Trente ans après la disparition de l'un des acteurs comiques le plus populaire, il ne me semble pas inopportun de lui trouver un successeur tant le rire est une denrée si précieuse par les temps qui courent...
Au risque de me répéter, car j'ai eu jadis le privilège de réaliser mon premier film avec de Funès*, je vais me risquer à faire une proposition.
Il est d'origine belge, il a été formé à l'INSAS de Bruxelles, il est depuis le 1er seprembre 2008 pensionnaire à la Comédie française où il a fait un triomphe dans "Le fil à la patte" de Georges Feydeau, mise en scène de Jérôme Deschamps. Il n'a pas encore la cinquantaine. Il s'appelle Christian Hecq.
L'ayant vu dans le rôle de Bouzin , l'une des féroces caricatures imaginées par Feydeau, j'ai immédiatement pensé à Louis de Funès tant leurs mimiques sont semblables ainsi que leurs rythmiques.
A un moment où les bonnes comédies sont cruellement absentes du cinéma français**, je m'étonne qu'aucun réalisateur ou qu'aucune cinéaste ayant la vis comica n'aient eu l'idée de faire appel à ce talent exceptionnel.
Bien sûr, il ne s'agit ni d'un comique trivial ni d'un pourvoyeur de grimaces. Mais avant tout, d'une gestuelle dont la drôlerie nait du décalage entre l'action et le texte. Les meilleures trouvailles de Louis de Funès étaient des mimiques avec, cerise sur le gâteau, l'apport d'une chorégraphie désopilante comme dans "Rabbi Jacob".
A l'instar de son compatriote Benoit Poolvoerde, Christian Hecq est doté de ce grin de folie qui rend irresistible l'effet comique.
Contre le conformisme, la bêtise, l'égoïsme, le racisme, le cynisme : un rire libérateur !
* avec Francis Blanche et Olivier Hussenot, dans "La vendetta", une comédie pataphysique réalisée en 1961
** c'est du moins le constat que je fait après mon visionnage de la production française 2012 en vue de la compétition pour les Césars