... C'est ce qu'a écrit le philosophe Marcel Hénaff, dans un grand article intitulé "l'Europe, une genèse paradoxale", publié en décembre dernier par la revue "Esprit". Or, cette réflexion du XXIe siècle rejoint curieusement le débat des idées agitées par les Communeux de 1871, et en particulier le discours exposé par Arthur Arnould, dans son livre "l'Etat et la révolution".
Effectivement, n'importe qui peut constater (et déplorer) que l'économie et ses règles d'échange de biens codifiées par les traités européens, sont incapables aujourd'hui de pouvoir assurer les bases du lien social et de l'identité culturelle sans lesquelles aucune union ou réunion ne sont envisageables.
Comme l'avaient parfaitement compris les membres de "la belle équipe" communaliste de l'Hôtel-de-Ville de Paris, il faut intervenir d'abord au niveau des sensibilités et des comportements si l'on veut véritablement abroger l'iniquité du monde ancien et espérer "changer la vie". C'est à dire qu'il est indispensable de créer un nouvel ordre politique. C'est ainsi que la gouvernance communale, après avoir adopté l'acratie comme principe fondamental, a été répartie en dix Commissions autonomes cumulant les pouvoirs législatif et exécutif.
Cette philosophie politique qui a fait ses preuves pendant 72 journées pour l'administration d'une ville de deux millions d'habitants, pourrait inspirer ce new deal européen que bon nombre de citoyens appellent de leurs voeux : une souveraineté distribuée entre Etats existants afin de faire émerger un Etat transnational à structure fédérale pilotée par une assemblée d'égaux, comme l'avaient déjà inventée les communautés européennes depuis plusieurs siècles...
A la place de cette Europe rabougrie de Bruxelles, tenue en laisse par les oligarchies économiques et financières sous influence américaine, créer enfin un grand espace civique de liberté et de fraternité.
L'Europe des peuples.