfin, le 8 décembre, on apprenait l'annulation de la condamnation à mort de Mumia Abu Jamal (commuée en peine de prison à vie), aux Etats-Unis. Des milliers de personnes, dont beaucoup de chrétiens, se sont mobilisées dans le monde depuis des années pour cet homme devenu un symbole de la lutte pour la vie et contre la peine de mort. Mais le jour de la bonne nouvelle, pas de célébration exceptionnelle à Notre-Dame de Paris pour s'en réjouir et pour méditer sur le sort des autres condamnés à mort.
Ce soir-là, pour l'archevêque de Paris et ses fidèles, il y avait un sujet bien plus grave à dénoncer : la représentation d'une pièce de théâtre au rond point des Champs Elysées.