LINDEN BLOSSOM : A NEW TINTIN IS BORN
- 8 avr. 2021
- Par Vivre est un village
- Blog : Le blog de Vivre est un village
A NEW TINTIN IS BORN
Ou
ON STREAMING : LIFE’S CHRYSOPEA
Alors que le doux twitt twitt du loriot et de la mésange musiquait
« Moderato Cantabile » les sons différentiels d’une proximité heureuse
chère à Montaigne, un cochevis gonflé de la huppe se dressa du haut de
son perchoir plasmique :
« Eurêka ! Je vous annonce enfin la naissance de mon dernier né,
Al algorithme ! Dressez oreille ! Il prouve que la réalité n’est qu’une
simulation ! »
Mais alors, comme l’avait fusé certain esprit frappeur, j’aurai payé ma
moquette trop cher !
Relayé par le pizzaloio du coin : « Encore un coup d’esbroufe ! Fired ! »
En attelage avec l’éboueur du quartier :
« C’est quoi ce « New Tintin » gonflé à l’hélium ?
Tandis qu’un vieux grigou de ricaner :
« Tiens ! Un petit rigolo qui se prend pour Superman !
Çà fait belle lurette que les vieilles sagesses nous ont parlé de Maya !
Bien avant Salomé Shiva dansait de ses mille bras !
Tout çà c’est des paillettes ! Escharboteries en goguette ! »
C’est alors que la pharmacienne une méduse sous perf d’adrénaline
emperlousée de ses quintuples fanons grisolla :
« Mais de quelle réalité est-il question là ? Celle qui synthétise les sels
biliaires ou bien celle qui s’improvise en tireuse de cartes ?»
« T’inquiète, nasillarda un toqué de BD, cet algorithme perché sur les
échasses d’un Ego surdimensionné fondra bientôt au soleil de la VRAIE
Réalité qui est Immatérielle !
Elle aura tôt fait d’arracher le sparadrap de cette simulation d’opérette
comme Tintin lors du vol 714 pour Sydney ».
Et le vent emportant sur ses ailes le mystère de l’Inéclosion
De souffler sur la rose d’une Infante improbable
Pour la retourner vers sa déclosion…
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« Elle est toute petite. Une duègne la garde.
Elle tient à la main une rose et regarde ».
D’emblée, le « Elle » informe de la présence d’un observateur :
Ici on est en mode ternaire.
Quoi ? Que regarde-t-elle ? Elle ne sait pas :
L’eau. Le clair bassin, les frondaisons… »
C’est clair : elle s’abandonne et se laisse porter.
Un lâcher-prise. En écoute flottante. Elle est bois flotté.
« Open off limits », à inconscient ouvert entre les froissements soyeux
de sa robe .
Et vogue la nave, elle s’absente à elle même,
Une pause où elle s’écoute, sorte d’exil consenti.
Une lente dérive où elle s’absorbe dans les chatoyants reflets de la
douceur de vivre.
Bientôt, elle sera chacun d’eux et tous à la fois…
« Le bercement des flots sous la chanson des branches » :
Ses hémisphères s’amusent et dansent sur les vagues des ondes
alpha…
Est-ce une rêverie cet « andantino » courbé sur les immatérialités fluides
d’un « Perdendosi » vers l’ombilic des limbes ?...
« Ce qu’elle a devant elle : Un parc, de clairs viviers où les biches vont
boire »
La succession spatiale va creuser plus profond et s’élever sur un autre
plan pour croiser une verticalité :
« On voit un palais comme au fond d’une gloire
Et les paons étoilés sous les bois chevelus… »
Chaque fragment de réalité couronne de sa constellation lumineuse la
grandeur de sa royale naissance :
Chacun de ses gestes appose une étoile sur le tableau :
« Si bien que l’œil hésite et qu’on ne sait
comment distinguer de la fleur ce bel enfant qui joue,
Et si l’on voit la rose et si l’on voit la joue »
Ici on franchit un autre plan de conscience : elle frémit et l’image se
brouille.
L’esprit de l’air et l’esprit des eaux sont ici indifférenciés comme ils sont
au début de la Genèse quand le souffle de Dieu flotte encore sur les
ténèbres de l’abîme.
On est dans les jardins d’Anaxagore : où demain sera toujours comme
aujourd’hui. C’est le paradis… Celui des enfants qui, comme le dit le
Prince Mishkine « Ne comprennent pas tout mais ils sentent ».
L’Infante expérimente la contemplation, celle qui initie la méditation
transcendantale avec l’innocence de l’enfance, où tout est perçu sans
filtre :
« Tous ces objets font partie de vous. Ils vous appartiennent.
Ne les regardez pas. Ne les toucher pas.
Vous êtes un Dieu, rappelle L. Visconti au Prince de Lampédusa. »
L’intervalle entre l’observateur et l’objet observé est nul !
Petit clin d’œil visionnaire à Marx :
« Toute la science serait superflue si l’apparence et l’essence des
choses coïncidait directement ! »
Aucune distance. Sans drogues ni mascara !
En miroir avec Virginia Woolf :
« Ni tasse, ni nappe « etc etc…
C’est là où dans l’alchimie de cette transmodulation entre fréquences et
espace temps
Conduisant à la transsubstantiation surgit le paradoxe :
Le Prince promène toujours un regard d’ailleurs…
Lourd d’un désir d’infini…
Et l’Infante, même si son jeune âge teint sa posture de quelque chose
d’évanescent, son être tout entier est parfumé de l’aura « d’une
incarnation d’âme désincarnée » :
« Elle a cinq ans. Elle est l’Infante. Elle dédaigne.
Son regard royal dit : « C’est à moi ! »
Son destin est tracé : elle sera Reine !
Elle le croit. Mais…
Elle ne sait pas :
Que c’est la Puissance de l’Énergie cosmique qui gouverne en haut lieu !
Et le vent qui lui arrache « sa » rose va le lui apprendre.
La duègne le lui rappelle :
« Madame ! Tout sur Terre appartient aux Princes, hors le vent ».
En écho aux résonnances des poètes, aux fulgurations des mystiques
En terme plus « branché » : elle scrall. Ou plutôt elle laisse les choses
scraller…
Sauf que l’écran est la Nature ! « Full Spectrum »
Et çà change tout.
La Nature c’est la Vie : et la Vie c’est le réel.
Sauf que là, il y a un petit rigolo qui brandit son IL algorithme en vous
assénant que ce réel c’est du pipo !
Oui mais un réel malin ! Qui joue avec le trouble. Qui diabolise des
murmures de fantômes et plisse et déplisse le voile d’Isis…
Linden BLOSSOM
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