...et si ce bouleversant poème exprime toute la détresse de la condition humaine, il n'en est pas moins un appel vers l'ébauche d'un avenir libertaire, qui serait enfin l'aboutissement du "changer la vie" d'Arthur Rimbaud et des Communeux !
"Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien
Avec le temps, va, tout s'en va...
Même les plus chouettes souvenirs ça t'as une de ces gueules
A la Galerie je farfouille dans les rayons de la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule
Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps, on n'aime plus."
Léo Ferré a raison de conclure ainsi car notre monde est devenu abject, il évolue vers sa perte sous l'impitoyable dictature de l'argent, des mensonges et de la violence, dans la perspective cavalière d'un anéantissement climatique...
Mais après avoir vécu neuf décennies au cours desquelles je n'ai cessé de me battre contre les censures, je voudrais exprimer ma gratitude à Mediapart qui me permet de respirer une information à l'air pur sur mes vieux jours et remercier infiniment tous les abonnés de ce journal qui m'ont permis d'écrire "les 72 Immortelles" en m'adressant leurs documents familiaux concernant la vie quotidienne en 1871.
Par ailleurs, j'ai essayé d'être fidèle au bachelier-insurgé Jacques Vingtras...
Car le désespoir n'est toujours pas à l'ordre du jour même si l'on "se sent floué" : ... la fraternité bordel !
Avec le temps, on ne peut que s'aimer.
Nb/ "Repassionnons la vie, refondons les moeurs et l'entendement, il faut tendre à la plus grande liberté dans le domaine de l'esprit comme dans le domaine social, imaginer une civilisation du désir souverain et y reconnaître la même nécessité de la révolte et de la poésie" (Charles Fourier)
Jean A.Chérasse