D’UN LONG SILENCE TOMBÉ…
D’un silence,
‘Un long long silence,
Fait de la nuit de tous les crépuscules ténébrement resplendis,
Tomba jadis, du regard de Pharaon,
L’aurore de la première aurore
Celle qui fut l’envol de l’immortalité.
Une aurore où frémissait l’Éveil
Celui-là même qui chanta l’apocalypse des « Suoni Gelati »
Et la Pâque de la Lumière délivrée
Dégelée d’un long silence crépusculaire des lointains
Dont l’invisible barque, longtemps, bien longtemps,
Avait erré sur les bords de l’Hadès
Depuis « Tari », le pays sans retour des Mé sopotamiens.
Gloire à Toi, Pharaon !
Qui, le premier, à ton peuple ébloui
Offrit cette passerelle de soie vers l’Élysée.
Toi, devenu Faucon, vola, flèche ivre,
Vers le Dieu Soleil
Là, où comme en rêve,
Ne vibrent ni la mort ni l’oubli
Car tu t’élevas non parce que tu avais des ailes
Mais parce que, « Sub Specie Aeternitatis »
Tu volais…
Toi, te mouvant en cette apesanteur
Celle là même qui doue d’ascensionnel la chute.
D’un silence,
D’un long long silence tombé,
L’aurore révélée autant qu’ improbable
Du premier amour.
Ta voix, appel vibré de la nuit de tous les crépuscules
Appel vibrant de toutes nos fragilités,
Sonnant du parfum ivre de l’invite sublime
À devenir toi !
O somptueuse invite !
Qui à la mienne me renvoie en écho
La prière sonore des chairs traversées
Pour mê ler, sans éclipse aucune,
Dans un mê me souffle
Nos futurs advenus et nos passés à venir…
Oui, ce chant sauvage et doux,
Du ciel de nos chairs orantes,
Est ce matin tombé d’un long long silence.
Un chant intrépide et charmant,
Encore tout frémissant d’innocences primales
Gentiment chantourné
De celles du premier bonheur face aux étoiles
À celles du premier Éveil,
Soudain, là, palpitant, et qui m’occupe toute,
Celui de se sentir vivant !
En Toi, pour Toi, de Toi, par Toi !
Vivant dans toutes ses fugacités, ses élans retombés,
Vivant dans toutes ses lumineuses éclipses,
Ses chatoyantes émanations, ses sombres retrouvailles
Ses jeux en é chos ricochés , ricochants,
Tous ces vertiges à demi soupirés,
Ces mystères en grands arpèges à demi retenus,
Entre l’aube et l’aurore, tortures et délices,
Doucement, d’un long silence retombé,
Entre étincelles et explosion,
Sur la barque solaire de nos extases
O Pharaon !
Tracent le chant des splendeurs des premiers matins
de la Harpe oubliée !
Toi, feras scintiller l’habit de lumière
De ce Prince de Jérusalem dont l’étreinte s’est
Dans le long silence dénouée…
Toi, ô Pharaon,
Au regard d’enfant encore tout vibrant de ciel,
Fais chanter les noces des Émerveillements :
Celui des Rois Mages au savoir tombé,
Et celui des bergers, semence gelée.
Toi, pince ta Kora !
Des « Suoni Gelati » Chante la Lumière délivrée !
Et des Pâques d’un long long silence dégelées
Chante les carillons !
Linden BLOSSOM