Vivre est un village (avatar)

Vivre est un village

Consultant en système d'information honoraire

Abonné·e de Mediapart

886 Billets

7 Éditions

Billet de blog 6 novembre 2012

Vivre est un village (avatar)

Vivre est un village

Consultant en système d'information honoraire

Abonné·e de Mediapart

Crimes, criminalité et criminesl financiers, une nécessaire mise en perspective historique...

Vivre est un village (avatar)

Vivre est un village

Consultant en système d'information honoraire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La dimension criminelle de la crise des subprimes ne se comprend que replacé dans l'histoire récente du capitalisme financiarisé aux États-Unis. Cette crise a en effet un précédent dans les années 1980, avec la faillite des caisses d'épargne, les Saving and Loans (S&L). Peu d'analyses l'ont mis en relief jusqu'à présent. De même  que l'on réinterprète aujourd'hui les deux grands conflits mondiaux du XXème siècle - la première et la Seconde Guerre mondiale - comme un seul et même conflit entrecoupé par une période de paix mal gérée, on peut probablement envisager ici un raisonnement identique. La crise des subpirmes ne serait ainsi que la deuxième vague de dysfonctionnements financiers et criminels non réglés en profondeur après la crise des caisses d'épargne.

Ainsi replacée dans son contexte historique, la crise des subprimes puise ses racines dans les années 1980. Ce qui nous semblait étrange et nouveau devient de la sorte plus intelligible.Comme souvent, nombre d'analystes ont tenu pour inédit ce qu'ils avaient simplement oublié; Car en matière financière, l'oubli joue un rôle crucial. Dans son bref et limpide ouvrage daté de 1990, A Short History of Financial Euphoria, l'économiste John Kenneth Galbraith s'interroge sur les causes des phases d'euphorie financière qui conduisent ensuite à de retentissantes crises. L'un des facteurs qu'il met en exergue est cette extraordinaire faculté qu'ont les individus à oublier le passé même proche : "le premier facteur est l'extrême brièveté de la mémoire financière. En conséquence, tout désastre financier est rapidement oublié. la conséquence suivante, quand les circonstances similaires ou proches surviennent à nouveau, parfois seulement après quelques années, elles sont saluées par une génération nouvelle, jeune et toujours su suprêmement pleine d'assurance comme une découverte brillamment novatrice dans le onde financier et pus largement économique. Il y a peu de champs d'effort humain dans lesquels l'histoire compte compte si peu comme dans celui du monde de la finance. L’expérience passée, te un élément de la mémoire, est écartée et considérée comme le refuge de ceux qui n'ont pas la perspicacité pour apprécier les miracles incroyables du présent."

Oublieux par intérêt, le monde de la finance se condamne aussi régulièrement à répéter encore et toujours les mêmes erreurs. Les vérités oubliées du passé ne ressurgissent qu'après le désastre, quand survient la crise financière. D'où le fameux proverbe : " Le génie financier, c'est avant la chute." Voilà qui explique pourquoi le monde de la finance réinvente sans cesse la roue et laisse la cupidité, parfois d'origine criminelle, le plonger à échéance régulières dans les catastrophes.

Or nul ne peut ignorer l'histoire ainsi que l'a si bien écrit Shakespeare dans La tempête (Acte II, scène 1) : "What's past is prologue."

Source : Jean-François Gayraud La Grande Fraude. Crime, subprimes et crises financières pages 23-24 Édition Odile Jacob, Avril 2011 ISBN : 978-2-7381-2627-6

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.