...en effet on vient d'assister à la mise en pratique du cynisme politicien dont le muscadin de l'Elysée avait déjà fait preuve avec son hommage à Maurice Audin et ses déclarations sur la guerre coloniale en Algérie : jeter quelques os à ronger afin de neutraliser la meute des oppositions à l'autocratie "bienveillante" que l'on ambitionne, dans le cadre de cette Ve République qui n'est plus qu'une caricature de la démocratie.
Comme si Emmanuel Macron n'avait retenu que l'utilisation de cette parade, avec l'emploi délibéré de cette ruse, pour valider le patronage intellectuel de son ancien mentor, le philosophe-historien Paul Ricoeur !
Ainsi en nommant à l'instruction publique une personnalité emblématique en contradiction absolue avec son prédécesseur réactionnaire tout en renommant en même temps les piliers les plus conservateurs de son équipe, a-t-il estimé qu'il avait bien pesé le pour et le contre et qu'il n'aurait plus de soucis avec ce corps enseignant toujours râleur et jamais content, prêt à descendre dans les rues en portant des pancartes...
Quant aux autres, sans doute le covid les a déjà bien calmés ainsi que toutes les piqures du "quoi qu'il en coûte" ; et puis la police d'Etat ne constitue-t-elle pas un solide bouclier afin de préserver les privilèges de la France d'en haut ?
Ainsi la tache est rude pour la NUPES, dont le rôle historique me parait de plus en plus essentiel, même si elle n'arrive pas à constituer une majorité parlementaire.
Mais l'auteur du "Prince", qui sut au XVIe siècle aussi bien identifier le poison du cynisme en politique, n'a-t-il pas lui-même été jeté en prison ?
Et Macron devrait pourtant savoir que "l'homme privé de tout espoir est au-delà de la haine"*...
La tyrannie n'est pas un métier d'avenir.
* Malraux (Antimémoires)