Pourquoi un site sur l'art contemporain africain? L'idée m'est venue en discutant avec un galeriste belge dont les stocks cachent quelques toiles d'artistes africains cotés. "L'Afrique est un continent en devenir. Son économie se développe rapidement. Ses artistes sont de grande qualité et encore peu investis par les collectionneurs. Pourtant ils ne sont pas chers. Mais cela ne va pas durer", me disait-il à peu près en ces termes.
Parlons d'abord "sous". Actuellement, d'après les prix communiqués par des galeries, on peut acquérir une toile de Cheri Samba entre 15 et 20 000 euros, de Hassan Musa entre 7 et 30 000 euros ou une photographie d'Okai Ojeikere entre 3 et 4000 euros. Aux enchères, un artiste reconnu peut même atteindre une somme à six chiffres. Les collectionneurs européens et américains possèdent la majorité des pièces de valeur. Mais il est fort probable que les Africains aisés rachèteront eux aussi leur patrimoine, que ce soit de l'art tribal ou des oeuvres contemporaines, comme le font actuellement les Chinois. Certains ont d'ailleurs déjà commencé.
C'est le cas par exemple de l'homme d'affaire angolais Sindika Dokolo qui, en 2005, s'offre la collection de l'allemand Hans Bogatske riche de 500 oeuvres issues de 28 pays africains. Au Bénin, le banquier Lionel Zinsou a créé à Cotonou il y a 7 ans la fondation éponyme très active culturellement. Il doit sûrement y avoir d'autres cas. On parle d'un homme d'affaire au Maroc qui chercherait à monter un centre d'art contemporain à Marrakech...
Par ailleurs, ayant vécu dans deux pays en Afrique, je peux témoigner du dynamisme de certaines structures s'attelant à valoriser la richesse créative d'un pays. Je citerais par exemple Doual'Art ou le musée national du Mali. En Europe, en constituant mon carnet d'adresses après ma conversation avec le marchand d'art belge, j'ai répertorié plusieurs galeries qui se consacrent aux artistes africains. Il y aussi les fondations dédiées à l'Afrique, comme Blachère en France ou Pigozzi en Suisse, toutes deux issues de collections privées.
"Paris, Bruxelles, Londres, Lisbonne", en passant par Marrakech, Douala, Bamako, Cotonou, Abidjan, Lagos, Luanda, Johannesburg, voilà le circuit à suivre. Nous l'emprunterons régulièrement pour voir ce qu'il s'y passe.
Alors oui, pourquoi pas un site d'information sur l'art contemporain africain, ses artistes, ses experts, ses marchands, ses acheteurs, ses amateurs, son public. Un site fenêtre sur un univers encore peu connu.